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Guerre au Mali : la thérapie de l’humour…

Depuis le 10 janvier 2013, le Mali,a à  ses côtés les forces alliées françaises et tachadiennes qui combattent les terroristes…

Depuis le 10 janvier 2013, le Mali,a à  ses côtés les forces alliées françaises et tachadiennes qui combattent les terroristes au Nord du pays. Des bandits armés qui prônent la «Â charia», (loi islamique), ont pris le contrôle des trois principales régions du Nord du Mali depuis avril 2012. Trois mois auparavant, ce sont les activistes du MNLA (mouvement national de libération de l’Azawad) qui ont pris les armes et demandaient une partition du pays. La «Â guerre » est enclenchée pour la libération des territoires du Nord du Mali. La société malienne fait face à  une situation sans précédent. Jamais le Mali n’a connu de guerre de cette ampleur. l’occupation des deux tiers du territoire du Mali par les «Â bandits armés » a été une rude épreuve pour les citoyens maliens. «Â l’humour est comme un miroir. La société se regarde dedans et corrige ses défauts ». C’’est en ces termes métaphoriques que Soumaà¯la Oulalé, socio-anthropologue définit ce mot. Selon lui, «Â l’humour est très important en période de guerre. Elle permet à  la société de faire appel à  son identité culturelle et renforce la cohésion sociale. Cependant, il faut faire attention à  ne pas l’utiliser pour oublier la guerre mais essayer d’éduquer à  travers l’humour ». « Redonner le sourire au peuple De nombreux humoristes Maliens, Ivoiriens et d’autres pays d’Afrique se retrouvent à  Bamako et animent des plateaux d’émissions humoristiques. l’humoriste Malien, Djéli Moussa Diabaté surnommé ATT junior nous en dit plus «Â La Côte d’Ivoire a connu la guerre comme le Mali connaà®t la guerre aujourd’hui. Nous voulons redonner le sourire au peuple Malien à  travers l’humour malgré les problèmes actuels.» Les scènes de comédie proposées par ces artistes interpellent le citoyen lambda, C’’est le cas de ce jeune ressortissant du Nord du Mali, il s’agit d’Abdoulaye Maà¯ga âgé d’une vingtaine d’années, étudiant à  Bamako. Il partage son état d’âme : «Â J’aime regarder et écouter tous ces comédiens, ils nous aident à  surmonter les difficultés liées à  la guerre. Mes parents sont restés à  Tombouctou. Je pense à  eux quand je vois cette émission et je veux me battre à  ma façon pour la libération de nos territoires. » l’humour permet de dérider en temps de guerre l’«Â état d’urgence » a été décrété au Mali depuis plusieurs semaines, interdisant tout rassemblement et attroupement dans les lieux publics. Les humoristes professionnels n’ont donc plus de spectacle à  animer. Gnamian Bi alias  » Mareshal Zongo » est un comédien d’origine ivoirienne, il réside à  Bamako depuis deux ans. Cet humoriste panafricain s’exprime sur l’humour en période de crise : «Â la situation au Mali est un choc que tout le monde subit. La Côte d’Ivoire a traversé dix ans de crise et se remet petit à  petit. l’humour utile que nous véhiculons consiste à  aider les populations à  supporter le poids de la guerre, à  éveiller les consciences et à  interpeller tout un chacun sur le sort du pays.» Des milliers de Maliens suivent les émissions humoristiques sur leur petit écran. C’’est le cas de ce jeune ressortissant du Nord du Mali, Abdoulaye Maà¯ga, «Â J’aime regarder et écouter tous ces comédiens, ils nous aident à  surmonter les difficultés liées à  la guerre. Mes parents sont restés à  Tombouctou. Je pense à  eux quand je vois cette émission et je veux me battre à  ma façon pour la libération de nos territoires » s’exclame-t-il. Cheik Cissé est professeur à  l’université de Cocody à  Abidjan, en Côte d’Ivoire. Au moment o๠ce pays était secoué par la rébellion, il était présent à  Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire: «Â l’humour permet, évidemment, de dérider en temps de crise. Les Algériens savent gré à  mon ami caricaturiste Slim de leur avoir rendu le sourire par ses caricatures sur la société algérienne au moment de la décennie noire (1990-2000) o๠l’Algérie était confrontée au péril islamiste. Lorsqu’une société est confisquée par la violence comme ce fut le cas de mon pays, les citoyens ont besoin de trouver des raisons de défoulement pour atténuer les difficultés qui couvrent leur quotidien. » l’humour est présent dans le quotidien de tout un chacun l’atmosphère détendue recherchée, facilite à  coup sûr la cohésion sociale surtout en temps de conflit. C’’est l’exemple que nous donne M. Cissé, professeur à  l’université de Cocody ; «Â Lorsque la rébellion du 19 septembre 2002 a éclatée, je me souviens qu’une fois dans un bus, une altercation s’est produite entre le receveur et un client. Le premier reprochait au second de gêner le passage des autres usagers parce qu’il s’était arrêté devant la porte d’entrée du bus. Je me suis déplacé vers le receveur pour tenter de le calmer, il laissa éclater sa colère en disant : «Â C’’est cet individu-là  qui indispose tout le monde dans le bus, je ne sais pas pour qui, il se prend, je suis vraiment fâché. », l’autre protagoniste de répondre : «Â Si tu es fâché, va à  Bouaké! ». Cette réplique cinglante a provoqué l’hilarité générale dans le bus, car l’allusion était claire; Bouaké étant à  l’époque la capitale de la rébellion armée. » l’humour montre les faiblesses des gens tout en les faisant rire. Avec ses valeurs thérapeutiques, l’humour aide à  guérir les maux de la société. Dans le cas du Mali, les humoristes sont appelés à  tirer des leçons de la situation actuelle pour en faire bénéficier les Maliens qui n’ont pas l’habitude de la guerre.