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La Gambie dit non à Jahmeh

La défaite surprise de Yaya Jahmeh à l’élection présidentielle, a donné lieu à des scènes de liesse à Banjul, la…

La défaite surprise de Yaya Jahmeh à l’élection présidentielle, a donné lieu à des scènes de liesse à Banjul, la capitale gambienne. Cette défaite historique va laisser un gout amer à Jahmeh au pouvoir depuis 22 ans.

C’est un véritable coup de tonnerre en Gambie, le président autocrate Yaya Jahmeh vient de perdre les élections face au candidat de l’opposition Adama Barrow. L’homme d’affaire de 51 ans va devenir le troisième président de la Gambie. Dans ce petit pays de 2 millions d’habitants enclavé dans le territoire du Sénégal, il l’emporte avec 45,6 pour cent des voix contre 36,7 pour cent pour le président sortant. « Adama Barrow est élu président de la Republique » déclare le président de la commission électorale. « C’est vraiment exceptionnel qu’un président reconnaisse sa défaite » ajoute t-il. Suite à cette annonce, des milliers de gambiens ont envahis les rues pour exprimer leur joie. « Je ne vais pas pleurer aujourd’hui, j’ai pleuré pendant 22 ans durant tout le pouvoir de Yaya Jahmeh. Aujourd’hui je suis la personne la plus heureuse du monde » déclare un gambien sorti exprimer sa joie. « C’est une renaissance qui se déroule sous nos yeux, je n’aurais plus jamais peur, je suis libre, totalement libre » s’extasie cet autre manifestant.

Mais rien ne pouvait présager un tel scénario. Avant le scrutin on pensait le président intouchable et largement vainqueur. Lors de la campagne il avait coupé internet et les SMS et avait annoncé ne tolérer aucune contestation des résultats. Mais c’est le las de la population qui aura finalement eu raison de lui. À cause de sa gouvernance, plus de 500.000 gambiens ont pris les eaux de la méditerranée pour regagner l’Europe.

Arrivé au pouvoir à 29 ans par un coup d’État en 1994, Jahmeh est un dictateur assumé à la personnalité fantasque. Dans le même sillage qu’Idi Amin Dada qu’il admire, il exigeait d’être appelé « Son excellence Cheick Professeur El Hadj Docteur », ce qui lui valut le surnom de ‘’Babili Mansa’’ (roi défiant le fleuve). Il se disait investi de pouvoirs mystiques, pouvant notamment guérir l’asthme, l’épilepsie, la stérilité et même le Sida. Il avait même organisé une chasse aux sorcières au début des années 2000, au sens propre du terme. Une sorte de Salem à la gambienne.

Il arrêtait régulièrement des journalistes et des membres de l’opposition pour les museler. En 2014, l’un d’eux mourait même en détention. Critiqué par la communauté internationale, il rétorqua « Où est le problème, des gens qui meurent en détention c’est très commun ». Entretenant une relation tendue avec les organismes internationaux, il déclarait « Amnesty International et Ban Ki Moon peuvent aller en enfer ».

Avec cette défaite ; c’est en tout cas un vent nouveau qui souffle désormais sur le pays.