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Fosses communes: le ministère de la Défense reconnaît l’implication de militaires

Le 15 juin, trois fosses communes ont été découvertes dans les localités de Nantaka et Kobaka dans la région de…

Le 15 juin, trois fosses communes ont été découvertes dans les localités de Nantaka et Kobaka dans la région de Mopti. Elles contenaient des corps de 25 peuls, arrêtés deux jours plutôt par l’armée malienne dans leurs villages. Le ministère de la Défense admet les faits après une mission de vérification.

« Le 13 juin dernier, des éléments de l’armée sont venus à Mopti, avec quelques véhicules et des camions. Ils ont encerclé le village de Nantaka. Et là, ils sont rentrés dans les maisons et ont arrêté tous les hommes », raconte Abdarahmane Diallo, secrétaire général de l’association peule Tabital Pulaaku. Pour ce militant de la cause peule, toutes les personnes arrêtées ont été relâchées sauf les peuls. « Ils ont fait le tri, les non peuls, sonrhai, bella, bozo ont été relâchés et ils ont passé la nuit et le jour de la fête avec 25 peuls. Le vendredi matin, le 15 juin, les militaires les ont amenés dans une petite forêt et les ont exécutés», témoigne-t-il.

Les habitants d’un hameau proche du lieu auraient été sur le lieu après avoir entendu les coups. Trois fosses communes y ont été découvertes : la première contenait 7 corps, 13 pour la deuxième, puis 5 pour la troisième. « La liste des victimes est disponible, par ce que ce sont des gens qui sont connus, des autochtones », affirme Abdarahmane Diallo.


Ces accusations sont prises au sérieux par le département de la défense. Hier, 18 juin, un conseil de cabinet s’est tenu sur la question. Ce 19 juin une mission a été dépêchée sur place. « Nous avons envoyé une mission urgente ce matin par avion pour vérifier d’abord l’existence de ce charnier et faire des investigations nécessaires pour savoir ce qui s’est passé en réalité. Nous avons des réserves par rapport à une déclaration avant les conclusions de la mission », temporise Boubacar Diallo, chargé de communication au ministère de la Défense et des anciens combattants.


Dans la même journée du 19, un communiqué du même ministère, informe l’opinion nationale et internationale « que la mission de vérification dépêchée sur le terrain confirme l’existence des fosses communes impliquant certains personnels FAMA dans des violations graves ayant occasionné mort d’hommes à Nantaka et Kobaka dans la région de Mopti ». Le ministre a instruit au Procureur militaire d’ouvrir une enquête judiciaire.
La région de Mopti est devenue une zone où l’insécurité est permanente. Aux incursions mortelles des groupes djihadistes, hostiles à l’administration, s’ajoute l’épineux problème des milices communautaires rivales. Et depuis quelques semaines, ce sont des accusations d’exactions des forces armées  qui ne cessent de s’accumuler. « L’armée s’en prend à tout peul, que ce soit dans le Delta, dans les cercle de Koro ou à Douentza, c’est la même chose. Ce n’est pas une lutte contre le terrorisme, mais une lutte contre une communauté, c’est assez claire dans notre esprit », accuse avec conviction Abdarahmane Diallo estimant que le problème du centre, c’est l’armée malienne.
Aussi, les responsables de la communauté peule dénoncent les passerelles entre l’armée et la milice Dozo qui opère dans cette partie. « La milice gouvernementale qui se dit des chasseurs, aucun d’eux ne l’est. Ils sont armés par l’armée. Lorsqu’ils attaquent un village peul et que ces derniers répliquent, l’armée vient immédiatement et se met à abattre les peuls », déplore le secrétaire administratif de Tabital Pulaaku.