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Hissène Habré, retour à la case départ

C'est le flou total qui règne en ce qui concerne la procédure juridique qui sera appliquée à  l'arrivée à  N'Djamena…

C’est le flou total qui règne en ce qui concerne la procédure juridique qui sera appliquée à  l’arrivée à  N’Djamena lundi par vol spécial de l’ex-président tchadien Hissène Habré, transféré du Sénégal à  la surprise générale. Le président Wade a informé par courrier son homologue tchadien Idriss Deby Itno « de sa décision de renvoyer dans son pays d’origine M. Hissène Habré », selon un communiqué vendredi du gouvernement tchadien qui « prend acte de cette décision ». « Par ailleurs, le gouvernement prendra attache avec l’Union africaine (UA), les ADH (associations des droits de l’homme) intéressées, ainsi que les victimes, pour l’organisation d’un procès équitable au Tchad », assurait le gouvernement. « C’est un coup de foudre. Personne ne s’y attendait. Rien n’est préparé, décidé », a affirmé un officiel tchadien. A l’heure actuelle, aucun officiel tchadien n’était en mesure de préciser ce qu’il adviendra à  Hissène Habré, réfugié au Sénégal depuis sa chute en 1990 et poursuivi pour crimes contre l’humanité, qui doit arriver lundi à  N’Djamena par un vol spécial pour y être jugé. Déception des victimes « On est inquiet car on ne sait pas ce qui va se passer », a estimé Clément Abayefouta, président de l’Association des victimes contre la répression politique (AVRP), qui regroupe les victimes du régime d’Hissène Habré. « C’est une déception pour nous les victimes. On ne s’y attendait pas. Le président sénégalais Abdoulaye Wade n’a pas respecté les clauses internationales », selon lui. « Il n’y a aucune garantie pour faire un procès équitable. Nous sommes en concertation entre nous pour voir ce qu’on va faire », a-t-il poursuivi. « C’est une prise d’otage A Dakar, un des avocats sénégalais d’Habré, El Hadji Diouf a affirmé que l’ex-président tchadien avait « réagi avec étonnement et surprise » à  la décision du gouvernement sénégalais et « il a lui-même utilisé le terme de kidnapping ». »Ce n’est ni une expulsion, ni une extradition, c’est une prise d’otage », a estimé l’avocat qui a ajouté que la défense de l’ancien chef de l’Etat tchadien qui vivait en exil au Sénégal était en train de rédiger « des plaintes » contre le président Wade pour « violation des droits de l’homme ». Ces plaintes seront déposées « au Sénégal, au niveau continental et au niveau international », a-t-il dit, affirmant que le président Wade serait « poursuivi pour complicité d’assassinat et d’actes de torture » au cas o๠il arriverait quelque chose à  Hissène Habré une fois rentré dans son pays. Ses défenseurs et des organisations de défense des droits de l’homme craignent qu’il ne soit porté atteinte à  la vie de M. Habré à  son arrivée au Tchad o๠il a déjà  été condamné à  mort par contumace. Me Diouf n’a pas dit o๠se trouvait actuellement l’ex-président tchadien, s’il avait déjà  été arrêté par les autorités sénégalaises en vue de l’expulsion, ou s’il était toujours dans un de ses domiciles au Sénégal. Accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture, Hissène Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 jusqu’à  son renversement en 1990, est réfugié au Sénégal depuis sa chute. Il avait été renversé par l’actuel président tchadien Idriss Deby Itno qui après avoir été un des généraux et proche conseiller d’Habré avait été accusé de complot et avait fui le Tchad en 1989 pour fonder sa rébellion et finalement renverser son ennemi juré. En 2006, l’Union africaine avait demandé au Sénégal de juger Hissène Habré « au nom de l’Afrique », ce que le président sénégalais avait accepté, mais aucune information judiciaire n’a été ouverte.