Économie




Immobilier : Le haut standing a le vent en poupe

L’immobilier reste un secteur porteur et les opportunités sont grandes pour tous les acteurs. Plusieurs offres existent et varient en…

L’immobilier reste un secteur porteur et les opportunités sont grandes pour tous les acteurs. Plusieurs offres existent et varient en fonction des coûts et des besoins de la clientèle. Parmi elles, celles de haut standing intéressent de plus en plus les promoteurs. Outre cette diversité d’offres, le secteur doit davantage s’adapter pour faire face à ses défis, en termes de financement notamment.

« Nous offrons des produits de standing supérieur pour satisfaire des clients souvent exigeants sur la finition et la sécurité. C’est le cas des multinationales qui envisagent de s’installer au Mali ou qui sont déjà là mais qui veulent loger leur personnel, comme la MINUSMA , EUCAP SAHEL, les ONG comme Save the Children, la GIZ…», confie M. Abdoul Aziz Touré, promoteur de Bamako Immobilier.

Clientèle variée

Ces logements, dont les prix à la location ou à l’achat « varient  fortement en fonction du standing et de la zone », sont sollicités par une clientèle aussi bien locale qu’étrangère. En effet, ces maisons ou appartements de location, dont les coûts mensuels peuvent varier de 7 0 000 francs CFA pour un F2 simple à 3 000 000 de francs CFA pour les villas luxueuses, sont l’apanage de ceux qui ont un séjour au Mali limité.

Mais de plus en plus de cadres maliens n’hésitent plus à faire construire leurs maisons pour 50 à 60 millions de francs CFA, confie un acteur du BTP. En effet, ils préfèrent rembourser à leur banque 600 000 francs CFA par mois et être chez eux  plutôt que d’être en location et de payer 200 000 francs CFA chaque mois.

« Véritable succès commercial », l’existence de programmes de construction de maisons à partir de 70 millions de francs CFA constitue une preuve de la croissance de ce secteur. Un segment dans lequel se sont presque spécialisés certains acteurs, qui proposent des villas d’un coût allant de 150 à 400 millions de francs CFA.

Outre les Maliens de l’intérieur, ceux de la diaspora « fortunée » sont aussi attirés par ces investissements. « Les maisons de leurs rêves dans le cadre qu’ils veulent », c’est déjà le souhait réalisé par les promoteurs qui sont à l’affût de ces nouvelles opportunités.

Adapter l’offre

Souffrant d’un « manque de communication et de reconnaissance pour ses acteurs », le secteur doit aussi s’adapter aux besoins de sa clientèle. Rendus réticents aux investissements immobiliers à cause de nombreux échecs, les Maliens de la diaspora éprouvaient le besoin « d’avoir leur toit au bercail », mais de manière sécurisée. Il fallait donc établir des ponts et rétablir la confiance entre les demandeurs et les promoteurs, afin de permettre à ces derniers de mettre à disposition les programmes adéquats. C’est à cet effet que le Salon de l’immobilier de Paris « est devenu un rendez-vous incontournable depuis 5 ans », explique son promoteur, M. Moussa Coulibaly. En réunissant les acteurs dans la capitale française et en leur faisant rencontrer les Maliens de ce pays et même d’Europe.

C’est dans le même cadre que s’inscrit le Forum de l’habitat, des banques et assurances du Mali (FOHABA), initié en 2015. Il se réjouit d’avoir comblé une grande attente des Maliens de l’extérieur : acquérir un logement dans des conditions sécurisées et avec les garanties souhaitées.  « Un concept accepté, parce que les futurs acquéreurs ne passent par aucun intermédiaire pour le versement de leur argent », explique M. Abdoulaye Traoré, promoteur de la rencontre.

Et lorsque les bénéficiaires s’engagent dans l’acquisition d’un bien immobilier quelconque, ils font leur choix et effectuent un versement correspondant à 20% de la valeur du bien sur leur propre compte.

Une étape après laquelle la banque, si elle approuve le crédit, paye le promoteur immobilier. Ce dernier exécute la construction en fonction du contrat passé avec la banque et un échéancier de paiement est mis en place avec le client. La maison est aussi assurée, à travers une garantie sûre.

Alors que le forum prépare sa dixième édition, il revendique 29 milliards  de francs CFA d’investissements pour plusieurs produits, comme des champs, des maisons, des terrains, dont certains en cours d’exécution.

Le FOHABA, grâce à un partenariat avec les sociétés immobilières pour commercialiser leurs produits,  a mis en place un programme de 2 000 maisons, dont la première phase consistera à la réalisation de 450 logements à un prix unitaire de 18 000 000 de francs CFA. Environ 700 demandes ont déjà été enregistrées pour ce programme et les maisons seront disponibles dès le paiement de 20% de leur montant.

Les Maliens de l’intérieur ne sont pas en reste et un programme de 100 logements a déjà été mis en œuvre par le FOHABA, à travers des coopératives, dont les adhérents doivent domicilier leurs revenus à la banque qui finance le projet.

Penser et construire autrement

Pour contribuer à la reconnaissance due aux acteurs du domaine, le promoteur du Salon de l’immobilier de Paris a lancé un magazine destiné à ces derniers. Et, désormais, il met en jeu un prix, le Ciwara de la construction, qui va récompenser les spécialistes de l’immobilier et promouvoir le mérite et les meilleures réalisations dans le secteur. Le maitre mot est : l’innovation. « Pousser le Malien à penser autrement et pousser les professionnels à construire autrement », c’est l’ambition affichée par M. Coulibaly. Il faut sortir des sentiers battus et « faire des maisons adaptées à notre climat, à nos moyens et à nos réalités ». L’exemple des maisons préfabriquées avec  des techniques qui ont fait leur preuve ailleurs peut  permettre de résoudre plusieurs difficultés du secteur immobilier et offrir notamment des solutions économiques et rapides.

Améliorer le financement

L’immobilier se porte bien parce que la demande reste forte, confient les acteurs, mais l’accompagnement des autorités est indispensable. De façon incitative, et même à travers une facilitation des financements.

Si « les loyers ont connu une légère baisse, à cause de la faible demande, depuis le début de l’année 2019, pour les petits commerces situés sur les artères principales la demande est assez forte. Les baux sont souvent signés avant même la livraison des chantiers », déclare M. Touré de Bamako Immobilier.

Il ajoute que, pour les ventes, le rythme s’essouffle, comparativement aux années précédentes, la situation sécuritaire du pays, combinée au manque de trésorerie et de liquidités, ayant freiné un peu les investisseurs à s’engager dans des projets aussi lourds. Néanmoins, ils restent attentifs aux bonnes opportunités.

Actuellement, sa société est sur un projet de vente de logements type économique à Tabacoro et Samaya. Il reste à trouver « le montage financier adéquat, avec des partenaires banquiers, pour faciliter l’accès au logement du plus grand nombre de Maliens, et particulièrement aux Maliens de la diaspora, qui sont assez demandeurs de ce type de projet. Ce qui leur permettra d’avoir une villa au pays avec des modalités de paiement plus accessibles et plus flexibles ».

« Le système bancaire est encore réticent au financement du domaine », note le promoteur du FOHABA. Si les efforts ont permis d’atteindre 20% de dépôt pour l’accès au financement, qui était de 30% auparavant, son souhait est que l’accès au logement soit encore plus facile. L’idéal étant d’arriver à pouvoir octroyer des logements à 0% de dépôt initial, car il faut s’adapter aux différentes bourses. Lorsqu’il y a un produit, il faut le mettre à la disposition du client et minimiser les risques. Les banques peuvent aussi multiplier les projets.

Fatoumata Maguiraga