IBK, un an déjà…

Pour ce premier anniversaire de l'accession d'Ibrahim Boubacar Keita au pouvoir, il y a tant à  dire. D'abord, il faut…

Pour ce premier anniversaire de l’accession d’Ibrahim Boubacar Keita au pouvoir, il y a tant à  dire. D’abord, il faut se rappeler que l’actuel président de la République du Mali, représentait l’homme providentiel. Celui qui se trouvait au bon endroit, au bon moment, en dehors d’un parcours sans faute, dans les arcanes de la politique. Le 11 Août 2013, IBK remporte la présidentielle de sortie de crise face à  son challenger Soumaila Cissé. l’euphorie est à  son comble et chacun de souviendra de ces images au domicile d’Ibrahim Boubacar Keita, lorsque Soumaila Cissé viendra féliciter son rival avec dignité. Sur ces images, Ibrahim Boubacar Keita apparaà®t détendu, loin de s’inquiéter de la tâche ardue qui l’attend. Présider un pays qui sort d’une crise politico-sociale sans précédents, d’une transition émaillée de troubles, et face à  un peuple malien, dont les espérances sont aussi vastes que l’océan, ne sera pas de tout repos. « Nous nous sommes rendus compte en arrivant de l’ampleur de la tâche, les caisses étaient vides, il fallait remettre la machine administrative en route », témoigne un proche collaborateur d’IBK. Retour à  l’ordre constitutionnel Après l’investiture officielle du 4 septembre, o๠IBK prête serment devant la République entière suivra l’investiture festive le 19 septembre 2013 avec pas moins de 19 chefs d’Etats et monarques africains. C’’est la tradition africaine : le Roi du Maroc, Idriss Deby Itno, Macky Sall, Alpha Condé, Alassane Ouattara, Denis Sassou Nguesso, Jonathan Goodluck du Nigéria, Ali Bongo et même François Hollande parmi tant d’autres, tous ont répondu à  l’appel et ont salué le retour à  l’ordre constitutionnel du Mali après le putsch du 22 Mars 2012. Si Amadou Haya Sanogo, entra dans l’histoire du Mali, en renversant l’ancien président ATT, il est désormais hors-jeu. l’un de succès de la présidence IBK, est en effet, de l’avis de nombreux Maliens, d’avoir expurgé le pouvoir des ex membres de la junte. D’abord Sanogo, lui-même, lors d’une opération sans précédents à  Kati et d’autres officiels, tels le Général Yamoussa Camara placé en détention. Retour à  l’ordre constitutionnel, retour des bailleurs au Mali, ne pouvait rimer avec un appareil d’Etat abritant encore d’anciens putschistes et en tout impunité. Aussi la réforme de l’armée, rime bel et bien avec les nominations de nouveaux généraux et IBK a déclaré vouloir: « une armée digne, à  hauteur de la Nation ». Passé cela, la question du Nord, et celle cruciale de la restauration de la souveraineté du Mali, sur tout son territoire est devenu l’enjeu principal de ce début de gouvernance, pour Ibrahim Boubacar Keita, qui nomme un banquier, Oumar Tatam Ly comme deuxième personnalité de l’Etat. Réputé, rigoureux, proche du président, ce dernier devra s’atteler à  remettre le Mali en selle, tandis que le Président IBK entreprend une tournée diplomatique hors du Mali , dès Septembre, pour restaurer l’image écornée du Mali. 2014 est alors décrétée Année de lutte contre la corruption. Vaste programme. Assises du Nord, Décentralisation et législatives Pour le premier trimestre, les Etats Généraux de la Décentralisation le 21 Octobre 2013 abordent la question du développement, du transfert de compétences et de ressources, notamment pour les régions nord o๠elle a n’a pas vraiment marché. Puis, les Assises du Nord tenues les 1er et 2 novembre 2013 à  Bamako réunissent la société civile du Nord, de Tombouctou, Kidal et Gao pour faire le bilan.Débats vifs lorsque deux journalistes, Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont assassinés à  Kidal le 2 novembre 2013. C’’est un coup dur pour le pouvoir qui fait face au retrait progressif de la France du nord du Mali après l’opération Serval de Janvier 2013; Novembre, C’’est aussi le mois des législatives qui vont conforter IBK dans sa majorité présidentielle en donnant près de 70 députés au RPM, le parti présidentiel. Avec quelques 17 députés, l’URD se positionne comme 2è force politique face à  l’ADEMA divisé par des querelles de leadership. IBK a désormais les coudées franches pour diriger le pays. Malgré tout, on attend toujours du Premier Ministre Tatam Ly, la feuille de route qui tarde. Au Nord, l’insécurité persiste. Les groupes armés défient régulièrement l’armée malienne et refusent de cantonner ou de désarmer, tels que le prévoient les Accords de Ouagadougou du 18 juin 2013. Pas facile de retrouver la souveraineté nationale. Sans oublier les djihadistes disséminés dans l’Adrar des Ifoghas, le Mujao éclaté et les attaques récurrentes sur des positions de la Minusma censée sécuriser le Nord du Mali. Le pays est loin d’être tiré d’affaires. C’’est sur ces dernières évolutions qu’IBK, à  l’occasion d’un voyage à  Paris, fait une sortie musclée dans la presse française : « La communauté internationale nous oblige à  négocier avec des groupes armés », déclare t-il au journal Le Monde, pour éclaircir le malaise sur la souveraineté tronquée du Mali. Du côté de l’opinion, on estime que Bamako est sous tutelle française et Kidal est la chasse gardée de François Hollande. Il y’a Affaires et…affaires Dès le mois de décembre 2013, une impatience généralisée caractérise de nombreux Maliens qui reprochent à  Ibrahim Boubacar Keita de trop voyager à  l’extérieur du pays. Plus tard, l’achat d’un nouvelavion présidentiel à  hauteur de 20 milliards de francs CFA constituera le premier gros coup d’épée dans l’eau. l’affaire Tomi tentera ensuite de mettre à  mal le Président de la République qui demeure imperturbable, quant à  ses liens présumés avec un parrain de la mafia corse. Tentative de déstabilisation, crient les uns, manœuvres, clament les autres. Très vite, l’affaire Tomi cède la place au contrat d’armements entre l’Etat malien et l’opérateur Sidi Kagnassy. Les Maliens crient à  l’outrage. Du côté du pouvoir, on tente d’expliquer que l’achat de ces armes, entre dans le cadre du rééquipement de l’armée malienne en formation avec les bataillons EUTM. La polémique enfle, puis retombe. Sur le plan politique, ce qui se joue, C’’est la mise en place du dialogue politique avec les rebelles armés du Nord, la reconstruction de la paix après la stabilisation. En février 2014, Oumar Tatam Ly n’a toujours pas délivré sa feuille de route. Les partenaires du Mali appellent pourtant à  oeuvrer dans le sens de la réconciliation nationale, réconciliation que s’approprie la société civile de Bamako à  Kidal. Sur le plan diplomatique, l’Algérie entre de plus en plus scène, pour jouer les médiateurs à  la place du voisin burkinabè. En interne, IBK subit un premier revers avec la démission surprise de son Premier ministre Oumar Tatam Ly, qui rend le tablier après six mois de service le 5 avril 2014. Dans une lettre rendue publique, il s’explique, fait état de dysfonctionnements et de divergences entre lui et le gouvernement. Mara, le populaire Pour sa deuxième carte, IBK choisit le populaire Moussa Mara pour remplacer Tatam Ly. Président de parti, jeune et plébiscité des Maliens, le choix de Moussa Mara va à  l’encontre des cadres du RPM, qui voient d’un œil glacial l’arrivée de cet ambitieux. Malgré tout, on salue unanimement cette nomination. Si d’autres pointent l’inexpérience de Mara, IBK en choisissant ce jeune comptable de carrière tient à  rester proche du peuple. Moussa Mara, 40 ans, est un homme qui communique beaucoup. Il se met donc à  la tâche très vite et rencontre tout le monde. Twitter, facebook, rencontres, Mara joue la carte de la proximité dans un Mali qui commence à  se fâcher et à  rappeler au président IBK ses promesses de campagne. Vie chère, les prix n’ont pas vraiment baissé. Pouvoir d’achat, la hausse tarde. Salaires, ils stagnent. Ecole, le dossier n’est pas encore lancé, autant de dossiers qui font bouillir d’impatience les Maliens qui ont pourtant voté IBK à  près de 78% des suffrages pour s’assurer un bonheur et un honneur. Côté économie, la relance tarde. Le nouveau gouvernement Mara, s’il reconduit la plupart des ministres de l’équipe précédente, se veut un gouvernement de combat. Dans sa déclaration de politique générale, Moussa Mara déroule un vaste programme aux Maliens. Ambitieuse, cette déclaration de politique générale, que n’a pu énoncer son prédécesseur et présentée à  l’Assemblée Nationale le 29 avril 2014, met en exergue la sécurité, la réforme des forces armées, la dotation croissante de ce secteur clé pour assurer la sécurité nationale, la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance etc. En marge de cette DPG, le retour de l’administration dans le Nord fait alors déclarer à  Mara devant les députés : « J’irai à  Kidal » ! Le 17 Mai 2014, Moussa Mara et sa délégation souhaitent rencontrer les préfets, sous préfets et gouverneurs du nord Mali, en proie à  la tension face aux rebelles du MNLA. Autorité de l’Etat oblige, C’’est bien avec l’aval d’IBK, que le Premier ministre atterrit à  Kidal aux alentours de midi. Sur les réseaux sociaux, on acclame Mara, on salue sa bravoure, sa détermination à  montrer aux belligérants que le Mali, C’’est aussi Kidal. Ce qui aurait du être un acte politique de forte portée symbolique, va pourtant tourner en drame. l’attaque du gouvernorat, la mort de 8 préfets et la prise en otages d’une trentaine de fonctionnaires, précipiteront le départ de Mara de Kidal vers Gao, puis à  Bamako. La déroute de l’armée malienne le 21 Mai dans une dite opération de sécurisation des personnes et des biens, que le gouvernement aura du mal à  assumer, va changer le statut de Kidal o๠flotte à  nouveau le drapeau des rebelles. Les Maliens sont déçus et le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maiga doit porter le chapeau. Il démissionnera quelques jours plus tard. l’opposition va suivre et lancera en Juin une motion de censure, sans succès. Très vite ensuite, le gouvernement de la République du Mali, accélérera le processus de paix et le dialogue inter-malien avec la reprise des pourparlers avec les groupes armés du Nord. Alger est choisie pour abriter un premier round des négociations en Juillet, puis Septembre. Objectif, tendre vers un accord global de paix, durable et définitif qui sera signé en terre malienne. En un an de gouvernance, le président Ibrahim Boubacar aura eu à  faire face aux défis nombreux de la sécurité dans le nord, la réouverture du dialogue à  Alger, et qui constituait l’une des lignes phares de son programme. Ce dialogue prendra certainement du temps, mettra aux prises des revendications vieilles de 70 ans face aux principes indétrônables de souveraineté nationale et d’intégrité territoriale du Mali. C’’est le statut de l’Azawad et quelle autonomie conférer à  ces régions sous développées du Nord, nœuds de tous les problèmes sécuritaires du Mali, qui est en jeu. Il faudra à  l’actuel locataire de Koulouba beaucoup de recul pour évaluer lui-même cette première année et sonder les Maliens, écouter ces concitoyens, revoir ce qui n’a pas marché et ce qui aura avancé. Il faudra en outre regagner la confiance des Maliens quelque peu désabusés mais aussi celle des bailleurs, le FMI en tête, qui dès ce mois ce septembre revient à  Bamako. Objectif: réévaluer l’aide au budget d’Etat suspendue.