Le rapport 2020 de l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG), réalisé par la fondation du milliardaire anglo-soudanais Mo Ibrahim, a été publié le 16 novembre. Il prend en compte les progrès réalisés en 2019 et conclut que, pour la première fois en 10 ans, l’état de la gouvernance en Afrique s’est dégradé. Le Mali occupe la 31^ème place sur les 54 pays évalués. Les opportunités économiques constituent l’un des principaux critères et le pays a enregistré une progression de 3,1 points de 2010 à 2019, étant 26^ème dans cette catégorie. Cependant, le rapport relève un risque de détérioration.  

L’IIAG a évalué l’état de la gouvernance des pays africains selon quatre grandes catégories : Participation, droits et inclusion, Sécurité et État de droit, Développement humain et Fondements des opportunités économiques. Pour la première fois, en 2019 la note de la gouvernance a reculé et seule la dernière catégorie, les opportunités économiques, a été épargnée. Le rapport prévient qu’il y a des risques que la position du Mali dans cette catégorie se détériore. « Fondements des opportunités économiques » se subdivise en quatre grands secteurs : Administration publique, Climat des affaires, Infrastructures et Secteur rural. Les deux premiers ont connu respectivement une régression de 6,1 et 1,7 de 2010 à 2019. Le secteur rural présente des signes de risques, mais celui des infrastructures connaît une amélioration de 16,3 points. Selon l’économiste Dr. Dramane Traoré, ce constat est tributaire de la situation socio-sécuritaire du Mali, qui altère le climat des affaires  « Le contexte de la crise actuelle du Mali explique tout. Le pays est en guerre depuis 2012 et nous sommes en période de transition. On ne peut pas dire qu’en 2021 on peut espérer une accalmie ou un retour à la normale. Tous les risques sont liés à la nature de l’environnement économique. Même dans le dernier classement de l’Indice du développement humain, le Mali fait partie des États fragiles ».

Dans la catégorie « Sécurité et État de droit », sur la période 2010-2019 le Mali a perdu 7,9 points. Cependant, pour Sinè Diarra, économiste, « tous les rapports d’évaluation sur la gouvernance ont a priori des critères très subjectifs ». Il pense que pour des critères objectifs, comme le taux de croissance, on peut accorder plus de crédit. Néanmoins, il estime que l’environnement sécuritaire et l’instabilité politique pourraient jouer un rôle dans les prédictions de l’IIAG.

Boubacar Diallo

Chiffres

31^ème sur 54 : Classement du Mali

26^ème sur 54 : Classement en termes d’opportunités économiques

1,7 point : Régression dans le climat des affaires