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Giresse doit-il plier bagage ?

« Ma démission n’est pas à l’ordre du jour » déclarait Alain Giresse au soir de l’élimination des Aigles, dès le premier…

« Ma démission n’est pas à l’ordre du jour » déclarait Alain Giresse au soir de l’élimination des Aigles, dès le premier tour de la CAN 2017. Sauf que la question mérite une attention particulière après les mauvais résultats de l’équipe et des prestations sans gloire. La porte devrait être ouverte pour le français qui s’illustre par son incapacité à faire décoller cette équipe. Décryptage d’un retour manqué.

Des choix discutables

Lors de cette CAN et pas seulement, le sélectionneur s’est distingué par ces choix plus que douteux. Tout d’abord son onze de départ. Sambou Yattabaré (rétrogradé en réserve dans son club) et Bakary Sako (4 matchs disputés avec son club, tous en étant remplaçant) ont fait des matchs insipides lors de la première sortie des Aigles face à l’Egypte, or sur le banc, des jeunes joueurs plein d’envie et explosifs attendaient patiemment leur heure de flamber. D’ailleurs, lors du dernier match des Aigles face à l’Ouganda, les jeunes Moussa Doumbia et Yves Bissouma se sont montrés à leur avantage, le second marquant même un sublime coup-franc des 30 mètres. Le constat qui ressort le plus souvent, c’est que l’entraîneur n’a pas la moindre idée de ce qu’il peut ou doit faire.

Giresse c’est aussi et surtout la stratégie du « je meurs avec mes idées » aussi contestables soient-elles. Il s’est aussi entêté à faire jouer un latéral droit sur la gauche. Nul doute que les prestations, néanmoins bonnes, d’Hamari Traoré en latéral gauche, poste inhabituel pour ce joueur, aurait été meilleur à son véritable poste. « Je suis obligé de composer une équipe avec ce que j’ai, on a des blessés, et cela n’est pas de mon fait » justifie le sélectionneur. Sauf que Youssouf Koné, non utilisé lors de la CAN aurait pu jouer à gauche qui est son poste et où il avait montré de belles prédispositions.

Un important vivrier inexploité

L’équipe du Mali est avec le Congo et le Nigeria est l’une de celle qui a le plus grand potentiel chez les jeunes. L’année dernière les sélections juniors et cadettes du Mali avaient respectivement disputées les demi-finales et la finale de coupe du monde dans leurs catégories. Sauf qu’au moment de faire sa liste, Giresse a préféré se passer du talentueux, Diadié Samassekou, qui rayonne au milieu de terrain et qui a joué quelques matches d’éliminatoires. « Nous avons de bons jeunes, certes mais la sélection A est un tout autre challenge, on veut les intégrer progressivement pour qu’ils soient efficaces ».

Manque de poigne

Le Français laisse transparaître l’image d’un entraîneur à la faible personnalité. En 2012, Sambou Yattabaré avait décidé de quitter la sélection en pleine CAN car il ne bénéficiait pas de temps de jeu. Cinq ans plus tard, il est l’un des hommes de base de Giresse. L’affaire Maiga-Sako met également en exergue les difficultés du sélectionneur à se faire respecter. Une brouille entre les deux joueurs autour du flocage de numéro 10, aurait amené Sako a systématiquement décliné les convocations pour jouer avec le Mali. Officiellement pour des raisons de blessure. Alors oui, Sako a participé à l’édition 2017, mais, à mon avis, c’est parce que Maiga n’était pas retenu, avouez que la coïncidence tombe plutôt à point nommé. Lors de la dernière rencontre disputée par le Mali, à Bamako, Modibo Maiga était non seulement titulaire mais aussi capitaine. Il était sorti à l’heure de jeu après que la vindicte du public à son encontre était devenu pesante.

Une expérience d’entraîneur mitigée

Giresse a été un joueur de génie durant sa carrière, mais son virage sur les bancs tourne au vinaigre. Giresse c’est quatre sélections nationales entraînées dont trois africaines. Une première expérience au Gabon, où il s’est fait éliminé au premier tour de la CAN en 2008. La seconde à la tête du Mali, il termine sur le podium, une première pour le pays de 1972. Pour cause de différends financiers, il quitte son poste et s’installe 1200 km plus loin, chez le voisin sénégalais. L’expérience est un nouvel échec. Malgré des joueurs de renom, les Lions de la Teranga quittent prématurément la CAN 2015, Giresse ne résiste pas à la déferlante de critiques qui s’abat sur lui et il est démis de ses fonctions. C’est ensuite un retour dans le nid des Aigles, la terre des son unique exploit. Un retour manqué, pour le Mali qui est dernier de son groupe de qualification pour la coupe du monde 2018, et est éliminé dès le premier tour de la CAN avec zéro victoire au compteur et surtout un seul but marqué.

Quid du sélectionneur local ?

A l’instar de certaines sélections tel le Congo, le Nigéria ou encore le Sénégal, le Mali devrait sérieusement réfléchir à confier les rênes de l’équipe à un entraîneur local. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a de quoi faire avec Fagneri Diarra, ou encore Baye Bah qui ont entraîné les sélections de jeunes avec à la clé des succès. Ou à contrario, trouver un entraîneur étranger qui même hors d’Afrique pourrait trouver du boulot ou qui a déjà fait ses preuves. C’est la stratégie qu’a adopté l’Egypte avec Hector Cuper qui a conduit l’équipe de Valence deux fois en finale de la ligue des champions.

Sinon un sélectionneur local, c’est aussi l’assurance d’une meilleure santé financière pour la fédération et une meilleure connaissance du potentiel local du Mali.