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Gabon : Recompter pour mieux régner

La crise post-électorale qui agite le Gabon ne semble pas prête de s'apaiser. Le président sortant, Ali Bongo Ondimba, annoncé…

La crise post-électorale qui agite le Gabon ne semble pas prête de s’apaiser. Le président sortant, Ali Bongo Ondimba, annoncé gagnant contre Jean Ping, avec un score serré et contesté, est pris à partie par l’opposition et la communauté internationale pour procéder à un recomptage des voix, alors que le pays, au ralenti, semble au bord de la guerre civile.

Depuis l’annonce des résultats le 31 août dernier, l’opposition crie à la fraude et demande un recomptage des voix, persuadée qu’on lui a volé sa victoire. Après 5 jours d’émeutes et de pillages, un millier de personnes ont été arrêtées et on déplorait 5 morts et 105 blessés suites aux affrontements. Ali Bongo, réélu notamment grâce aux voix de sa province du Haut-Ogoué, où il a obtenu 95% des votes, avec un taux de participation aussi exceptionnel qu’anormal, de 99,93 %, se défend de toute malversation. Les pro-Bongo ripostent en pointant des bourrages d’urnes, dans la ville de Bitam, où l’on dépassait les 100% de vote en faveur de Jean Ping.

Voix de sortie de crise Les États-Unis, l’Union européenne et la France sont rapidement montés au créneau pour réclamer un recomptage des voix. Un allié de taille du camp Bongo, Séraphin Moudounga, ministre de la Justice et proche du président, a lui aussi rejoint les partisans de cette solution. Il a d’ailleurs démissionné du gouvernement, lundi 5 septembre. Mais le pouvoir en place se retranche actuellement derrière la loi électorale, qui n’autorise pas le recomptage des voix mais permet d’adresser des recours devant la Cour constitutionnelle, jugée par l’opposition favorable au président sortant. Pour tenter de régler ce contentieux post-électoral, le président en exercice de l’Union africaine (UA), Idriss Déby Itno, a annoncé qu’une « délégation composée de chefs d’État, accompagnés de hauts responsables de la Commission de l’UA et des Nations unies, est prête à se rendre à Libreville ».

Pour l’heure, le pays reste aux mains du clan Bongo, au pouvoir depuis plus de 40 ans. Dans la situation kafkaïenne qui prévaut, deux questions restent posées : comment Ali Bongo pourra-t-il gouverner dans un pays où une bonne partie de la population le rejette, et, s’il s’obstine, quelles seront ses relations avec les partenaires internationaux qui mettent manifestement en doute son élection ?