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Geoffroy Julien Kouao : « Les autorités ivoiriennes ont envoyé un message d’apaisement »

Condamnée en 2015 pour atteinte à la sûreté de l’État, Simone Gbagbo, l’ex Première Dame ivoirienne vient de bénéficier de…

Condamnée en 2015 pour atteinte à la sûreté de l’État, Simone Gbagbo, l’ex Première Dame ivoirienne vient de bénéficier de l’amnistie accordée par le Président Alassane Dramane Ouattara le 6 août. Quelles sont les implications politiques d’une telle décision et peut-elle avoir des conséquences sur la procédure de la CPI ? Geoffroy Julien Kouao, analyste politique, répond à nos questions.

Quelles peuvent être les conséquences de cette amnistie ?

La première est la remise en liberté de l’ex Première Dame. Les conséquences politiques sont notamment la décrispation de l’atmosphère politique en Côte d’Ivoire. Le geste du chef de l’État est un geste d’apaisement à l’endroit de toute la classe politique.

Pourrait-il y avoir d’autres conséquences politiques, comme une participation à une élection de Madame Gbagbo ?

C’est d’abord et avant tout une femme politique, et il n’y a pas d’âge pour en faire. Elle va continuer, c’est une évidence. Maintenant, si vous me demandez si elle sera candidate à la prochaine élection présidentielle, dans tous les cas de figure la Constitution dit qu’il n’y a pas d’âge limite pour être candidat. 2020 c’est encore loin, mais elle va sûrement jouer un rôle majeur au sein du Front populaire ivoirien.

Est-ce que sur le plan personnel,  quelque chose a changé pour elle ?

Après 7 ans de prison, on ne peut être que physiquement affecté et moralement atteint. C’est une dame qui a une carapace assez solide pour endurer toutes ces souffrances. Les premières photos que l’on a d’elle sur les réseaux sociaux montrent que c’est une dame qui est physiquement et moralement  affectée, mais elle a une grande capacité de résilience et il faudra compter avec elle dans l’avenir sur le champ politique ivoirien.

Cette libération peut-elle influer sur la procédure en cours devant la CPI ?

Ce sont deux procédures différentes. Les juridictions ivoiriennes sont nationales et la CPI est internationale. Le principe de complémentarité veut que lorsque des poursuites sont faites au plan national, la CPI n’est plus compétente. Cependant ce ne sont pas sur les mêmes chefs d’accusation et la CPI avait lancé un mandat d’arrêt. Mais le message envoyé par les autorités ivoiriennes quant à l’apaisement et à la réconciliation nationale devrait être entendu et la CPI aller dans le même sens avec Messieurs Blé Goudé et Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, les Ivoiriens ont un désir farouche de réconciliation et de paix.