Société




Gestion des fonds Covid : Résoudre l’énigme

La gestion de la pandémie de Covid-19 au Mali ne soulève pas que des questions d’ordre sanitaire. Sur la réalité…

La gestion de la pandémie de Covid-19 au Mali ne soulève pas que des questions d’ordre sanitaire. Sur la réalité ou non des fonds alloués, ainsi que concernant leur utilisation, beaucoup de questions restent en suspens. « Une situation complexe par rapport à la réalité », qui, depuis le début de la pandémie, en mars, a retenu l’attention de plusieurs organisations. Sans qu’elles puissent établir avec certitude l’entièreté ainsi que la destination des fonds et autres appuis recensés dans le cadre de la lutte.

« Depuis le mois de mars, nous avons commencé à attirer l’attention sur le fait de faire attention à la solidarité et au soutien des uns et autres envers l’État et les commissions. Parce qu’il est courant de constater que certains profitent toujours des situations d’urgence pour poser des actes au-delà des textes, justifiés par l’urgence de la situation », explique d’emblée Monsieur Moussa Kondo, Directeur pays d’Accountability Lab.

Une vigilance qui n’a pas permis d’échapper à l’absence de transparence. « Même si l’ONG a tenu à faire un point régulier par rapport au suivi et à la gestion des fonds, force est de constater qu’il y a un vrai flou autour de la chose », affirme M. Kondo. Classés en 3 catégories, les dons dont la commission devait assurer la gestion provenaient d’abord d’un appel à contributions dont les fonds étaient versés sur un compte à la BMS, qui totalisait plus de 2 milliards de francs CFA, il y a 3 mois environ, « avant que les gens ne commencent à baisser les bras », parce qu’ils ne savent pas où va leur argent, explique M. Kondo.

La mobilisation internationale a aussi été importante, notamment à travers les ambassades et les institutions internationales. La Banque mondiale a approuvé 25,8 millions de dollars de l’IDA, la moitié en don et l’autre en crédit, pour aider le Mali à faire face à la Covid-19. En plus de l’aide apportée dans le cadre du Programme de renforcement des systèmes régionaux de surveillance des maladies (30 millions de dollars, la moitié en don et l’autre en prêt).

Quand au système des Nations unies au Mali, au travers de la MINUSMA, il a signé le 6 avril avec le ministère malien de la Santé et des affaires sociales 3 protocoles d’entente, d’une valeur de plus de 6 millions de dollars américains, qui ont permis d’apporter une réponse intégrée et rapide à la crise sanitaire. Une aide à laquelle s’ajoutent des appuis, en équipements et autres, dont l’institution donne le détail chaque semaine.

Problèmes de gestion

Des  soutiens qui  ont permis d’alléger ou même d’annuler certaines dettes du Mali, pour réinjecter les fonds dans la lutte contre la pandémie, selon M. Kondo. Reste à savoir l’impact de ces montants importants, s’interroge t-il.

Le FMI a mis à la disposition du Mali 120 milliards de francs CFA. Les dons de plusieurs autres institutions en équipements et autres produits constituaient la troisième catégorie des aides reçues. Un décompte avait permis à Accountability Lab Mali de chiffrer le total à 874 milliards de francs CFA, il y a deux mois. Montant auquel il faut ajouter le plan social d’accompagnement du gouvernement, de 500 milliards de francs CFA, y compris des renonciations de l’État à certains droits, annoncé par l’ex Président IBK.

Mais, en termes d’argent, certaines promesses n’ont pas été tenues, ajoute le Directeur pays d’Accountability Lab. « Sur ce point, une gestion claire a manqué ». Lorsque les agents de santé de Kayes ont fait grève, le Président de la République a annoncé avoir débloqué 6,3 milliards de francs CFA au profit du ministère de la Santé, au moment même où le ministre se plaignait de ne pas avoir d’argent pour faire face à ses besoins. L’argent n’a-t-il pas été débloqué ou a-t-il été indûment reçu, et par qui ? Des questions auxquelles les réponses des autorités chargées de gérer les fonds mobilisés permettraient certainement de contribuer  plus efficacement à la lutte.

Fatoumata Maguiraga