Grand débat économique : Gouvernance économique entre insuffisances structurelles et conjoncturelles

Animée par Issa Fakaba Sissoko, l'émission a réuni autour du thème deux économistes. D'un côté, Mody N'Diaye, député de l'URD…

Animée par Issa Fakaba Sissoko, l’émission a réuni autour du thème deux économistes. D’un côté, Mody N’Diaye, député de l’URD (parti de l’opposition), économiste ; de l’autre, Moussa Mara, Expert-Comptable, ancien Premier ministre et également membre de la mouvance présidentielle. Si pour Moussa Mara la gouvernance économique est un ensemble de systèmes mis en place, planifié pour créer des richesses, développer le pays, l’honorable Mody N’Diaye a d’entrée de jeu précisé que malgré un environnement de crise, les réalisations, les fondamentaux attendus de la gestion économique actuelle laissent dubitatifs. Il a expliqué que dans la production, de 2012 à  2014, il y a eu une croissance de 3%, alors que la démographie a, elle aussi, augmenté de 3,5%. Mais, poursuit-il, il y a toujours une situation de chômage inquiétante, au point que dans la population active, le taux de femmes sous-employées est de 80%. « Il y a une sous-traitance de notre politique monétaire, une absence de leadership économique, une absence de politique publique efficace. Il faut changer de référentiel. », a-t-il dit avant d’ajouter que dans la gouvernance économique les indicateurs sont au rouge. A cela, l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, a répondu que « pour moi, la structure est plus importance que la conjoncture. », estimant que Mody N’Diaye est en train de faire le bilan de l’économie à  un moment précis. Pour lui, si nous remontons à  5 ou 10 ans avant, « C’’est le même tableau. » « l’économie n’a jamais été un sujet de préoccupation majeure, qui suscite débat. », a-t-il dit tout en ajoutant que, aujourd’hui, les insuffisances de la gouvernance économique sont structurelles et non conjoncturelles. Moussa Mara a pointé le doigt sur un « Etat lent », « une administration lourde. » : lourdeurs des procédures. « Il faut changer l’architecture administrative pour accélérer les choses. », a-t-il plaidé non sans indiquer qu’en plus de l’outil monétaire, il y a aussi l’outil budgétaire. La gouvernance économique malienne favorise-t-elle la lutte contre la corruption ? l’honorable Mody N’Diaye répond que s’agissant du cadre stratégique pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté, « le régime actuel n’a imprimé aucune innovation. » Dans l’agriculture, les subventions n’apportent rien, une ouverture libérale qui n’est pas maitrisée, une absence de stratégie économique cohérente. « l’Etat ne génère pas la croissance, il l‘accompagne. C’’est le secteur privé qui fait la croissance. », a-t-il lancé, estimant qu’à  cause de la corruption, « nous n’avons pas une administration de développement du secteur privé. » Moussa Mara, quant à  lui, a plutôt un avis moins tranché. Pour lui, le problème est que 85% du budget national est concentré à  Bamako, la fiscalité est très insuffisante ce qui réduit les ressources publiques. Un secteur aussi important que le foncier échappant à  la fiscalité. Pour lui, le développement doit être avant tout local. Le reste du débat a porté sur des questions telles que la dépolitisation de la haute administration (un faux débat selon Mody N’Diaye), l’Initiative Mali 20-25 (mise en place en 1997) et, bien entendu, la redistribution des richessesÂ