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Fousseni Diawara: «Ce sera ma dernière CAN» avec le Mali

RFI : Fousseni Diawara, est-ce votre dernière Coupe d'Afrique des nations ? Fousseni Diawara : J'avais déjà  dit ça la…

RFI : Fousseni Diawara, est-ce votre dernière Coupe d’Afrique des nations ? Fousseni Diawara : J’avais déjà  dit ça la dernière fois, mais, là , je pense que ça va être ma dernière CAN. Je suis l’un des derniers rescapés de ma génération, avec Seydou Keita. Je vais sur mes 35 ans. Aujourd’hui, je ne suis plus titulaire indiscutable (au poste d’arrière droit, Ndlr). Je pense qu’il faut faire la place aux jeunes. Une nouvelle génération arrive avec de très bons éléments. Je resterai un Aigle toute ma vie. Même si J’arrête, je serai le premier supporteur de cette équipe nationale du Mali. Regrettez-vous d’avoir disputé seulement quatre Coupes d’Afrique des nations (2002, 2004, 2013 et 2015) ? J’ai eu une absence de quatre ans. J’ai loupé deux CAN. Une de plus, ça ne m’aurait pas fait de mal. Mais, à  une époque, je n’étais plus en phase avec l’entraà®neur en place, à  savoir Stephen Keshi (à  la CAN 2010, Ndlr). C’’est un très bon entraà®neur. Mais, parfois, certaines choses se passent à  l’intérieur d’un groupe et ces choses-là  ne passent pas toujours. J’étais devant ma télé pendant ces CAN. Mais je n’ai pas regretté de ne pas y être. Peut-être celle de 2012 avec Alain Giresse comme sélectionneur… J’aurais peut-être pu disputer celle-là  puisque J’évoluais à  Ajaccio, en première division, à  un très bon niveau. Je n’avais pas été appelé, mais je n’ai aucun problème par rapport à  ça. La preuve : dès qu’on a fait appel à  moi, je suis revenu sans me poser de questions. Quel regard portez-vous sur l’évolution du football malien, depuis vos débuts en 2001 ? l’équipe nationale s’est structurée à  tous les niveaux, que ce soit au niveau des équipements ou de l’encadrement qui s’est élargi. Avant, il y avait un entraà®neur et un adjoint seulement. On arrivait à  l’entraà®nement et il n’y avait pas de maillots, pas de chasubles. On avait un centre d’entraà®nement tout neuf au Mali, à  Kabala, mais il y avait juste des locaux. Il manquait à  peu près tout ce qu’il faut pour faire travailler une équipe dans de très bonnes conditions. En treize années, il y a eu beaucoup de changements. On a un équipementier et des dirigeants qui font très bien leur travail. Ils sont en phase avec l’équipe. On n’a plus de problèmes au niveau des primes – même si on n’est pas là  pour ça, je le signale ! Depuis une dizaine d’années, beaucoup de joueurs binationaux, nés en Europe, sont arrivés en équipe nationale. Y a-t-il encore un écart culturel entre les joueur nés au Mali et ceux nés en France comme vous, par exemple ? Il n’y en a pas vraiment parce qu’on est tous maliens. Au Mali, il y a beaucoup d’ethnies, beaucoup de langues différentes. Mais on forme un seul peuple. C’’est notre force. Il n’y a jamais eu de problèmes de religion ou de culture. On est vraiment en phase. Il y a des musulmans et des chrétiens et ça se passe très très bien entre eux. Certains joueurs sont nés en France et d’autres au Mali. Pourtant, il n’y a aucun problème à  ce niveau-là . Les Maliens attendent énormément de leur équipe nationale, surtout quand la situation du pays est difficile. Avez-vous parfois mal vécu toute cette pression ? Je ne dirais pas que ça a été difficile. On sait ce qu’on représente pour le Mali. Quand on joue, C’’est tout le pays qui vibre, des enfants jusqu’aux personnes plus âgées. Même dans les villages reculés, grâce à  la radio, les gens nous suivent. J’ai pu m’en apercevoir quand J’ai été dans mon village. On sait qu’on représente beaucoup et qu’on est en quelque sorte des ambassadeurs du Mali. On n’a pas de pression particulière mais on sait qu’il y a des attentes. On s’en rend compte partout o๠on va. Lorsqu’on part en stage au Gabon ou qu’on participe à  la CAN, ici, en Guinée équatoriale, on voit des Maliens. Quand je pars en vacances aux Etats-Unis, je vois des Maliens. A Paris, il y a une communauté malienne énorme. On sait que les gens sont derrière nous et ça, C’’est une motivation supplémentaire. On sait qu’on doit se battre pour tout le monde : nous, nos familles, nos supporters. On a envie que d’une chose : que les Maliens soient fiers de nous. Vous rendiez-vous compte de la responsabilité que représente le fait de jouer pour le Mali lorsque vous avez débuté avec les Aigles, vers l’âge de 21 ans ? Non, pas au début. Quand J’ai commencé avec les Aigles, je découvrais le monde professionnel en club. Très vite, J’ai été appelé en équipe nationale. J’ai pu m’en apercevoir dès le lancement de la CAN 2002 au Mali. Le stade était plein dès 15 heures, alors que le match avait lieu à  18 heures. Pendant nos trajets en bus dans Bamako, dès qu’on passait, tout le monde se levait et nous faisait signe. C’’était vraiment impressionnant. Je ne m’y attendais pas forcément. En France, C’’est vrai que les fans de football répondent présent. Mais ce n’est pas le pays entier qui vibre. Quand on joue, C’’est le pays entier qui est derrière nous. Aujourd’hui, je me suis habitué à  ça. Mais dans le discours qu’on adresse aux plus jeunes, Seydou (Keita) et moi, on leur dit que ça doit être une motivation. Il faut en avoir conscience pour aller de l’avant.