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Guinée-Bissau : drôle de putsch ?

Le premier ministre Carlos Gomes Junior a été placé en résidence surveillée dès sa destitution, ainsi que le chef d'état…

Le premier ministre Carlos Gomes Junior a été placé en résidence surveillée dès sa destitution, ainsi que le chef d’état major des armées José Zamora Induta. Leur arrestation fut suivie de celles d’une quarantaine d’officiers de l’armée bissau guinéenne. Le président élu en juin 2009, Malam Bacai Sahna a qualifié l’acte de mal entendu entre militaires et en est resté là . C’’est bien la première fois que dans un pays, un coup de force est perpétré non pas contre le chef d’Etat, mais plus tôt contre son 1er ministre et chef d’Etat major. Cela s’explique par le fait dans ce pays, ce dernier symbolise la puissance de l’armée, seule détentrice du pouvoir politique dans ce pays. La Guinée Bissau il faut le dire, est un pays militariste o๠les coups d’Etats sont monnaies courantes et le narcotrafic y occupe une place importante. Qui est le cerveau de l’opération ? Un seul nom revient à  la bouche de tous, notamment l’amiral Bubo Na Tchute. Celui là  même qui avait été accusé par les autorités, de tentative de coup d’Etat en 2008 contre le défunt président Nino Vieira. Il s’était alors exilé durant une année en Gambie avant de revenir en toute clandestinité au mois de décembre dernier. Il avait alors élu domicile au bureau bissau-guinéen des Nations-Unies. Après avoir appris que Bubo Na Tchute s’était réfugié au Nations-Unies, un conseil des ministres extraordinaire a été convoqué par le gouvernement. l’ONU avait été invitée à  participer aux discussions sur le sort de l’amiral. Le premier ministre Carlos Gomes Junior et son gouvernement étaient bien décidés à  mettre Bubo sous les verrous. Il indiquait il y a quelques mois que « l’amiral Na Tchute avait échoué une tentative de coup d’Etat contre Nino et avait tenté de déstabiliser l’Etat de droit et le pouvoir militaire. » Tout porte à  croire que le cerveau de ces actes est bien entendu, l’amiral Bubo Na Tchute. Bubo Na Tchute quitte les locaux de l’ONU Les officiers sont partis chercher leur chef Bubo au bureau des Nations-Unies. Celui-ci en sortant, a signé un papier attestant qu’il quittait l’ONU de son plein gré. Le chef d’Etat major adjoint, le général Antonio Indjai a remplacé son chef à  la tête de l’armée. Il est même apparu aux côtés de Bubo Na Tchute lors de la conférence de presse ayant suivi les évènements. Le premier ministre en résidence surveillé, a dès les premiers instants, obtenu le soutien de la population qui avait envahi les rues de Bissau. C’’est à  la suite de ce soulèvement que l’amiral Bubo Na Tchute a convoqué une conférence de presse. Il a expliqué : « Je veux lancer un appel au peuple. Quiconque sortira dans la rue pour manifester sa solidarité envers le premier ministre, sera balayé de la rue. Le chef d’Etat major Zamora est détenu parce qu’il a fait beaucoup de mal. Il a même ordonné qu’on tue son adjoint Antonio Indjai » Il ajoute que son rival, le premier ministre ayant commis beaucoup d’erreurs, devra répondre de ses actes devant la justice. Carlos Gomes Junior est présentement assigné à  résidence et aux dernières nouvelles, le président Malam Bacai Sahna négocie sa libération. Réussira-t-il à  faire libérer son chef du gouvernement face à  une situation o๠il est resté impuissant, si tant est que le chef d’Etat général des armées est en toute logique, le président de la république ? La question reste posée dans ce pays o๠la gouvernance fonctionne d’une manière assez bizarre et o๠l’on ignore la différence entre le pouvoir politique et l’armée. l’Union Africaine, la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, le Portugal et toute la communauté internationale ont condamné cet acte qu’ils qualifient de coup de force.