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Gao : Sadou Diallo, « J’avais averti le gouvernement il y a deux mois »

Le 12 juillet dernier à Gao, une manifestation de jeunes contre l'installation des autorités intérimaires et demandant leur intégration dans le processus…

Le 12 juillet dernier à Gao, une manifestation de jeunes contre l’installation des autorités intérimaires et demandant leur intégration dans le processus de DDR, a dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre, faisant 4 morts et 52 blessés. les deux jours qui ont suivi, les manifestants n’ont eu de cesse de réclamer le limogeage des hauts fonctionnaires, responsables, selon eux, de cette tuerie. Sadou Diallo , maire de Gao, connaît bien ces jeunes. Joint au téléphone, depuis le Brésil où il se trouve depuis 10 jours pour des conférences, il a répondu aux questions du Journal du Mali.

Avez-vous été surpris de la tournure des événements à Gao lors de la manifestation de mardi dernier ?

Non pas du tout ! sur ce qui s’est passé, j’avais averti le gouvernement il y a deux mois. Tout ce qui s’est passé je l’ai prévu il y a 2 mois, et c’est arrivé.  J’ai dit faite attention, j’ai fait une proposition de sortie, mais je n’ai pas été écouter, parce que chaque fois que je parle on me prend pour un opposant or je ne suis pas un opposant au Mali, je ne m’oppose pas à mon pays.

Quelle était votre proposition de sortie ?

Ma proposition de sortie est que ces jeunes méritent d’avoir la même considération que ceux qui ont des armes aujourd’hui, parce qu’ils ont été désarmés par le concours des notables de Gao, les chefs de village et par moi. On les a désarmé, donc il faut que L’État comprenne qu’ils ont les mêmes droits que ceux qui sont armés, ils doivent avoir même plus, d’ailleurs, parce qu’ils ont accepté d’être désarmé sans pression. On ne peut pas aujourd’hui leur demander de présenter une arme, avant d’être pris en considération pour le cantonnement. Ce serait vécu comme une immense injustice.

Quel est votre avis sur le recours à la force pendant la manifestation ?

Le gouverneur en faisant sortir les militaires et les policiers a bafoué le travail que j’ai fait pendant 4 ans. Parce que la population avait perdu confiance en l’armée, depuis 4 ans je travaillais à réconcilier la population et l’armée, à les sensibiliser tous les jours. Avant si un policier sifflait pour arrêter un habitant de Gao, il ne s’arrêtait pas, je suis arrivé à leur dire respecter la police et ils l’ont fait. On était arrivé à leur faire respecter l’État. Faire tirer les forces de l’ordre contre la population c’est revenir à zéro, je regrette vraiment ce qui s’est passé.

Vous pensez, comme le réclament les manifestants, que le gouverneur doit être limogé  ?

Je suis entièrement d’accord  il doit être limogé ! Moi quand j’étais à Gao, les gens ont marché il y a 15 jours, il y a un mois les mêmes jeunes ont marché,  j’ai refusé de leur donner l’autorisation de marcher,  mais je leur ai dit : faites le pacifiquement c’est votre droit, mais je refuse de prendre la responsabilité de vous donner l’autorisation parce qu’on est en état d’urgence, marchez sans  casser parce que si vous cassez, c’est vos biens que vous cassez ; ils m’ont dit d’accord, ils ont organisé eux-mêmes leur marche, ils ont amené leur revendication à la MINUSMA et au gouvernement. Rien ne s’est passé. Pourquoi, alors qu’ils ont voulu faire la même chose,  le gouverneur s’y est opposé ? Si j’avais été là, je vous assure, je ne suis pas le bon Dieu ni le prophète, mais les choses se seraient déroulées autrement, parce que la jeunesse m’écoute.