Festival sur le Niger : quand Ségou tend la main à Tombouctou…

La terre rouge de Ségou, ses 4444 balanzans, ses potières au bord du fleuve et ses nuits endiablées, faisaient rêver…

La terre rouge de Ségou, ses 4444 balanzans, ses potières au bord du fleuve et ses nuits endiablées, faisaient rêver les festivaliers qui attendaient impatiemment le mois de février pour revivre la grande fête de Ségou. Chaque année, Mamou Daffé et son équipe accueille près de 20 000 aficionados, d’Europe ou d’ailleurs, pour s’enthousiasmer au son des rythmiques locales, du Nyaga du festival ou des concerts grandioses de la grande scène Da Monzon sur les berges du fleuve Djoliba… Cette année, la crise risque de ternir la fête. Ségou, la capitale de royaume bambara, Ségou la terre des Diarra, des Coulibaly, rois fondateurs de la vieille cité impériale est à  mi chemin entre Bamako, à  260km et Mopti à  800km, base de l‘armée malienne. Dans ses environs, ces derniers mois, notamment vers Diabaly et autres localités, de nombreux djihadistes en route pour le nord ont été signalés. Un incident regrettable a eu lieu à  Diabaly, lorsque 16 prédicateurs de la secte Dawa, ont été tués dans une bavure policière par les forces de l‘ordre maliennes. Autant dire que la région n’est plus un endroit sûr depuis que les islamistes ont pris le contrôle du nord Mali et que des risques d’attentats sont signalés partout, et notamment dans les grands rassemblements de foule. Pour les festivaliers européens, le rendez-vous risque d’être reporté. Restera quand même les locaux et quelques journalistes curieux de sillonner la zone en marge du festival, qui cette année doit se tenir du 12 au 17 février 2013. « Moi J’irai quand même au festival, C’’est mon rendez-vous culturel de l’année, impossible de rater ça ! », témoigne Issa, habitué de la manifestation. D’autres comme Carole, n’ont aucune envie de fouler Ségou, ni de respirer sa poussière rouge : « La o๠il y a plus de 5 personnes rassemblées, je préfère éviter de m’y trouver ». On l’aura compris, l’ambiance n’est plus trop à  la fête mais à  la prudence. Tombouctou, ville à  l’honneur Comme pour tendre une main à  ce Nord Mali en proie à  l’insécurité, les organisateurs du festival sur le Niger de Ségou ont malgré tout décidé de faire un geste, en désignant Tombouctou son « Festival Au désert » qui n’aura pas lieu dans les sables agités d’Essakane o๠salafistes et fous d‘Aqmi patrouillent désormais. Un beau geste quant on sait qu’un vernissage se tiendra aussi le 12 janvier à  Ségou pour lancer l’évènement. « Quand le Nord était en fête », C’’est le titre de cette exposition, qui sera couplé avec le lancement d’un Musée dédié au Festival sur le Niger, explique Mohamed Kanouté, membre de l’équipe d’organisation. Ainsi Ségou accueillera la Caravane culturelle de Tombouctou avec une forte délégation d’artistes venus du nord, les troupes locales, les groupes tamasheq comme Tartit, des voix comme Haira Arby, Tchalé Arby, Vieux Farka Touré; Il faudra aussi compter sur de belles animations comme l’exposition sur les Instruments et rythmiques de musique Songhoi et Kel Tamasheq ( Bèla, Touareg et Maure)…En somme, les cultures du nord se mêleront aux influences mandingues et bambaras du Sud, entre Korèduga et danses de chasseurs. Un métissage culturel qui promet. Alors, malgré la crise, les menaces, tous au Festival sur le Niger de Ségou !