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Hollande et le Mali : quelques voix discordantes à droite et à gauche

"La Constitution dit qu'il peut être organisé un débat sans vote au Parlement dans les prochains jours. Je souhaite qu'il…

« La Constitution dit qu’il peut être organisé un débat sans vote au Parlement dans les prochains jours. Je souhaite qu’il ait lieu rapidement. Nous nous mettrons certainement rapidement d’accord », avec les responsables des deux assemblées reçus lundi soir, a-t-il dit à  la presse en marge d’un déplacement à  Caen. De fait, l’intervention au Mali met tout le monde d’accord, ou presque. L’opposition, en pleine préparation de la manifestation contre le « mariage pour tous », a mis de côté ses griefs ce week-end pour saluer l’engagement des forces françaises, décidé par le président de la République. SOUTIEN A l’UMP ET CENTRE Jean-François Copé a publié un communiqué dans lequel il « apporte son soutien à  la décision prise par le président Hollande d’engager les forces françaises au Mali afin d’entraver l’établissement d’un Etat narcoterroriste ». Le président de l’UMP ajoute, un brin critique : « Il était grand temps d’agir. » Jean-Louis Borloo, le président de l’UDI, s’est joint au chœur : « Je salue l’esprit de responsabilité du président de la République et du premier ministre dans cette situation d’extrême urgence et de danger pour la population malienne et pour les ressortissants français. » Le centriste estime que tous les partis doivent être solidaires : « La décision d’engager les troupes françaises est un acte grave qui nécessite un débat. Même si l’unité nationale ne se décrète pas, le rassemblement des forces politiques qui concourent à  la démocratie est nécessaire dans ces moments-là . » DEUX MESSAGES AU FN Même la présidente du FN Marine Le Pen a appuyé la décision de François Hollande, lundi 14 janvier : « Je la crois légitime », a-t-elle déclaré Marine Le Pen sur RTL. Pas question en revanche de donner un satisfecit global à  la politique étrangère française : « Je pense que le développement des islamistes au Nord-Mali est la conséquence directe de l’action, des choix, des erreurs manifestes, stratégiques, qui ont été faits notamment en Libye et en Syrie. » Jean-Marie Le Pen s’est lui insurgé contre ce déploiement de force : « Nous avons soutenu, avec M. Sarkozy et le soutien du PS, des rebelles djihadistes en Libye, même militairement, considérablement. D’ailleurs, c’est le boomerang : nous retrouvons en face de nous l’armement qu’on a parachuté aux djihadistes de Libye. Idem en Syrie, on souhaite la victoire des djihadistes de Syrie, et on la combat au Mali : comprenne qui pourra, c’est la démarche de la bonne femme saoule qui titube d’un bord à  l’autre de la route. » LA VOIX DISCORDANTE DE DOMINIQUE DE VILLEPIN Une voix discordante s’est tout de même élevée ce week-end, celle de l’ancien premier ministre, Dominique de Villepin. Dans une tribune au Journal du dimanche, il estime qu' »aucune des conditions n’étaient réunies pour décider de cette intervention ». Celui qui fut ministre des affaires étrangères, et partisan de la non-intervention en Irak en 2003, développe son argumentaire : « Nous nous battrons à  l’aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le Sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’AQMI [Al-Qaida au Maghreb islamique], sont autant de guerres différentes. » Il évoque l’isolement de la France sur ce dossier : « Nous nous battrons seuls faute de partenaire malien solide. Eviction du président en mars et du premier ministre en décembre, effondrement d’une armée malienne divisée, défaillance générale de l’Etat, sur qui nous appuierons-nous ? (…) Nous nous battrons dans le vide, faute d’appui régional solide. La Communauté des Etats de l’Afrique occidentale reste en arrière de la main et l’Algérie a marqué ses réticences. » Le texte intitulé « Non la guerre, ce n’est pas la France », s’interroge : « Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ? » SOUTIEN ET RESERVES A GAUCHE François Hollande ne bénéficiera pas non plus d’un soutien appuyé sur sa gauche. Jean-Luc Mélenchon a critiqué la position du président. « L’intérêt d’une intervention militaire extérieure pour régler le problème posé au nord du Mali est discutable. En décider alors que les intérêts fondamentaux de la France ne sont pas en cause, selon le chef de l’Etat lui-même, et alors que les troupes africaines sont engagées, est discutable », écrit le leader du Front de gauche dans un communiqué. Il regrette que le Parlement et le gouvernement n’aient pas été consultés. Le PCF aurait souhaité de son côté que l’intervention se déroule « dans le cadre d’une mission de l’ONU et de l’Union africaine, réalisée sous drapeau de l’ONU, par des forces maliennes et africaines, dans le strict respect de la Charte des Nations-Unies, dans les limites imposées par l’exigence de la souveraineté malienne ». « La France, ancienne puissance coloniale, ne peut apparaà®tre comme voulant poursuivre les pratiques dominatrices de la ‘françafrique’. » La méthode choque également Noà«l Mamère qui s’étonne « que le président de la République reproduise les mêmes méthodes que son prédécesseur en ne saisissant le Parlement qu’une fois les opérations lancées ». Le député écologiste rejoint ses collègues communistes dans sa critique : « On a le triste sentiment de revenir aux méthodes anciennes de la Françafrique. S’il y avait un vote au Parlement, je refuserai de participer à  cette mascarade. » Europe Ecologie-Les Verts a une position moins tranchée. Réservé sur la forme, le parti écolo admet la nécessité d’une opération « limitée dans le temps » dans un communiqué : « Conscients de la gravité de la situation, en ayant une pensée pour les otages retenus dans la région, EELV, tout en regrettant que le Parlement n’ait pas été consulté en amont de cette décision, souhaite que l’opération engagée par la France soit strictement limitée dans le temps et que l’armée française laisse très rapidement la place à  une force d’intervention africaine qui aura pour mission de veiller à  la mise en place, en accord avec les populations concernées, d’un processus démocratique et d’une paix durable. » L’EXTRàŠME GAUCHE CONDAMNE EN BLOC Le NPA d’Olivier Besancenot a réagi via un communiqué à  l’annonce de la mise en place de l’opération Serval : « Le NPA dénonce cette intervention militaire impérialiste décidée par Hollande, une fois de plus sur le dos des peuples ! Ce n’est pas de cette façon que les Maliens se libéreront de tous les fondamentalismes. » « Qui a dit que la Françafrique c’était fini ? » s’interroge le parti, qui dénonce un double discours de François Hollande, destiné à  « protéger les intérêts » de la France sur place. La porte-parole de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, met dans le même sac l’opération avortée en Somalie pour libérer l’otage et l’intervention au Mali. Elle dénonce l’attitude des soldats français, venus libérer « un barbouze », qui « ont assassiné indifféremment preneurs d’otages et civils ». « L’attitude de l’armée française en Afrique, qui se considère là -bas comme en terrain conquis, est révoltante. Troupes françaises hors d’Afrique ! » conclut-elle.