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Ghislaine et Claude : le prix de la rançon ?

A l'annonce de la mort des deux journalistes français, enlevés ce samedi à  Kidal, c'est l'ensemble de la profession qui…

A l’annonce de la mort des deux journalistes français, enlevés ce samedi à  Kidal, c’est l’ensemble de la profession qui est sous le choc. D’abord les collègues des deux disparus, alors que la confirmation de leur mort n’avait pas été donnée par le Quai d’Orsay. « Je vous en prie, n’en parlez pas encore, nous sommes en train de mener les recherches… », a confié l’un des correspondants de RFI à  Bamako. Mais aux alentours de 14h heures de Bamako, la nouvelle de l’enlèvement avait déjà  fait le tour du web, des réseaux sociaux et des grands quotidiens français et maliens. Ce genre d’information ne peut rester caché, en attente de confirmation officielle. Cela n’enlève rien à  l’immense tristesse, à  l’annonce de la mort des deux reporters, pourtant aguerris par vingt ans de terrain en Afrique. Ghislaine Dupont, restera dans les mémoires de ces Maliens qu’elle a interviewés, et tout dernièrement lors de l’élection présidentielle de Juillet 2013 à  Kidal. « Je la revois encore dans la cour de notre immeuble en train d’interviewer notre directeur », se souvient avec émotion Doussou Djiré, journaliste à  l’Essor. De Ghislaine Dupont, l’on retiendra une grande simplicité, un goût du métier et du travail bien fait, comme le témoignera le gouverneur de Kidal, Adama Kamissoko, interrogé par la radio mondiale, en deuil : « C’étaient de gros travailleurs ». Avec son complice et compère Claude Verlon, ils ont vécu des aventures en Afrique, au Nord du Mali et ailleurs dans le monde. Sans peur, et sans hésitation, Ghislaine Dupont et Claude Verlon se sont lancés dans une nouvelle mission, à  Kidal, ville de tous les dangers, sans savoir que ce sera leur dernière aventure. Sur leur route, quelques jours après que les 4 otages français d’Areva aient été libérés, ils ont à  leur tour croisé celles et ceux qui sèment la terreur dans le vaste nord. « Pourquoi se sont-ils mis en danger ainsi, ce qui est arrivé ce samedi est déplorable », commente Abdoulaye Bathily, chef adjoint de la Minusma, en marge de la réunion sur le Sahel de l’Union Africaine. Dans les couloirs, la nouvelle a éteint les débats de cette 6è réunion, au moment o๠la Minusma réclame plus de moyens pour sécuriser Kidal et ses environs. Cet acte barbare a refroidi tout le monde. Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont-il payé le prix de la rançon que n’a pas versé la France pour libérer les otages d’Areva ? Si la corrélation est étroite, les terroristes qui ont exécuté les deux journalistes ont lancé un signal clair. Ils règnent encore en maà®tres dans le Sahel. Et nous, confrères de la presse, ne pouvons que nous associer aux proches des disparus et rendre hommage afin que leurs âmes reposent en paix, éternellement!