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Ils ont marqué l’année 2012 1/2

Amadou Haya Sanogo : Ah non mon capitaine ! Il est incontestablement l'homme de l'année. Pour avoir renversé le président…

Amadou Haya Sanogo : Ah non mon capitaine ! Il est incontestablement l’homme de l’année. Pour avoir renversé le président Amadou Toumani Traoré, le 22 Mars, le capitaine Sanogo est entré dans les pages de l’histoire malienne. Inconnu jusqu’à  ce 21 Mars o๠il est apparu sur les écrans de la télévision nationale pour dissoudre les institutions maliennes et autoproclamer le CNRDRE, Amadou Haya Sanogo, traà®nait une mauvaise réputation au Prytanée militaire de Kati, la ville garnison à  15km de Bamako. Si la légende raconte qu’on serait venu le chercher dans un bar pour mener la mutinerie du 21 Mars qui devint un coup d’Etat, une version plus raisonnable, prête à  cet homme un passé agité. Un parcours somme toute banal, avant le quart d‘heure de gloire. D’ethnie sénoufo, ce jeune capitaine de 40 ans décrit comme peu bavard a fréquenté les académies militaires de Kati au Prytanée et l’Ecole militaire interarmes de Koulikoro. Ensuite professeur d’Anglais au même Prytanée, il en sera renvoyé avant de suivre des formations aux Etats-Unis, à  la base des Marines de Quantico en Virginie. l’affaire du bizutage de l’EMIA de Koulikoro o๠il était instructeur reste une part d’ombre dans sa carrière. Là  cinq élèves officiers ont trouvé la mort à  l’école militaire Interarmes de Koulikoro(EMIA) des suites de sévices corporels brutaux. Sanogo n’a pas directement été impliqué dans les faits, mais il figure parmi les militaires qui ont été renvoyés puisque tout le personnel d‘encadrement, dont il faisait partie, a été sanctionné. Marié et père de trois enfants, le capitaine Sanogo, dès le lendemain du Putsch, affirmait n’avoir jamais préparé ce coup de force, fruit du hasard selon lui… Mais son influence reste permanente sur la transition, ses apparitions télévisions plaisent ou agacent, et son avis et son avis compte sur la mobilisation de guerre et même si le militaires doivent rester dans les casernes, C’’est encore lui a fait tomber Cheick Modibo Diarra ce 11 décembre, après ATT… Le capitaine Sanogo qui ne cache plus ses ambitions présidentielle, si le peuple malien, lui en donne l’occasion, n’a en tout cas pas dit son dernier mot ! ATT, celui qui a tout perdu Parce qu’il était à  quelques encablures du port et gérait les patates chaudes en attendant de les passer à  son successeur que sa chute fut plus dure. Nombreux sont ceux qui l’accusaient depuis des mois de vouloir par tous les moyens se maintenir au pouvoir à  quelques mois des élections générales du 29 Avril 2012. Et même de se servir de la crise au nord pour en créer les conditions. La réception des femmes de militaires, les explications « vaseuses » face à  leur colère et incompréhension, la fuite du Palais de Koulouba, les cachettes dans Bamako et l’exil forcé au Sénégal, la lettre de démission et la demande de pardon… telles sont les images que l’on retiendra d’Amadou Toumani Touré en 2012, sa dernière année à  la tête du Mali. Ses défenseurs exhibent son bilan en termes d’infrastructures et d’action sociale, ses détracteurs la corruption et tous les maux de la société qui ont explosé pendant ses dix années de règne. ATT le grand le démocrate est sorti de l’histoire du Mali comme il y était entré, après un coup d’Etat. Dioncounda Traoré : Le coup du destin Beaucoup de Maliens ne pariaient pas sur le Pr Dioncounda Traoré, candidat du parti majoritaire ADEMA, pour les élections qui devaient se tenir en 2012. On le caricaturait comme pusillanime et sans charisme. Le destin en a décidé autrement. Il était écrit quelque part que le nom du septuagénaire devait figurer dans la photo de famille des Présidents de l’histoire du Mali. Même sans élections, le professeur de Mathématiques est parvenu à  occuper le très convoité fauteuil de Président du Mali. Une possibilité à  lui offerte par la Constitution malienne en sa qualité de Président de l’Assemblée nationale. La présidence par intérim ne sera pas un long fleuve tranquille pour lui. Elle est marquée par une forte contestation d’une partie de la classe politique favorable au putsch du 22 mars qui le voit comme une imposition de la CEDEAO. Au terme de l’intérim de 40 jours, il est désigné pour diriger la transition d’une période d’un an. C’’est le tollé du côté des défenseurs du putsch qui, en représailles, vont l’agresser, le 21 mai, dans son bureau à  l’issue d’une marche de la COPAM. C’’est paradoxalement cet évènement qui lui confère la légitimité qui lui faisait auparavant défaut. De retour fin juillet à  Bamako après deux mois en soins à  Paris, il rentre pleinement dans son rôle de Président de la Transitin. La nomination d’un nouveau Premier Ministre, après le débarquement manu militari en fin d’année de Cheick Modibo Diarra, assied encore un peu plus son autorité. A côté de celle du capitaine Sanogo. Cheick Modibo Diarra: De la terre à  la lune à  la terre… Cheick Modibo Diarra. Quasi unanimement, les Maliens pensent qu’il n’aurait jamais dû entrer en politique. A l’annonce en début d’année de sa candidature à  la présidentielle, sous le sceau du parti Rpdm ( Rassemblement pour la démocratie), lancé le 6 Avril 2011, tous ont pointé son manque d’expérience. Son aura de grand intellectuel et de fils du Mali reconnu et apprécié à  travers le monde en a pourtant fait un candidat de choix pour le poste alors très convoité de Premier Ministre de la transition. Sa fraà®cheur en politique et le fait qu’il n’avait jamais participé à  la gestion de l’Etat plaidait en sa faveur. Mais la tentative a échoué. Après avoirs des mois durant cristallisé la frustration de la population qui ne voyait rien venir en termes de solutions à  la crise, et de la classe politique qui lui reprochait de céder au népotisme et à  la gabegie, C’’est de nuit qu’il est débarqué de l’attelage, forcé de démissionner par la junte qu’il s’était mis à  dos le 11 décembre 2012 au Mali. Le « navigateur interplanétaire » aurait peut-être mieux fait d’éviter la case « Bamako 2012». Zakiatou Wallet Halatine, une femme du Nord Ancienne ministre de l‘Artisanat et du Tourisme du Mali, cette femme d’origine touareg aura été sous les feux de l’actualité au lendemain des évènements du 22 Mars. En réaction au pillage de sa maison à  Kati par des éléments déchaà®nés favorables la junte, et contre les «Â  teints clairs » accusés d’avoir entraà®né la partition du pays, Zakiatou Wallet écrit une célèbre lettre au Président ATT. Dans cette missive, elle fustige le pouvoir d’ATT, son laxisme face aux communautés du nord ou au développement raté du nomans‘land nordique. Aussi, Mme Halatine appela ATT à  considérer les revendications et aspirations du peuple de l’Azawad, au moment o๠le Nord tombait aux mains des rebelles du MNLA : . «Â Le peuple de l’Azawad a droit à  une vie digne, responsable et paisible ; il ne fera l’économie d’aucun sacrifice pour y parvenir. Seul un dialogue sincère et respectueux, fondé sur une conscience collective de la nécessité de la paix et de la justice, permettra d’épargner à  nos peuples les affres d’une guerre de faibles. Un tel dialogue requiert humilité et lucidité », écrira-telle provoquant l’indignation d‘une part. Surtout, on lui reprochera d’avoir bénéficié des largesses de ce même régime qu’elle fustigeait dans sa lettre. Exilé en Mauritanie, avec sa famille, Zakiatou Wallet Halatine y a rejoint de nombreux membres du MNLA, un mouvement aujourd’hui défait par la prédominance des groupes islamistes au nord, comme Ansar Dine. Iyad Ag Ghali : de la rébellion à  l’occupation Iyad Ag Ghaly, rebelle touareg devenu terroriste islamiste… En s’alliant début 2012 avec le MNLA pour attaquer les principales villes du Nord Mali, celui que l’on a surnommé le « Renard du désert », a franchi une étape. A la tête du groupe islamiste Ançar Dine, il mène l’occupation du nord du Mali et a imposé la charia (loi islamique). Chef armé reconnu par ses pairs, Iyad, parti en Libye suite à  la grande sécheresse qui a frappé le Mali dans les années 70, y intègre la Légion verte de Kadhafi. En 1990, les Maliens le découvrent en meneur de la rébellion. Devenu incontournable dans les négociations pour la libération d’otages, il entretient des liens privilégié avec l’ex-président ATT qui le recevra à  plusieurs reprises à  Koulouba. La chute de ce dernier et le coup d’Etat qui a fragilisé le commandement de l’armée, lui offre une opportunité en or de prendre un pouvoir longtemps convoité dans le septentrion du pays. Aujourd’hui en négociations avec les autorités de Bamako pour trouver une sortie de crise, Iyad refuse pour l’instant de renoncer à  la charia et souhaite l’instauration d’une loi fondamentale basée sur le Coran. Lapidations, mains coupées, séances de flagellations publiques à  Gao, la charia d’Ansar Dine se veut radicale, avec à  sa tête des djihadistes à  la réputation obscure… Mahmoud Dicko : Une voix qui compte désormais La crise qui secoue le Mali aura permis de découvrir une autre qualité du très charismatique Président du Haut conseil islamique(HCI), Mahmoud Dicko. l’on se rappelle sa mission de bons offices pour trouver une solution pacifique à  la crise en tentant d’établir le contact entre le chef du groupe islamiste Ançar Dine, Iyad Ag Ghaly et les autorités maliennes. Agé de 58 ans, cet originaire de la région de Tombouctou, aujourd’hui aux mains des islamistes, est réputé pour son franc-parler qui l’amène à  rompre le silence très souvent pour se prononcer sur les maux dont souffre la société malienne. Le méga meeting des musulmans, organisé le 12 août dernier au Stade du 26 mars, a confirmé sa capacité mobilisatrice et l’a rendu encore plus populaire. Son objectif, donner du poids à  l’opinion des musulmans, largement majoritaires au Mali. Résultat : lors de la mise en place du gouvernement de large ouverture quelques jours plus tard, un portefeuille ministériel a été dédié aux Affaires religieuses et au Culte et est occupé par un membre du Haut conseil islamique, Mr Yacouba Traoré.