Société




Hadj 2016, les perspectives sont bonnes

À deux mois du grand pèlerinage à la Mecque, les autorités sont à pied d’œuvre depuis le 2 mai dernier,…

À deux mois du grand pèlerinage à la Mecque, les autorités sont à pied d’œuvre depuis le 2 mai dernier, date du lancement de la campagne du hadj 2016. L’objectif est de permettre aux 9 000 pèlerins maliens de pouvoir effectuer en toute sérénité ce voyage prescrit par le Coran. Les défauts récurrents dans l’organisation, (hébergement, voyage, restauration, etc.), ainsi que les tragiques événements survenus à Mina en 2015, ont entrainé de nombreuses protestations du côté de l’opinion publique, emmenée par certaines associations musulmanes. Toutes choses qui ont poussé le gouvernement à s’impliquer d’avantage, en lien avec l’Arabie Saoudite, et à entamer la régulation d’un secteur dans lequel des centaines d’intervenants sont impliquées.

Des fidèles du monde entier s’apprêtent à effectuer le pèlerinage à la Mecque, cinquième pilier de l’islam. Au Mali, ce sont 9 000 pèlerins, 1 500 pour la filière gouvernementale et 7 500 pour la filière privée, qui auront la chance de prendre part au hadj. Lancée, le 2 mai dernier la campagne du hadj 2016 prendra fin le 31 juillet prochain, affirme-t-on au niveau de la Maison du hadj à Bamako, une structure sous tutelle du ministère du Culte, désormais en charge de l’organisation. Pour cette édition, l’Arabie Saoudite a décidé de numériser l’ensemble du système d’inscription. Chaque État autorisé à organiser le hadj est inscrit sur un site Internet. Il constitue la fenêtre électronique pour l’obtention du visa. Pour le cas du Mali, le site est logé à la Maison du hadj. L’objectif selon Ibrahima Diaby, son directeur adjoint, est de permettre une organisation transparente et fiable afin d’éviter dans la mesure du possible des difficultés telles que la tragédie de Mina. Au niveau de la structure, on précise que le délai pour s’inscrire sur le site est fixé au 21 juillet, « car il faut attendre 20 jours pour obtenir un passeport biométrique », explique-t-il. Passé ce délai, il sera difficile, voire impossible de participer au hadj 2016.

Quota

Chaque année, l’Arabie Saoudite octroie un quota aux États, en fonction de leur population : 1 000 pèlerins pour un million d’habitants. Avec seulement 9 000 pèlerins, le quota du Mali est donc loin d’être atteint, « le Mali devrait pouvoir envoyer 17 000 pèlerins au lieu 9 000 », explique Fatimata Cissé, présidente de l’Association malienne des agences de voyage et de tourisme (AMAVT) et coordinatrice de la commission d’organisation du pèlerinage de la filière privée. Selon le ministère, cette situation trouve son explication à deux niveaux : le premier est en rapport avec les travaux de construction et de réaménagement en cours après le drame de Mina. « Les autorités saoudiennes ont décidé de retirer 20% sur l’ensemble des pèlerins de chaque État », explique Ibrahima Diaby. La seconde explication, toujours selon notre source, est liée à une erreur quant au nombre actuel de la population malienne dans le document disponible au niveau des autorités saoudiennes, où il est de 13 millions d’habitants. Les erreurs ont été rectifiées en février dernier, mais il faudra attendre l’année prochaine pour que les nouvelles données soient prises en compte dans la répartition des quotas. Ce sont donc 7 500 pèlerins qui sont répartis entre 196 agences de voyage pour la filière privée, elles aussi, reparties en 36 regroupements. La Maison du hadj étant désormais un Établissement public à caractère administratif (EPA), chaque agence de voyage doit lui payer des frais, soit 20 000 francs CFA par pèlerin. « Cette mesure ne concerne pas les pèlerins de la filière gouvernementale et ce n’est pas juste car tous les pèlerins sont des Maliens », se plaint Fatimata Cissé.

Difficultés et perspectives Alors même que les premiers vols pour le pèlerinage sont attendus au mois d’août (entre le 19 et le 20), « la difficulté majeure se trouve au niveau des enregistrements sur le site en ligne. Comme d’habitude, les Maliens attendent la fin de la fête pour commencer les démarches. Or cette année, les mesures sont claires et le délai d’enregistrement prévu pour le 21 juillet est proche », explique Ibrahima Diaby. Par ailleurs, le ministère en charge du culte n’est pas en bons termes avec certains intervenants du secteur, tel que l’AMAVT. Pour Fatimata Cissé, le problème est l’immixtion du ministère dans la répartition du quota de la filière privée. « Depuis 1999, date de création de cette filière, l’État ne s’était jamais immiscé dans la répartition des quotas, alors pourquoi doit-on permettre cela aujourd’hui ? », questionne-t-elle. Selon la dirigeante, la filière privée est très bien organisée et structurée pour pouvoir mener à bien sa mission, alors que du côté du ministère, on évoque la question de la régulation du secteur.

Malgré les difficultés, les organisateurs du hadj 2016 sont unanimes sur les perspectives qui paraissent bonnes. « Les inscriptions se déroulent bien et des mesures d’accompagnement ont également été prises pour que tout se passe dans les bonnes conditions », affirme Fatimata Cissé. En effet, une commission nationale de concertation, en place depuis plusieurs mois et composée de l’ensemble des acteurs du hadj, est à pied d’œuvre afin d’éviter les difficultés liées à l’hébergement, la restauration et le transport routier sur place.

L’Après Mina

Selon le dernier bilan en date d’octobre 2015, le Mali compte 254 morts, 117 disparus et plusieurs blessés, suite à la bousculade intervenue à Mina le 24 septembre 2015. Dix mois plus tard, nombreux sont les parents de victimes qui réclament des explications à l’État. « Nous sommes malheureusement au même niveau d’information depuis cette date, car nous attendons toujours le rapport de l’Arabie Saoudite sur la question. Sans cela nous ne pouvons rien faire », explique Ibrahima Diaby. Comme Fatimata Cissé, le ministère explique qu’il n’y a pas autres explications à cette tragédie si ce n’est que cette tragédie est « la volonté de Dieu ».
Les autorités maliennes et saoudiennes semblent avoir tiré des leçons de cette tragédie. C’est du moins le constat au niveau de la Maison du hadj. En effet, les États qui participent au hadj avec les autorités saoudiennes ont convenu de la mise en place de bracelets électroniques. « Ces bracelets sont solides, donc difficile à déchirer. Chaque pèlerin en aura un sur lequel est mentionné son nom et son pays d’origine », explique Ibrahima Diaby. Par ailleurs, les tarifs du hadj 2016 sont fixés à 2 625 000 francs CFA pour la filière gouvernementale et 2 750 000 francs CFA pour la filière privée, soit un écart de 125 000 francs, qui représente la subvention de l’État malien pour chacun de ses 1 500 pèlerins.