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Fragile démocratie malienne…

Le calendrier est troublant. Le retour de l'histoire effarant. A quelques jours près, un dictateur renversé, voit celui qui lui…

Le calendrier est troublant. Le retour de l’histoire effarant. A quelques jours près, un dictateur renversé, voit celui qui lui a retiré le pouvoir, à  son tour renversé ? Le général Moussa Traoré, que l’on veut pour mort, puisqu’une nouvelle rumeur a circulé, doit avoir ardemment songé à  ce 26 Mars 1991 o๠il tombait du pouvoir . Du reste, si un coup d’état, à  l’heure actuelle, n’était pas la solution pour le Mali, à  un mois des échéances électorales, le temps a fini par avoir raison d’ATT. Celui qu’on citait en exemple, comme un chantre de la démocratie en Afrique, a t-il raté son rendez-vous avec l’histoire, raté sa sortie ? Un proverbe bambara dit que la mort est préférable à  la honte, verra t-on de nouveau le général s’exprimer face au peuple malien ? Pour l’heure, le temps est à  la réflexion… Il reste évident que l’histoire retiendra ce double coup d’état à  quelques jours près, même si ces motifs en sont différents. Le premier orchestré un 26 Mars 1991, visait à  renverser un régime o๠seul comptait la voix du parti unique. Un coup d’état qui a mis fin à  20 ans de dictature militaire et qui a ouvert une nouvelle ère, celle de la démocratie pour le Mali. ATT remettait ensuite ce pouvoir à  Alpha Oumar Konaré, qui le lui rendait à  nouveau en 2002. Echange de bons procédés. Le deuxième coup d’état, aux allures d’improvisation, ce 22 Mars 2012, est né de la frustration de soldats contre un gouvernement et dans un contexte de crise au Nord. En colère contre un ordre établi, imparfait certes, les putschistes du général ont renversé d’un seul coup, tout l’ordre constitutionnel d’un peuple et mis à  sac les efforts consentis par le leaders politiques, la société civile pendant près de vingt ans. Consolidation de la démocratie, acquis du 26 Mars, pluralisme des partis politiques, liberté d’expression, liberté des médias, que n’a-t-on loué le Mali, comme un exemple dans la sous région, un modèle de stabilité avec à  sa tête, le soldat ATT, un militaire reconverti en apôtre de la démocratie. Un sage en Afrique… A côté de ses voisins ivoiriens ou guinéens, le Mali s’était aussi posté en médiateur de crises, en terre africaine, o๠les conflits n’avaient pas la voix. Mais à  force de naà¯veté, Amadou Toumani Touré a fini par tourner le dos aux problèmes de son pays. Affublé d’une cour qui le suivait partout, le soldat de la démocratie, auréolé de son aura, a fini par perdre le nord et érigé le clanisme et le griotisme en mode de gouvernance. Ses affidés y réfléchissent-ils dans leur détention au camp militaire de Kati, on dit que l’habitude est une seconde nature… Le nord justement. Un problème ancien pour le Mali, que l’ancien hôte de Koulouba, un palais aujourd’hui vulgairement dévalisé par les putschistes du 22 Mars 2012, n’a pas su prendre à  bras le corps. Coup du sort, le temps aura eu raison de sa détermination à  partir. Il est des échéances qui ne vous laissent décidément pas le choix. Un mois seulement aurait suffi. Un versant de la colline de Koulouba a vu chuter les ambitions d’une sortie élégante du pouvoir pour ATT. La descente a dit-on été de justesse. Aussi, le Mali se trouve aujourd’hui dans une confusion sans nom, privé de ses aides, des ses investisseurs, plus grave, privé d’un ordre constitutionnel, le Mali se trouve donc aux mains de putschistes qui ne mesurent pas la gravité de leurs actes et l’ampleur de la tâche, d’o๠le retour à  cet ordre constitutionnel immédiat, et par une transition, s’il le faut… Si les putschistes ne veulent pas hypothéquer l’avenir d’un pays tout entier et d’un peuple, qui a payé lourd le sacrifice pour la démocratie au Mali, ils doivent prendre conscience de l’urgence de restituer ce pouvoir au peuple, ce même peuple qui a choisi un nouveau leader au Sénégal, ce même peuple, celui du Mali, s’est levé pour dire NON à  la junte ! Si les putschistes qui avaient des revendications légitimes ne veulent pas aggraver le chaos, qui règne déjà  dans une partie du territoire, il est crucial qu’ils tiennent leurs promesses de ne pas s’éterniser au pouvoir en rendant le pouvoir aux civils dans les plus brefs délais. Oui à  l’ordre constitutionnel, Oui à  la restauration de la démocratie. Comme le Mali en a toujours fait un crédo ! Un peuple, un but, une foi.