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Les gros porteurs, cauchemar des Bamakois

Quand ils vous dépassent ou que vous les dépassez, vous pouvez sentir votre cœur battre violemment dans la poitrine. Une…

Quand ils vous dépassent ou que vous les dépassez, vous pouvez sentir votre cœur battre violemment dans la poitrine. Une frayeur angoissante s’empare de vous le temps que vous vous éloigniez. La noria des gros porteurs dans le centre de Bamako constitue une préoccupation majeure, qui empoisonne l’existence des populations de la capitale. Les dégâts causés par ces mastodontes dangereux, entraînant parfois des pertes en vies humaines, sont légion sur les grands axes, comme la route reliant Kati et Bamako, à l’ouest, les routes qui convergent vers la Tour de l’Afrique, l’avenue de l’OUA menant au Pont des martyrs, la voie qui traverse Ngolonina en direction de Niaréla, la route de Sotuba.

Les risques d’accidents gravissimes hantent l’esprit des usagers. Il y a quelques mois, un camion-citerne s’est renversé sur la bretelle qui longe l’avenue de l’OUA, à Faso Kanu, provoquant la mort d’une quinzaine de personnes. À la seule idée de traverser un quartier comme Ngolonina, port d’attache de toutes sortes de gros porteurs, comment ne pas avoir des crampes d’estomac, tellement le parcours est un véritable calvaire lorsque vous avez le malheur de tomber sur ces ogres de la route ! Les gares qui les hébergent sont saturées : Faladié, Sogoniko et Djikoroni-Para.

Il en va de même des aires de stationnement de Ngolonina pour les bus qui font le va-et-vient vers diverses localités du Mali. Conséquence : Bamako est littéralement asphyxiée ! Des bouchons monstrueux, des embouteillages infernaux, pratiquement à toute heure. Un document de la Direction de la régulation de la circulation et des transports urbains le constate : « Bamako, capitale économique et politique du Mali, est le point de départ et [d’arrivée] de près de 70% du trafic de marchandises intra et extra national. Ainsi, la ville reçoit quotidiennement plus de 500 gros porteurs, soit en chargement / déchargement, soit en transit vers d’autres destinations ». 

Ce sont donc entre deux et trois millions de tonnes de marchandises solides que la Direction nationale des transports gère chaque année. Une réponse radicale à cette situation invivable s’impose. Pour contrôler ce mouvement des poids lourds, un ambitieux projet a été conçu par la mairie du District de Bamako, il y a trois ans déjà. Ses objectifs, entre autres, visent « à réduire l’accès des camions gros porteurs au centre-ville de Bamako et aménager des gares routières modernes et sécurisées autour de Bamako ». L’espoir pourrait aussi venir du projet de construction d’une plateforme logistique de 1 000 hectares à Nionsombugu, à 70 km de Bamako, sur la route allant vers Kayes et le Sénégal. Cette concession, consentie en 2018 à Dubaï Ports World (DP World), troisième exploitant portuaire mondial, disposerait d’une structure d’accueil de 4 millions de tonnes de fret par an. Vite ! Les Bamakois veulent mieux respirer.

Diomansi Bomboté