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Gabon : le rapport de l’UE qui confirme les malversations

Le rapport final des observateurs de l'Union Européenne confirme le doute qui planait sur les élections gabonaises, 3 mois après…

Le rapport final des observateurs de l’Union Européenne confirme le doute qui planait sur les élections gabonaises, 3 mois après la réélection d’Ali Bongo Ondimba à la tête du pays au détriment de son adversaire Jean Ping.

Ce rapport de 65 pages, publié ce lundi 12 décembre, note, dans le Haut-Ogooué, région acquise au candidat Ali Bongo, un processus de consolidation particulièrement opaque et des anomalies au niveau des commissions électorales. « Le taux de participation, tel que publié par le ministère de l’Intérieur, était de 99,93 % avec 95,47 % des suffrages pour le président sortant, dans le Haut-Ogooué », explique Mariya Gabriel, chef de la délégation de l’UE. En revanche, le taux de participation, au niveau national, sans le Haut-Ogooué , s’élevait à 54,24 %. Donc les résultats de cette province ont inversé la tendance constatée par la mission, sur la base des résultats annoncés par le gouvernement des huit autres provinces du pays. Ces anomalies mettent en question l’intégrité du processus de consolidation et le résultat final de l’élection. Elle insiste cependant sur le fait que son rapport n’est pas une décision finale pour contester l’élection d’Ali Bongo.

Jean Ping, qui depuis la clôture des élections ne fait que revendiquer ‘’sa place de Président’’, fonde beaucoup d’espoir sur ce rapport de l’Union Européenne. Le qualifiant de ‘’très bon rapport’’, il compte sur ce document de plusieurs pages pour prendre la place qui lui reviendrait de droit. «Ce rapport confirme sans ambiguïté ce que nous avons toujours déclaré sur cette élection présidentielle. Mieux, il démontre, de manière incontestable, que c’est moi, Jean Ping, qui suit le vainqueur de l’élection présidentielle. » Il fonde ses espoirs sur l’Union Européenne, l’Union africaine et les Nations unies pour en tirer toutes les conséquences.

Le rapport en question va être examiné par le la Commission et par les 28 États membres de l’UE afin d’en tirer des conséquences bien concrètes. Il pourrait, par ailleurs, déclencher l’article 96 de l’accord de Cotonou. Cet accord, signé en 2000 encadre les relations entre l’Union et 79 pays des Caraïbes, du Pacifique et d’Afrique, dont le Gabon. Portant sur les droits de l’homme et de la démocratie, il a été déclenché à une quinzaine de reprises, notamment pour la Centrafrique et le Togo. Énoncé en 5 articles importants, l’un des points stipule que : « Un ‘’dialogue politique’’ est prévu sur toutes les questions d’intérêt mutuel, aussi bien au niveau national, régional du groupe ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). Des procédures sont instituées en cas de violation des droits de l’homme ou de corruption, notamment la suspension de l’aide. Cette procédure, d’ailleurs très longue, passe par plusieurs étapes, commençant d’abord par un dialogue politique approfondi. Si cela échoue, l’on passe à des consultations gouvernementales. En cas d’impasse, l’UE pourrait alors prendre des « mesures appropriées », peut-être des sanctions, qui seront d’ailleurs à l’ordre du jour lundi prochain lors de l’assemblée parlementaire entre l’UE et les pays ACP. Le rapport sera également reçu au parlement européen probablement en début 2017, et peut être objet de pression du parlement sur la diplomatie de l’UE, avec une résolution exigeant des actions.