IdéesÉditos, Idées




Faut-il négocier avec les rebelles ?

" Il n'y a presque rien dans le nord, il faut faire des kilomètres pour trouver un dispensaire. L'école, c'est…

 » Il n’y a presque rien dans le nord, il faut faire des kilomètres pour trouver un dispensaire. L’école, c’est pareil ». Cette citation d’un rebelle du MNLA montre à  quel point les choses auraient pu se passer différemment au Nord du Mali. Alors que le gouvernement lançait il y a quelques mois, le PSPSDN, un programme de développement du Nord et qu’ATT espérait sans doute finir son mandat dans la quiétude, les cendres de la rébellion touarègue se sont mises à  rougeoyer de nouveau dans le nord du pays, étouffant toute initiative visant à  promouvoir la paix, la sécurité et le développement pour les ressortissants du Nord. l’autodétermination, voilà  ce que réclament plusieurs figures de la rébellion actuelle; Colonels d’armée déserteurs, ex-officiers de l’administration malienne, touarègues d’origine, ils ont choisi de rejoindre les rangs du MNLA. « Donnez nous l’indépendance et vous verrez : ce sera la fin d’Aqmi, des enlèvements d’Occidentaux et du trafic de drogue », déclarait Mohamed Ag Aghaly à  l’hebdomaire Jeune Afrique, tout en soulignant les différences entre les peuples du Nord et du Sud. « Cela montre bien que leurs revendications sont irrecevables, comment peut-on promettre cela, alors qu’il s’agit de développement et non de trafic, ceux qui parlent ainsi sont tout juste condamnables », réplique un membre de l’administration d’état. Mais les arguments avancés par le MNLA vont plus loin : « Parce que depuis 1957, c’est la même chose. à€ l’époque déjà , les Touaregs avaient dit aux Français [les colonisateurs, NDLR] qu’ils ne voulaient pas être intégrés à  la république malienne. Et depuis trente ans, on discute avec le gouvernement, on signe des accords, mais ils restent sans effet. Nous avons voulu être avec Bamako, mais Bamako n’a jamais voulu de nous ». A Bamako, pourtant, côté protocole de la république, on grince des dents. La visite d’Alain Juppé à  Bamako, le 26 février est même venue relancer l’idée du dialogue avec les rebelles, de la négotiation, pour trouver une issue de sortie de crise. Le noman’sland du Nord Bamako a-t-il jamais voulu du Nord ? C’’est en tout cas l’idée que tentent de faire circuler les rebelles pour justifier leurs revendications séparatistes. Dans la réalité, Bamako a souvent négocié avec les rebelles. Peut être un peu trop. Les accords de Tamanrasset en 1991, le Pacte National en 1992, et les Accords d’Alger signés en Juillet 2006 après la rébellion du 23 Mai, avaient laissé entrevoir une volonté d’unité nationale basée sur l’entente, la compréhension mais aussi les questions de sécurité et développement. Approuvé par le gouvernement et le Mouvement démocratique du 23 mais, ces accords prévoyaient plusieurs axes de développement des régions du Nord Mali. A travers la tenue du Forum de Kidal sur la sécurité et le développement et la création d’un fonds spécial d’investissement pour mettre en œuvre un programme de développement économique, social et culturel au Nord. Depuis lors, plusieurs programmes ont été mis en place, une structure l’Agence de Développement du Nord (ADN), et dernièrement le Programme Spécial de Paix et de sécurité pour le développement du Nord Mali(PSPSDN)pour piloter plusieurs projets autour de l’élevage, l’hydraulique, le transport, la communication, la santé, l’éducation, la culture, l’artisanat et l’exploitation des ressources naturelles etC’… Aujourd’hui à  parcourir, le Nord, on est étonné de l’état d’abandon de cette vaste contrée. N’eut été certains forums, festivals et évènements ponctuels, il faut avouer que les villes du Nord Mali laissent perplexes si on les compare à  Mopti, Gao ou même Ségou, d’autres poumons économiques du Mali. Au-delà  des vœux du MNLA, se sont ajoutés au fil des ans, divers trafics et contrebandes dans la zone et qui on étouffé les efforts de développement socio-économique. l’affaire du Boieng de Tarkint à  Gao a défrayé la chronique dans les médias maliens et les enlèvements d’occidentaux, soulevé la question sécuritaire au Nord Mali avec la présence marquée d’AQMI dans la zone…: « Le Nord en quelques années est devenu ce nomans’land sans fin o๠chacun fait ce qu’il veut», affirme Alcoye, propriétaire d’un d’hotel à  Tombouctou. Pour le ministre des Affaires Etrangères,Soumeylou Boubèye Maiga, la réalité physique des régions nord du Mali font que ce vaste territoire qui constitue plus de 60% du territoire national, est habité par moins de 10% de la population, ce qui pose un problème de gouvernance à  l’état malien, mais concernant l’intégrité territoriale, elle n’est surement pas négociable ! Faut-il dialoguer avec les rebelles? «Les populations du nord et du sud du Mali sont trop différentes pour composer un état ensemble comme le Mali et le Sénégal n’étaient pas faits pour être un seul pays », affirme encore ce membre du MNLA . Son propos est vivement contredit par les partisans de l’unité du Mali. « D’abord, ils ne sont qu’une faction à  vouloir cette indépendance, ceux qui viennent de l’Adrar des Ifoghas… », explique un éditorialiste malien. « Deuxièmement, le consensus n’existe pas parmi les Tamasheqs sur la question. Ni les sonrhaà¯s, ni les peuls, ni les bambaras et même certains touaregs qui vivent dans cette région du Mali, ne se reconnaissent dans l’idée de scission ». l’Azawad serait donc cet état imaginaire aux frontières floues que souhaite diriger une faction de rebelles. Qui donc ? Ag Najem, l’homme qui aurait orchestré les attaques violentes d’Aguelhock ou le colonel tamasheq qui s’est réfugié au Burkina ? l’idée même est irrecevable au Quai d’orsay qui réfute toute implication de la France dans la rébellion actuelle. « Je ne comprends pas très bien ce procès d’intention fait à  la France, affirmait Alain Juppé de passage à  Bamako. Reste qu’on reproche à  la France, de donner la voix aux rebelles et l’accès aux médias pour distiller leurs revendications, s’insurge un Bamakois sur les ondes d’une radio célèbre. « Il n’y a pas à  dialoguer avec les rebelles, ils ne sont qu’une infime minorité des peuples touaregs et l’option du dialogue n’a que trop duré, il faut à  présent employer l’option militaire et mater cette rébellion une bonne fois pour toutes ! », affirme cet autre auditeur.  » Le fait même de recevoir les mercenaires revenus de Libye, ne constitue t-il pas une gestion catastrophique de la problématique du Nord ?, s’interroge une enseignante. Pis, la campagne de mésinformation orchestrée de part et d’autre n’aide pas la résolution de cette crise. Les rebelles pointent du doigt l’armée comme des barbares ayant tué des civils dans les villes du Nord. Aguelhok a pourtant tristement illustré le massacre de plusieurs soldats maliens. Si le dialogue a prévalu un temps, l’option militaire est de plus en plus prônée par les citoyens, hommes politiques et membres de la société civile. Donner la voix aux rebelles ne constituerait-il pas une acceptation implicite de leurs doléances ? Certains vont jusqu’à  dénoncer la position ambigue de la France dans cette affaire. Mais pour Soumeylou Boubèye Maiga, ancien chef de la sécurité d’état, il faut bien comprendre les enjeux du Nord du pays. S’il n’est pas question de négocier l’intégrité territoriale du Mali, il faut arrêter de parler de Nord Mali, mais plutôt mentionner les régions nord du Mali.