Fin de mandat d’ATT : la grande solitude

A l'entame de son premier mandat en 2002 et de sa brillante élection en tant qu'indépendant face à  Soumaà¯la Cissé,…

A l’entame de son premier mandat en 2002 et de sa brillante élection en tant qu’indépendant face à  Soumaà¯la Cissé, candidat de l’Adema, le président ATT jouissait fort logiquement, d’un capital sympathie important auprès d’une population qui lui était redevable d’avoir amené la démocratie au Mali en 1992. Fort du consensus à  la malienne, qui réunissait au sein du gouvernement tous les grands partis du pays, il a réussi à  museler toute forme d’opposition pendant tout le premier mandat. Mais alors qu’il a annoncé qu’il quittera le pouvoir en 2012 à  l’issue du second mandat, l’hôte de Koulouba semble abandonné par tous ses alliés, plus affairés à  affûter leurs armes dans la perspective des prochaines présidentielles. Un président sur le front sans soutiens Certes l’instant est inopportun pour faire un bilan exhaustif de la gestion des affaires publiques par le régime ATT pendant 10 ans. Mais toutefois, certains événements de ces derniers mois ont révélé la solitude d’un pouvoir qui semble livré à  lui-même, sans alliés politiques. Ainsi, le nouveau code de la famille voté par l’Assemblé Nationale en juillet 2009 a jeté dans la rue de dizaines de milliers de manifestants, à  l’appel des associations islamiques. Et ce sans que personne ne se lève pour défendre un texte voulu par le Président lui-même. Partis politiques absents, Mouvement Citoyen disparu, députés et ministres en vacances, à  commencer par le Premier d’entre eux, ATT a donc du faire marche arrière. La révision constitutionnelle en cours ne trouve pas non plus d’échos parmi la classe politique, car beaucoup ont cru pendant longtemps qu’il s’agissait d’un leurre pour tout simplement faire sauter le verrou de la limitation à  deux mandats présidentiels. En dehors de la commission Diawara, qui s’intéresse vraiment à  ce projet ? La lancinante question de l’insécurité dans le Nord du pays, avec pour corollaire l’enlèvement régulier de ressortissants occidentaux est une autre démonstration de la solitude de Koulouba. ATT est seul sur le front, à  subir les pressions de Sarkozy pour libérer l’otage Camatte, et les frondes de ses homologues algériens et mauritaniens, qui ont tout deux rappelé leur Ambassadeur suite à  la libération de leurs ressortissants islamistes. A aucun moment on a entendu la classe politique malienne ou la société civile donner de la voix pour soutenir un président malmené par l’opinion publique, qui le traite de « faible ». Et que dire des ministres ? N’était-ce pas le rôle de ceux en charge des Affaires Etrangères, de la sécurité et de la défense de monter au front ? Une fin de mandat difficile l’absence de soutien des politiques se justifie par deux raisons. Tout d’abord, l’impopularité d’ATT. Malgré les efforts accomplis dans le domaine des infrastructures, le président est comptable de la pauvreté et de la misère qui persistent dans tout le pays, faute d’emplois convenables à  offrir aux jeunes. Et la cherté de la vie ne fait rien pour arranger les choses, surtout quand la misère côtoie le luxe affiché par certains hauts cadres de l’administration ou hommes d’affaires proches du pouvoir. Ainsi, les partis ne veulent pas griller le peu de crédit qu’il leur reste auprès d’une population échaudée, en s’associant de trop près à  un pouvoir impopulaire. Seconde raison, la présidentielle de 2012 approche, et beaucoup ont compris qu’ATT ne sera pas candidat. Raison de plus pour s’en démarquer, afficher sa différence, pour apparaà®tre le moment venu comme l’espoir de tout un peuple. Au vu de tout ce qui précède, le président ATT s’achemine sans doute vers une fin de mandat difficile, avec son lot de revendications sociales, d’insécurité grandissante, et de surenchère politique à  la veille de 2012. Son mandat se terminant, nul doute qu’il ne dispose plus de la même autorité pour imposer ses vues et dominer l’échiquier politique malien. Il lui reste néanmoins quelques cartes : celle des nominations et le soutien qu’il pourrait apporter à  tel ou tel potentiel candidat à  la présidence.