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Fatou et Linda, têtes-pensantes de l’African leadership University

Elles ont l'air de lycéennes normales. Mais Fatoumata Fall et Linda Rebeiz n'ont pas suivi le cursus classique. A 16…

Elles ont l’air de lycéennes normales. Mais Fatoumata Fall et Linda Rebeiz n’ont pas suivi le cursus classique. A 16 ans, elles font une rupture dans leur parcours académique. Et s’en vont grâce à  une bourse, étudier à  l’African Leadership Academy à  Johannesburg. Là , les deux jeunes filles apprennent l’anglais, l’histoire de l’Afrique, ré-inversent leurs cours, feront des maths appliquées et du génie urbain (Fatou à  Harvard et Linda à  Duke University) et deviendront des entrepreneurs dans l’âme. Comme le dira Fatou : « ce qui m’intéresse, C’’est de voir comment la jeunesse s’en sort sans tout attendre de l’aide d’en haut. Autrement dit, comment devenir un vrai leader en Afrique ». Rencontre avec deux jeunes dames en avance sur leur temps. Journaldumali.com : Fatou, raconte-nous ton parcours académique ? Fatou Fall : J’ai étudié au Sénégal, jusqu’ à  l’âge de quinze ans pour faire un bac en sciences. Mais en 2008, je suis allée à  l’African Leadership Academy en Afrique du Sud pendant deux ans. Là  bas, J’ai reçu une formation en entrepreneuriat, leadership et études sur l’Afrique. En 2010, J’ai été reçu à  l’université de Harvard o๠J’ai étudié les Mathématiques appliquées pendant quatre ans. Aujourd’hui avec Linda, je suis revenue au Sénégal et nous travaillons sur un nouveau projet de chaà®nes d’universités africaines consacrées au leadership. Journaldumali.com : Comment cette expérience à  l’African Leadership Academy a-t-elle changé ta vie ? Fatou Fall : Depuis que je suis adolescente, je me suis toujours intéressée à  ma communauté et aux problèmes qui nous environnent, particulièrement au genre. Mais jusque là , je n’avais jamais vécu une expérience africaine. A l’académie, nous étions plus de 30 nationalités à  vivre sur un campus, des jeunes de mon âge, aussi ambitieux et persévérants que moi, et vivre cette expérience, projette l’Afrique dans un contexte plus positif et qu’on entend pas souvent en grandissant et désormais, je me vois vivre ici en Afrique et tout faire pour participer au changement. Journaldumali.com : Justement, es-tu optimiste sur cette future Afrique, on parle beaucoup d’émergence économique, d’ici les 20 prochaines années ? Fatou Fall : Vingt ans, C’’est beaucoup trop loin. Aujourd’hui, il y a des changements partout. Selon les régions en Afrique. Mais ce qui m’intéresse, C’’est de voir comment une grande partie de ce changement ne vient plus du top, de l’administration, de l’état, mais plutôt des jeunes comme moi, des mouvements sociaux, des femmes qui se mobilisent pour impacter durablement sur leurs sociétés. Journaldumali.com : Alors Linda, toi tu es sénégalo-libanaise et apparemment, tu n’arrives plus à  trop parler français, après l’Afrique du Sud ? Quels cours avez-vous suivi là  bas ? Linda Rebeiz : Effectivement, après deux ans à  l’Académie Africaine de Leadership, je crois que l’anglais effectivement a pris le dessus sur mon français ( rires). Pour en revenir aux cours que nous suivions là  bas, on avait deux programmes en parallèle. Le premier concerne entrepreneuriat, études sur l’Afrique et leadership et le deuxième, ce sont les études normales ou le bac en anglais. Les cours nous ont surtout appris à  matérialiser une idée, comment créer son entreprise et dès la première année, les élèves créent leur propre business et lors de la deuxième année, ils sortent leur entreprise du cadre de l’école pour le faire évoluer dans leur propre pays. Ensuite, le cours sur les études africaines nous apprend à  penser l’histoire de l’Afrique de manière critique, des civilisations antiques à  l’histoire contemporaine, comment l’évolution de l’histoire affecte la manière dont on se développe. On choisit aussi cinq matières o๠l’on a vraiment envie de se focaliser. J’avais personnellement opté pour les maths, la psychologie, la biologie, l’histoire entre autres. Journaldumali.com : Fatou et toi planchez sur ce réseau d’Universités africaines du leadership qui vise à  s’implanter dans toute l’Afrique, y compris anglophone Linda Rebeiz : « African Leadership Unleashed », c’est la suite logique de l’African Leadership Academy. C’est la version universitaire de ALA. On apporte une vraie différence en matière de savoir aux étudiants. On a un module qui s’appelle « Flip Classrooms », ce qui veut dire littéralement, retourner la classe. C’est à  dire que les élèves ne viennent plus en classe pour apprendre mais simplement pour faire les exercices, établir des discussions critiques. Le cours, ils l’apprennent à  leur propre rythme à  la maison. On leur donne donc tout le soutien technologique pour pouvoir intégrer le cours et ensuite en faire une application directe. On a quatre modules. Le premier « Data and décisions »,comment appliquer les maths pour la résolution de problèmes concrets. Le deuxième c’est « Professionnal communication », comment écrire un CV, un rapport, faire une présentation, se mettre en valeur. Le troisième Modules, c’est »Projets ». Tous les élèves sont sponsorisés par de grandes multinationales, qui leur donnent des sujets à  trouver, des idées à  développer. Le quatrième Module est autour du leadership entrepreneurial. Comment allez-vous sélectionner les étudiants ? Linda Rebeiz : L’application est complètement en ligne. Ils iront s’inscrire sur un site et auront un test en ligne, en plus de leurs notes et recommandations des professeurs. Après la première sélection, ils auront un cours en ligne à  faire, suivi d’un deuxième test d’aptitude, de leadership et d’entrepreneuriat. La chose la plus intéressante de l’application, c’est qu’ils seront appelés à  collaborer avec d’autres candidats d’autres pays. Journaldumali.Com : dernière question, o๠vous voyez vous dans 20 ans ? Linda Rebeiz : Wouaw, vous savez, il y a tellement d’options. Mais après ce projet, je pense que je vais me focaliser sur la science des données, je serai certainement quelque part à  faire des recherches sur la manière dont les choses évoluent, notamment dans le domaine de l’éducation. Fatou Fall : Pour moi, ce sont davantage les capacités qui comptent, notamment les capacités à  créer des institutions solides et c’est cela qui m’anime. Je me vois bien dans la politique, à  imaginer les nouvelles politiques à  mettre en œuvre pour consolider nos institutions et les moderniser. Dans 20 ans, je vois qu’on aura déjà  dépassé le cadre du leadership individuel à  l’assemblée nationale mais nous verrons plutôt les choses en termes des politiques qui s’y votent. Je pense que je resterai dans le domaine de l’environnement du business et parmi les pionniers de ceux qui construisent ces institutions fortes pour l’Afrique