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Francophonie à Kinshasa : le nouveau visage de la Françafrique ?

Malgré les appels au boycott, le président français, François Hollande participera finalement à  la grand-messe de la langue française qui…

Malgré les appels au boycott, le président français, François Hollande participera finalement à  la grand-messe de la langue française qui aura lieu la semaine prochaine en République Démocratique du Congo. Le chef d’Etat français y retrouvera une cinquantaine de ses homologues autour des « enjeux environnementaux et économiques face à  la gouvernance mondiale ». Mais au-delà  des questions de développement, ce sont bien des préoccupations politiques qui font couler de l’encre sur les berges du fleuve Congo. Pourquoi Hollande doit aller à  « Kin » Le nouveau président français, dont se sera le premier voyage en Afrique (avec une étape au Sénégal), ne pouvait pas ne pas se rendre à  ce sommet. D’abord parce qu’il s’agit du premier événement d’envergure sur le continent depuis son élection et qu’il a tout intérêt à  y effacer les souvenirs plutôt négatifs laissés par son prédécesseur. Ensuite, parce que C’’est une occasion rêvée pour lui de montrer qu’il traduit ses actes en paroles, encore une fois à  l’inverse de Nicolas Sarkozy, qui avait promis « la rupture dans la « Françafrique ». Ce n’est pas un hasard si M. Hollande commence son voyage africain au Sénégal. Pendant sa campagne, le candidat socialiste l’avait promis, s’il était élu, il ferait tout pour « rompre avec la Françafrique » et avec une « certaine vision paternaliste et ethnocentrée ».Il tâchera donc ce vendredi 12 octobre de tenir un discours complètement différent de celui de Sarkozy à  l’université de Dakar, qui avait suscité un tollé panafricain. Depuis l’Assemblée Nationale sénégalaise, Hollande sera suivi par tous les africains qui ont encore du mal à  percevoir sa politique pour le continent. Que ce soit dans le domaine financier (avenir du CFA), militaire (bases et interventions au Mali ou ailleurs), ou encore économique (présence des grosses multinationales), le nouvel homme fort français est attendu. Ce dernier semble prêt pour le «changement », maà®tre-mot de sa campagne présidentielle. Déjà , il a transformé le sacro-saint ministère de la coopération en ministère du Développement. La gestion des « affaires africaines » chasse gardée de l’Elysée pendant des décennies, est désormais confiée au ministère des affaires étrangères. Kinshasa, C’’est l’occasion pour François Hollande de mettre sur les rails, sa vision des relations entre la France et l’Afrique. A Kinshasa, diplomatie contre démocratie? Si Dakar va marquer un tournant politique important, dans la capitale congolaise, François Hollande y jouera à  l’équilibriste. Il s’agira de ne pas prêter flancs aux critiques des opposants à  sa présence à  ce sommet, qui y voit un appui au régime de Kabila. Déjà , bien avant de confirmer sa participation, le président français a affirmé que « les autorités de la RDC doivent démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit ». Une manière de dire que la caution démocratique exigée au régime de feu Mobutu en 1991, était toujours d’actualité. Caution qui est loin d’être remplie si l’on en croit l’opposition congolaise qui est allée jusqu’à  porter plainte contre l’OIF pour l’organisation chez eux de cette fête alors que leur pays fait face à  un conflit armé et les libertés loin d’être respectées. « C’’est un mauvais signal envoyé à  l’ensemble des régimes autocrates qui ne répond en rien à  la Déclaration de Bamako », a récemment déclaré sur France24 Cécile Marcel, directrice des programmes à  l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), dans une allusion au texte qui régit les règles de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en matière de démocratie et de droits de l’Homme. La France elle a choisi de saluer les avancées dans la loi pour la création d’une Commission des Droits de l’Homme ou encore la réforme de la CENI. A Kinshasa, François Hollande viendra donc en président du pays du français et tâchera de bien jouer ce rôle. Y aura-t-il des évocations à  la situation que connait la RDC avec une large partie de son territoire en proie à  une rébellion sanglante, bien malin qui, en dehors de son cabinet, pourrait le dire. Une chose est sûre, il rencontrera l’opposition politique, les militants associatifs, la société civile. « C’est le sens de la nouvelle politique africaine de la France : tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait », avait-t-il affirmé fin aout dernier à  l’annonce sa participation au sommet.