Gaz domestique : Au prix fort

Habitués aux difficultés d'approvisionnement et à  la spéculation sur le gaz butane, les consommateurs, surtout les bamakois, s'attendaient à  cette…

Habitués aux difficultés d’approvisionnement et à  la spéculation sur le gaz butane, les consommateurs, surtout les bamakois, s’attendaient à  cette situation et espéraient qu’elle intervienne le plus tard possible. Mais, voilà  qu’on y est. Acheter une recharge de gaz domestique relève aujourd’hui du parcours du combattant. Il faut parcourir des kilomètres, faire le tour des revendeurs, pour s’entendre répondre à  chaque fois « gazi bana ! » (il n’y a plus de gaz, en bambara). Et les commerçants de pointer du doigt les opérateurs gaziers qui eux évoquent la crise ivoirienne et leurs problèmes avec l’Etat malien. En effet, le corridor Abidjan-Bamako est en souffrance depuis près de deux mois maintenant. De nombreux chargements de marchandises sont encore bloqués soit au port de la capitale économique ivoirienne soit sur le chemin de Bamako. D’o๠une augmentation des prix de presque tous les produits de première nécessité. Hausse aussitôt répercutée par les autres commerçants quelques soient leurs produits, puisqu’il faut bien qu’eux aussi mangent. l’Office National des Produits Pétroliers(ONAP) prospecte pour trouver d’autres voies comme celle du Ghana. Mais selon operateurs gaziers, les autorités maliennes doivent gérer le problème à  un autre niveau. La plupart d’entre eux connaissent d’énormes difficultés de fonctionnement car toujours en attente de leurs arriérées de subvention de 2010. Il y a quelques semaines, on évoquait une grève des agents sur les sites de remplissages pour expliquer la raréfaction du gaz. Faux, répond un confrère des Echos qui écrit que « les opérateurs gaziers sont contraints à  mettre la clé sous la porte ». l’Etat leur devrait des sommes astronomiques au compte de la subvention du gaz butane domestique. La situation est telle qu’il n’y a pas de gaz sur le marché depuis quelques jours puisqu’il n’y a plus d’importation dans le secteur. Et le peu de stock qui reste fait l’objet d’une spéculation sauvage. La bouteille de 6 kg officiellement vendue à  1820 FCFA est cédée au marché noir entre 4000 à  7000 FCFA. l’offre étant de loin supérieure à  la demande, on assiste à  la naissance d’un véritable marché noir du gaz. Il faut « avoir des bons tuyaux » mais surtout les poches bien garnies pour continuer à  cuisiner au gaz. Sinon « déposez votre bouteille et repasser dans trois jours…pour voir… ». Or, pendant ce temps, le charbon, sur lequel on est obligé de revenir, aussi est hors de prix. Les services des Eaux et Forêts ont entrepris de contrôler de manière drastique la production et l’acheminement du charbon vers les agglomérations dont Bamako. Ce qui complique la vie des familles qui achètent aujourd’hui à  4000F le petit sac auparavant vendu à  2000 ou 2500F. Le silence assourdissant des associations de consommateurs est ce qui frustre le plus dans cette situation. Elles qui sont censées défendre les droits des populations semblent s’en désintéresser totalement. l’Etat, quant à  lui, assiste à  la hausse des prix sans pour autant prendre des mesures pour réguler l’inflation à  défaut de la freiner. Ou en tout cas, si quelque chose est fait, aucune communication n’en est faite, ce qui renforce de sentiment des consommateurs d’être des laissés pour compte.