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Faut-il négocier avec Iyag ag Ghali?

Les accords du 15 mai et du 20 juin 2015 montrent leurs limites. Le processus de cantonnement se heurte à …

Les accords du 15 mai et du 20 juin 2015 montrent leurs limites. Le processus de cantonnement se heurte à  des difficultés logistiques, voire, par endroits, à  un déficit de bonne foi. Il ne parvient surtout pas à  enrayer l’insécurité. Ainsi, du 20 juin à  nos jours, une centaine d’incidents violents furent enregistrés tant au nord qu’au sud du Mali avec, à  la clé, 400 morts. Tout et tous sont pris pour cible par les « jihadistes » conduits par AQMI et sa tête de pont malienne : Iyad Ag Ghali. Depuis janvier 2013, le chef islamiste d’Ançardine, mis en déroute par l’opération Serval, hante les confins du désert algéro-malien. Exclu des négociations en raison de son appartenance à  la nébuleuse « jihadiste », il reste le seul chef rebelle recherché par la justice malienne qui a levé les mandats d’arrêt lancés contre ses anciens amis de la CMA. Pourtant, au nez et à  la barbe des forces maliennes et étrangères, Iyad fait prospérer ses sombres affaires militaires. Après avoir intégré dans son mouvement trois katibas d’AQMI, il a fondé le Front de Libération du Macina, qui sévit au centre du Mali, et la katiba Kalid ibn Walid, qui opère à  la frontière ivoiro-malienne. Iyad ne se contente plus de frapper les convois et garnisons maliens et onusiens; il vient de tuer 7 combattants de la CMA à  laquelle il reproche d’avoir trahi la cause commune en signant des accords avec le Mali. Il serait d’ailleurs imprudent d’exciper de cette dernière agression pour conclure qu’Iyad n’a plus de liens avec la CMA. A preuve, Cheick Ag Haoussa, chef militaire du HCUA, la principale composante de la CMA, n’est autre que le cousin et l’ex-numéro 2 d’Ançardine. En définitive, le processus de paix est entravé par Iyad et Iyad seul. Doit-on, dès lors, continuer de refuser tout dialogue avec lui ? A notre sens, le principe de réalité doit prévaloir sur tous les autres et l’intérêt de la paix commande de discuter avec l’ennemi, quel qu’il soit. Après tout, la France de De Gaulle n’a-t-elle pas signé les Accords d’Evian avec le FLN algérien qu’elle qualifiait de « groupe terroriste » ?