Économie




Investissements : « Maîtriser les risques liés aux PPP »

Le rapport 2018 de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), publié la semaine dernière,…

Le rapport 2018 de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), publié la semaine dernière, s’inquiète de la baisse des investissements dans le monde. Bineswaree Bolaky, spécialiste des affaires économiques à la division Afrique de l’institution, donne des clés pour dynamiser l’investissement sur le continent.

Que doivent faire en priorité les pays africains pour attirer les investissements ?

Utiliser les ressources naturelles pour développer le secteur agricole. Passer du cacao brut à la fabrication de chocolat local, comme c’est actuellement le cas au Ghana et en Côte d’Ivoire. Ou passer de la production du coton à celle de produits textiles, avec le coton organique. Il y a beaucoup de secteurs qui pourraient être développés autour de ces ressources naturelles et des industries extractives.

Le Mali et d’autres pays africains sont confrontés à des enjeux sécuritaires. Quelles solutions ?

Le développement ne peut pas se faire sans la paix et la sécurité. Pour développer le secteur touristique, attirer l’investissement direct étranger, la question de l’environnement sécuritaire est incontournable. L’Union africaine a là une responsabilité pour sensibiliser les pays à promouvoir la coopération régionale et le dialogue afin de créer les conditions du développement de l’investissement et des échanges commerciaux. Aucun pays ne peut faire face seul.

On attend beaucoup du secteur privé…

Le secteur privé est primordial. Il faut le dynamiser, libérer son potentiel et que l’intégration régionale, qui se met en place au niveau de l’UA mais aussi des ensembles sous-régionaux, bénéficie aux entreprises africaines. Le vrai défi reste sa mise en œuvre, il faut une vraie volonté politique. Il faut une Union africaine qui pilote des projets régionaux. Ce modèle est faisable, mais demandera aussi un nouveau modèle de partenariat public privé, ainsi que beaucoup plus de dialogue entre les gouvernants, le secteur privé et la société civile.

Que pensez-vous de l’accent particulier mis sur les PPP quand on parle d’investissement?

Notre rapport 2016, qui portait sur l’endettement en Afrique, relevait un accroissement en termes de partenariats public – privé, ce qui est une  bonne chose, parce que la mobilisation des ressources  est une grande question. L’endettement est inévitable en Afrique, car il faut diversifier les sources de financement. Le PPP peut être un nouveau modèle, mais il faut en maîtriser les risques et s’assurer que les États ne récoltent pas des dettes supplémentaires, parce que si les projets financés par PPP n’aboutissent pas, il y a un risque que les gouvernements, garants des investissements, se retrouvent endettés. Il faut donc être vigilant par rapport aux passifs éventuels.