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FSEG : des difficultés en cascade

Le seul établissement d’enseignement supérieur public d’économie et de gestion du Mali fait face à mille et un problèmes. De…

Le seul établissement d’enseignement supérieur public d’économie et de gestion du Mali fait face à mille et un problèmes. De la massification des étudiants au manque d’amphithéâtres, en passant par celui de professeurs et de conditions de travail adéquates, la Faculté des Sciences économiques et de gestion (FSEG) vit des moments difficiles.

Il y a là, sur la colline de Badalabougou, les étudiants les plus « désespérés du Mali ». Enfin, si l’on en croit à la fois les étudiants eux-mêmes, qui marmonnent à tout-va leur désespoir, et l’administration de la faculté, écœurée de les voir s’entasser année après année.

Retards

En cette mi-mars, après six ans d’études au lieu des trois années normales, les étudiants qui ont leur Bac en 2016 reçoivent leurs attestations de fin d’études. Et les chronogrammes des examens de l’année universitaire 2018 – 2019 ont été publiés.Une situation décriée sur les réseaux sociaux qui embarrasse le Doyen de la faculté, Dr Soboua Thera, selon lequel « les gens parlent de ce qu’ils ne savent pas ».

Alors pourquoi tant de retard dans les années académiques à la FSEG ? Toutes les personnes rencontrées pointent le manque de volonté, d’investissement et de considération des autorités politiques et administratives du pays.

« Nous sommes très écœurés en voyant la lenteur de l’année académique à la FSEG, contrairement aux autres facultés. Mais la faute ne nous incombe pas en tant qu’enseignants », tient à préciser le Pr Abdoul Karim Diamouténé.

Pour cet enseignant à la faculté depuis neuf ans, Il faut que les autorités s’assument. « Tout ce problème, ce sont les autorités politiques, qui se complaisent à tenir des discours disant que l’enseignement est une priorité, nous avons investi tant de milliards. Mais réellement, dans le vécu au niveau de la FSEG, nous ne sentons absolument rien. Au contraire, c’est une détérioration que nous vivons », fustige-t-il.

Pléthorique

Selon des données du Bureau du Doyen, 42 953 étudiants sont inscrits à la faculté pour 122 professeurs permanents. Un chiffre qui risque de gonfler dans les prochains jours avec l’inscription des nouveaux bacheliers (Déjà 14 298 nouveaux inscrits).

Cette massification pléthorique constitue pour l’administration la principale cause des retards académiques. En effet, selon elle, tous les bacheliers de la filière TSEco et d’autres de Sciences Exactes viennent à la FSEG. Par exemple, pointe-t-elle du doigt, en 2020, malgré la Covid-19, l’État a organisé le Bac. « Les bacheliers de cette année-là sont venus s’ajouter à ceux de 2019, qui n’ont pas pu finir leurs modules à cause de l’arrêt des cours, dans les mêmes infrastructures, avec les mêmes professeurs et les mêmes conditions de travail », déplore M. Diamouténé.

En croire ce dernier, l’ancien Doyen de la FSEG, Ousmane dit Papa Kanté, avait déjà alerté sur la capacité d’accueil de l’établissement lors de l’arrivée de la première promotion de TSEco. « Le Ministère et le Rectorat l’ont ignoré. Et voilà le résultat aujourd’hui. On n’écoute pas les suggestions des spécialistes qui vivent la réalité », ajoute le professeur, pour lequel l’État à créé des séries au lycée sans prendre de mesures au niveau supérieur en termes d’accompagnement en infrastructures et en personnel.

Soucieux

La FSEG compte 6 amphithéâtres, dont 1 de 1 000 places « vétuste », 1 autre de 500 places, 2 de 200 places et 2 préfabriqués de 240 places. « Trop insuffisant »,regrette l’étudiant de la promotion 2017 Talfi Ag Cissé, qui, depuis « 3 ans », faute d’amphis, stagne en Licence 2.

À ces mille et une difficultés, le Doyen de la faculté, Dr Soboua Thera, ajoute « plusieurs paquets de copies d’examens dans mon bureau, qui n’ont pas de correcteurs pour le moment. L’État prévoit 500 francs CFA pour les correcteurs par copie, mais depuis 2019 il ne les a pas payés. D’où la réticence des professeurs à corriger les feuilles d’examen ».

Des professeurs qui, « sans accès à la Wifi et à une imprimante », selon M. Diamouténé, depuis 2014 n’ont pas pris le congé statutaire de deux mois par an que leur octroie leur statut d’enseignants du Supérieur, « parce que soucieux de l’avenir de leurs étudiants. Et même les samedis et dimanches on vient à la faculté pour les évaluations ».

Un « sacrifice » qui ne solutionne pas tous les problèmes de la FSEG, mais qui a l’air de porter fruits avec le départ prochain de la promotion 2016.

Aly Asmane Ascofaré