Grandes vacances : que font les Maliens ?

C'’est la fin du mois de juillet, les écoles sont fermées et la plupart des entreprises entrent en hibernation pour…

C’’est la fin du mois de juillet, les écoles sont fermées et la plupart des entreprises entrent en hibernation pour permettre à  leur personnel de profiter des congés. Les enfants ont déjà  pris d’assaut la plupart de lieux de loisirs (parc, piscine, etc.) en attendant que leurs parents ne dressent le planning pour les longues semaines de désœuvrement qui s’annoncent. Désœuvrement, pas si sûr, parce que nombre d’entre eux vont retrouver dès la mi-août le chemin de l’école pour les cours de vacances. Mais en attendant, et surtout pour ceux qui vont y échapper, on cherche à  se distraire, à  voyager, à  prendre du bon temps. C’’est le temps des grandes vacances. Pour la plupart de Maliens, partir en vacances est réservé aux enfants. Plus de 80% des Bamakois travaillant dans l’informel, il est pour eux inconcevable de fermer boutique pour « aller dépenser de l’argent pour se reposer », résume assez bien Mamadou Diawara, commerçant. « Moi, J’envoie les enfants au village, point barre » ajoute-t-il. Cette perception a cependant tendance à  disparaitre car de plus en plus, et en particulier parmi les jeunes cadres, on entend parler de vacances planifiées o๠les parents et leurs enfants partent « ailleurs » pour partager des moments de découverte mais aussi et surtout s’éloigner du train-train du quotidien et des « lourdeurs de la société malienne ». l’appel du large Maà¯mouna, cadre de banque et mère d’un enfant a tout planifié depuis des mois. « Je me suis arrangée pour prendre mes congés en même temps que les vacances de mon petit garçon. Nous allons partir tous les deux en France chez ma sœur pour deux semaines, avant de revenir et aller chez ma belle-mère à  Ségou pour une semaine. Le programme, C’’est balade, repos et repos ! ». Il semble bien que pour ceux qui en ont les moyens, et ils sont de plus en plus nombreux à  en croire les professionnels du secteur, la France est la destination de choix des Maliens qui songent à  « sortir du pays ». Plus de 50% des environs vingt mille maliens qui voyagent à  l’extérieur en cette période choisissent l’Hexagone. Pour Bouba N’diaye, la raison est bien simple : « chaque Malien a quelqu’un en France, ce qui facilite la demande de visa et le logement, permettant ainsi de s’offrir des vacances loin de chez soi à  moindre coût ». Ancien adepte des allers-retours sur l’Europe, il assure préférer maintenant les capitales africaines. « Il y a tant de choses à  voir et à  faire ! l’ambiance n’est pas la même qu’en Europe, cette chaleur africaine rend les vacances inoubliables » témoigne celui qui, après Dakar et Conakry, se rendra à  Abidjan début août pour savourer son congé annuel. A l’instar de Maimouna, la jeunesse malienne préfère se rendre hors du pays. C’’est moins le cas des plus âgés qui privilégient les retrouvailles familiales. Un choix qu’ils imposent souvent à  leur progéniture. Dans les cars en partance vers Mopti, ce samedi à  l’autogare de Bamako, de nombreux enfants. Le petit Hamma nous explique qu’il part « chez sa femme », sa grand-mère, chez qui il va passer ses vacances. « C’’est la meilleure des options pour nous, explique son père. Ils vont en famille dans le pays profond et ainsi restent en contact avec nos valeurs sociétales. En plus, ils apprennent à  cultiver, ce qui est une bonne chose. Ma mère les chouchoute et ils n’ont rien à  envier à  leurs camarades qui vont en Europe ou ailleurs, bien au contraire ! » Rester au Mali ou en sortir, bien nombreux sont ceux qui n’ont pas ce choix. Chômeur, Amadou, croisé sur la colline du savoir ne pense même pas à  cela. A la limite ira-t-il « au village pour quelques semaines et ensuite je reviendrai pour mes cours à  domicile en attendant de trouver mieux. Il n’y a pas de vacances pour moi cette année, il n’y en a jamais eu d’ailleurs car pour aller en vacances à  mon âge il faut avoir au moins un boulot stable.» affirme-t-il. A côté de lui, Ibrahim Cissé, étudiant à  la Faculté des sciences juridiques et politiques de Bamako. Il prépare ses examens qui doivent avoir lieu dans quelques jours. « Je n’aurai pas de vacances car je termine la Fac et il me faut de toute urgence trouver soit un emploi, soit un stage » confie t-il. Retour au bercail Pour les Maliens de la diaspora, « l’idéal est de rentrer au pays, avec toute la famille ». Madou, vivant en région parisienne, fait l’effort une fois tous les trois ans d’envoyer ses enfants au Mali. « Ils se familiarisent ainsi avec les réalités du pays et rencontrent les parents. C’’est important pour moi et pour eux », assure-t-il. Son épouse, Minata, plaide « pour un « mix », vacances familiales une année et découverte d’une autre destination l’année suivante. Les négociations sont en cours, parce que les enfants veulent suivre leurs amis, aller en Angleterre en Italie ou encore en Tunisie, C’’est moins cher là -bas et il y a le soleil ! ». Même si les choses sont un peu plus difficiles ces dernières années, « ce pèlerinage » semble inscrit dans l’agenda de bon nombre de Maliens vivant en Afrique, en Europe ou aux Etats-Unis. Si les parents veulent plutôt les envoyer se ressourcer dans leur terroir d’origine, les jeunes maliens de la diaspora préfèrent eux, profiter du confort de la capitale. On les retrouve déjà  de plus en plus nombreux au bord des piscines, dans les boà®tes de nuit et les restaurants qu’ils prennent d’assaut en groupe. Dans l’autre sens, les expatriés font leurs valises pour rentrer chez eux ou aller se reposer dans d’autres pays. A l’Institut Français de Bamako par exemple, le personnel diminue en nombre au mois d’août, mois de vacances pour la plupart des « expat ». Louis Gaudin, journaliste reporter, ira ainsi rendre visite aux parents à  Paris et passer du temps avec les amis. Si de plus en plus de Maliens partent en vacances, sortir du Mali ou y rester est autant une question de choix que de moyens. Ceux qui préfèrent les grandes retrouvailles au village pour cultiver le champ familial et partager les contes des grands-parents le disputent à  ceux, de plus en plus nombreux, qui vont voir ailleurs. l’essentiel étant de passer de belles et riches vacances, et de revenir d’attaque pour une rentrée qui arrive toujours trop vite.