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Fourniture de carburant: la concurrence est rude

Total, Shell, Pétroyaf, Sodiés et autres sociétés pétrolières se partagent le marché de la fourniture de carburant à  Bamako. Chacune…

Total, Shell, Pétroyaf, Sodiés et autres sociétés pétrolières se partagent le marché de la fourniture de carburant à  Bamako. Chacune propose des tarifs singuliers pour amadouer les clients friands d’opportunités avantageuses. Dans ce secteur des hydrocarbures règnent des pratiques peu orthodoxes. Ce jeune directeur général en poste au Mali depuis une dizaine d’années se plaint « du laisser-aller de l’autorité qui oblige les compagnies internationales à  payer de lourdes taxes et à  respecter les mesures de sécurité sans respecter sa part de responsabilité. Nous contrôlons moins de 40 % du marché du carburant à  la pompe du fait de l’implantation anarchique de stations peu professionnelles et de revendeurs en vrac qui ne payent ni taxes ni salariés ». En effet les textes existent mais ne sont pas appliqués. Par exemple, la vente en vrac de carburant est interdite et pour exercer dans ce secteur une caution d’au moins 75 millions est exigée mais « les stations de fortune qui pullulent en ville ne versent rien et gagnent de grosses parts de marché » déplore un ingénieur de réseau d’une compagnie occidentale. Ces compagnies occidentales ont nom Total, Shell devenue Vivo Energy. Leurs prix à  la pompe sont plus chers. Un cadre de Total l’explique par « la fiabilité du produit fourni et la qualité des services dans les stations. Nous formons notre personnel qui du reste est bien payé et sommes sûrs que nos produits (carburant et huiles) protègent et revigorent les moteurs. Nous sommes impuissants devant la concurrence sauvage au Mali car comment expliquer les prix trop bas de certaines compagnies » ? A cette question, un pompiste d’une compagnie malienne répond « les camionneurs nous vendent à  vils prix leur trop-plein autrement dit le reste de leur cargaison et nous revendons par exemple le litre de gasoil à  595 francs à  côté de Star Oil qui est à  675 francs ». Boua, ancien pompiste lève le lièvre « nous trafiquions les compteurs, mélangions le carburant avec du pétrole pour faire du bénéfice. Il arrive aussi que nous récupérions le carburant des gros camions en provenance de la Guinée pour le remettre dans le circuit. C’’est un carburant nauséabond qui fatigue le moteur ». Le surplus au marché noir Kamité, conducteur de camion-citerne sur le corridor Conakry-Bamako enfonce le clou « nous livrons le carburant au Mali et le surplus de nos cargaisons est revendu sur le marché noir que tous les professionnels connaissent mais les géants du secteur n’osent pas en parler car les compagnies occidentales ont peur de s’attirer les foudres de populations trop nationalistes et les grands pétroliers nationaux font des trafics qui leur procurent des marges bénéficiaires trop importantes d’o๠la loi de l’omerta en vigueur dans le secteur pétrolier ». Cet opérateur économique qui a pignon sur rue au grand marché et récemment converti en pétrolier calme le jeu « tout ce que vous dites est réel mais les compagnies occidentales n’ont pas à  se plaindre. Elles ont les gros marchés de l’Etat, de l’aéroport, des ambassades et des mines, alors que nous nous contentons de la vente en vrac. Le peuple est fatigué et a besoin de nos prix cassés pour aller et venir. Je suis pétrolier mais je fais toujours le plein à  Oilibya, Shell ou Total pour préserver le moteur de ma voiture ». Dans cette guerre du fuel, la direction nationale du commerce et de la concurrence, le ministère des industries et l’office national des produits pétroliers refusent de s’autosaisir. En attendant un coup de fouet salvateur dans le secteur des hydrocarbures, les prix valsent au gré de la source d’approvisionnement et de la qualité des services.