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Housseini Saye : « Nous devons tout faire pour empêcher nos frères de partir »

La semaine dernière, des populations peules de Bandiagara ont commencé à quitter la ville suite à une rumeur d’attaque qui…

La semaine dernière, des populations peules de Bandiagara ont commencé à quitter la ville suite à une rumeur d’attaque qui les viserait. Une relative accalmie surviendra après une lettre du maire, Housseini Saye, appelant les populations au calme. Il fait le point de la situation pour Journal du Mali.

Quelle est la situation aujourd’hui à Bandiagara ?

Il y a une relative accalmie dans la tête des gens, mais personne n’a aucune assurance aujourd’hui compte tenu de tout ce qui prévaut. Mais, depuis notre communiqué et le démenti des chasseurs face à la rumeur disant qu’ils exigeaient des communautés peules de quitter la ville, il y a de quoi se rassurer et avoir un peu confiance. La peur est née du fait qu’on a attribué cette rumeur aux chasseurs dozos, ce qu’ils ont catégoriquement démenti. Où ces populations vont-elles aller ? Elles sont maliennes comme toutes les autres. Elles sont nées et ont grandi ici. Nous, cela nous attriste et nous humilie. On ne doit pas se fier aux rumeurs et se déstabiliser soi-même.

Dans votre lettre, vous avez parlé de négociations en cours pour enrayer la crise. Quels sont ceux qui y prennent part ?

Tout le monde. Nous négocions entre les chasseurs et les autres groupes armés. Il y en a certains qu’on ne connait même pas. Nous faisons de notre mieux pour trouver des intermédiaires et échanger avec eux. Cela donne des prémices, car on parvient à se dire certaines choses, même si ce ne sont pas des éléments sur lesquels on peut asseoir  tout de suite quelque chose. Nous essayons de parler avec ceux qui détiennent les armes mais aussi avec la population civile. C’est une initiative inclusive locale que nous menons depuis un certain temps.

Quel message avez-vous à lancer aux communautés ?

Ici, à Bandiagara, toutes les communautés sont unies. Il n’y a pas de Dogon différent du Peul et vice-versa. À Bandiagara il n’y a que des Bandiagarois. C’est pourquoi j’appelle cette communauté à plus de solidarité. Voir une partie des gens avec qui vous êtes nés et avez grandi partir sous vos yeux, montre une passivité qu’il faut dénoncer. On ne peut pas empêcher les gens de partir, mais nous devons tout faire pour qu’ils restent. Je demande la présence effective de l’armée, car c’est l’absence des forces armées qui crée tout le problème. Quand vous voyez une personne mourir devant vous, un village incendié, à qui pouvez-vous donner l’assurance qu’il y a la paix et qu’il faut rester ? L’État doit s’assumer, ouvrir des enquêtes sur ce qui se passe et lutter contre l’impunité.