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Hotels à Mopti : La descente aux enfers

Depuis plusieurs années, le Nord de notre pays vit au rythme des prises d'otages spectaculaires, du brouhaha médiatique qui les…

Depuis plusieurs années, le Nord de notre pays vit au rythme des prises d’otages spectaculaires, du brouhaha médiatique qui les accompagne et des interventions musclées de certaines troupes sous-régionales pour, dit-on, circonscrire la «menace terroriste». Cette situation a porté un coup dur à  plusieurs secteurs d’activité économique, notamment le tourisme. Du coup, les Chancelleries européennes, notamment les Affaires étrangères françaises, ont dissuadé leurs ressortissants de choisir le Mali comme destination touristique. En oubliant certainement que le tourisme ne s’arrête pas seulement au Nord du Mali, et qu’il existe plusieurs autres destinations vers les régions sud du pays. En clair, il n’y a pas de doute, le tourisme malien est victime d’un lynchage médiatique à  l’occidentale. Les comptes au rouge A Mopti, à  l’instar des autres villes touristiques du pays, la situation est des plus dramatiques. Artisans, hôteliers, et autres acteurs du secteur, crient au désarroi. C’’est le cas, entre autres, de Siaka Doumbia, gérant de l’ «Â Hôtel Splendide » de Mopti. Pour lui, depuis la saison 2008, les comptes sont au rouge dans le secteur hôtelier de la région. «Â Pendant les périodes de grande saison (en novembre et décembre), mon hôtel faisait le plein de clients. Mais actuellement, depuis trois saisons, des chambres de l’hôtel peuvent restées fermées une année entière. Nous ne devons notre salut qu’à  l’organisation de séminaires par certaines ONG, et les quelques rares réservations des missions des départements ministériels, etc. Nous ne savons plus o๠mettre la tête » s’alarme l’hôtelier. Qui ajoute que beaucoup d’opérateurs ont finalement fermé boutique. M. Siby, n’en dira pas moins. Selon le responsable du «Â Motel de Sévaré », la situation des hôteliers à  Mopti est peu enviable. Notre interlocuteur dénonce la faiblesse des réservations d’hôtels, la mévente des produits dits de souvenirs, les mauvaises recettes dans les restaurants, etc. Bref, selon M. Siby, le secteur hôtelier ne vit plus ses meilleurs jours. Dominique, une Française installée à  Mopti dans le secteur de l’hôtellerie, a ouvert l’hôtel «Â Doux rêves ». Comme les autres opérateurs hôteliers, la baisse des recettes a plongé l’établissement dans une impasse financière. Mohamed, vendeur de produits artisanaux devant le «Â Motel de sévaré », abonde dans le même sens. Selon lui, l’absence de touristes à  Mopti a conduit à  une baisse considérable de sa production. «Â Le peu de bijoux que je fabrique, met des semaines à  être écoulé », s’alarme-t-il. Cabale anti-touristique malienne Au Mali, la saison touristique était marquée chaque année par la fréquentation des sites par les visiteurs internationaux ainsi que leur présence aux différentes manifestations touristiques et culturelles (festivals, cérémonies rituelles, etc.). Toute chose qui faisait de notre pays l’une des destinations touristiques les plus en vue. Mais depuis deux saisons touristiques, le secteur connait une descente aux enfers à  travers la baisse du taux de fréquentation. De 250.000 visiteurs en moyenne chaque année, nous sommes actuellement à  120.000 touristes seulement depuis 2009, soit une réduction de plus de 50% du taux de fréquentation. Ceci a eu des conséquences dramatiques à  travers l’arrêt des vols charters en direction de Mopti et de Gao, une annulation des réservations d’hôtels par des organisateurs de voyages, la réduction des dépenses liées à  la visite des sites (guidage, location véhicules, restauration, achats de cadeaux, etc.) Comme conséquences, le secteur touristiques fait face à  des difficultés pour les entreprises touristiques (agences de voyage, hôtels, locations de véhicule, etc.) Les artisans n’arrivent plus à  payer le salaire du personnel, les impôts et taxes, les prêts contractés auprès des institutions de financement, la baisse du niveau des investissements touristiques, l’arrêt de certains projets, surtout hôteliers, le désespoir de nombreux prestataires informels, etc. » Bref, avec la nouvelle donne, C’’est le ciel qui s’écroule sur la tête des acteurs touristiques, et C’’est une partie de notre économie qui est touchée.