Société




Foncier rural : l’épine malienne

La question du foncier rural est le principal casse-tête des acteurs du secteur. La plupart des conflits liés à cette…

La question du foncier rural est le principal casse-tête des acteurs du secteur. La plupart des conflits liés à cette question se déroulent en zone rurale et sont de plus en plus exacerbés par la raréfaction de la ressource et les spéculations des entrepreneurs privés.

Dans les zones de cultures, les producteurs cherchent chaque année à augmenter leur rendement. Cela passe en général par l’augmentation des superficies exploitées ou le défrichage de nouveaux espaces vierges. Une pratique qui est limitée par la disponibilité des ressources et qui provoque des rivalités parfois meurtrières. La propriété terrienne est encore largement régie par le droit coutumier en zone rurale et périurbaine. Rarement détenteurs de documents administratifs justifiant leur droit, les propriétaires se retrouvent démunis face aux spéculateurs qui font main basse sur les terres rurales au profit d’investisseurs venus de la ville.

Pression citadine L’autre volet du foncier rural est en effet l’arrivée « en brousse de citadins qui veulent jouer aux fermiers. On ne compte plus les familles qui se retrouvent expropriées pour que ces agriculteurs du dimanche aient leurs fermes », témoigne Bara Dembélé, cultivateur à Sanankoroba. Il suffit de s’éloigner de quelques kilomètres de la capitale pour voir la manifestation de ce phénomène. Dans la forêt classée de Tienfala, on compte ainsi « au moins une cinquantaine de titres fonciers, dûment délivrés par les agents de l’État », déplorait le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, lors du lancement de la campagne nationale de reboisement, le 6 août dernier. En mai, c’était le ministre des Domaines de l’État, des Affaires foncières et du Patrimoine, Mohamed Aly Bathily, qui citait en exemple au quotidien national l’Essor, le cas du village de Laminbambala (région de Sikasso), où «  un titre foncier a été créé sur tout le village pour le donner à une société. Le village suivant, situé à 3 km, a également été donné comme titre foncier. On leur a donné 6 mois pour libérer les lieux et s’installer à 10 km loin du goudron, sans dédommagement, ni rien ».

Un exemple parmi des milliers, comme le dénoncent chaque année les organisations paysannes qui ont fait leur cheval de bataille de la lutte contre l’accaparement des terres. « L’État lui-même se livre à cela. On se souvient des projets Malibya dans l’Office du Niger. Les grands chantiers de l’État ont toujours un impact sur le foncier rural », déplore-t-on à la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP). Les réformes en cours concernent également la sécurisation du foncier rural, richesse des paysans, et encadreront de manière plus efficace l’acquisition de ces terres destinées à la production agricole.