Gao meurtrie

Profitant du putsch de Bamako, rebelles touareg et groupes islamistes, parmi lesquels des éléments d'Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) ont…

Profitant du putsch de Bamako, rebelles touareg et groupes islamistes, parmi lesquels des éléments d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) ont pris en fin de semaine le contrôle des trois principales villes du nord du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou, sans rencontrer de résistance de la part d’une armée malienne sous-équipée et désorganisée, coupant de fait le pays en deux. La prise de la ville de Gao (classée comme la 2ème région militaire du Mali), dans la nuit du 31 mars au 01er avril dernier, a surpris plus d’un. Pis, elle a été et continue d’être le théâtre de toutes les exactions ; à  savoir vol, pillage, pillage, meurtre… , obligeant la population à  s’exiler. Le triste scénario qu’offre ainsi Gao interpelle à  plus d’un titre. En effet, outre la paralysie de l’activité économique, l’administration publique se trouve inopérante. Les hôpitaux et aires de santé ne fonctionnent plus. Conséquences : des centaines de personnes ont vidé les lieux accourant vers des cieux plus cléments. Après une brève interruption par les bandits armés, le trafic s’est quelque peu rétabli. Du coup C’’est la ruée sur Bamako ou autre localité. Certains sont partis vers Ansongo, Ménaka, à  la frontière nigérienne. Pris au piège Tout de même, ne sachant o๠donner de la tête, certains ont tout de même décidé de rester. «Â Je ne sais o๠aller. J’avais centré tous mes efforts sur ici en y mettant tous mes biens immobiliers », s’indigne Malamine Sylla fonctionnaire à  l’Office de protection des végétaux à  Gao. Et ce médecin ayant trouvé refuge à  Bamako d’ajouter, « J’ai construit une maison à  Gao. Mes deux véhicules ont été emportés. C’’est triste de tout perdre et me retrouver bredouille » Selon une source habitant la ville de Gao, la cité des Askias n’est plus viable. Les habitants ayant choisi de rester sont privés d’eau. La seule centrale thermique qui alimentait la ville ne fonctionne plus à  cause du manque de carburant. «Â Il n’ya plus de carburant, les boutiques sont fermés, l’activité économique est paralysée ». A cela, il faut ajouter des milliers de d’habitants de Gao ont quitté la ville. «Â Nous préférons braver les intempéries que de rester, sous les balles, dans une ville qui ne vit plus ». Les chrétiens chassés des lieux Selon une source chrétienne, des hommes armés ont détruit la mission et l’église des Pères blancs. Du coup, la peur a gagné la communauté chrétienne de Bamako. «Â La chasse aux chrétiens de Gao est ouverte depuis que la ville est tombée entre les mains de la rébellion, samedi. Les Pères blancs de la ville ont échappé de peu à  la mort »,  alerte une source informée à  Bamako. Dès la chute de la ville, ils ont été informés qu’ils étaient «Â sous la menace de “barbus” »  et ont décidé de quitter la ville le lendemain. Quelques heures plus tard,  poursuit-elle, des hommes armés sont arrivés. Ils ont forcé la porte, exigé du gardien qu’on leur livre les prêtres pour les égorger et fouillé la maison. Furieux de les avoir ratés, ils ont brûlé l’église, brisé les statues et les ornements religieux. Tous les témoignages que J’ai recueillis vont dans le même sens : des islamistes s’en prennent aux chrétiens dans le nord du pays ». Comme quoi, Gao va vraiment mal. Le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte malienne, a appelé les Occidentaux à  intervenir militairement dans le nord du Mali, contre les groupes islamistes armés, dans un entretien publié jeudi dans les quotidiens français Libération et le Monde. Sera-t-il entendu ?