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Iss Bill : faire du rap pour qu’on le…réécoute

Iss Bill, jeune rappeur malien, dans « Rebelle », morceau tiré d'une mixtape intitulée « Les aventures d'IBK », dit…

Iss Bill, jeune rappeur malien, dans « Rebelle », morceau tiré d’une mixtape intitulée « Les aventures d’IBK », dit de lui-même : « Je suis ingouvernable /J’ai plus de gars sûrs que François Hollande n’a de partisans/J’suis opposant, mais pas Mariko/Je n’veux pas entrer dans l’histoire en trichant comme Haya Sanogo ». Paroles travaillées, rap conscient, engagement dans le texte, ce rappeur de 24 ans dénonce dans cet album ces dirigeants pour qui le peuple n’est que « vanité », les crimes contre l’humanité, l’Union Africaine, « ces millions par mois pour des putschistes ». Et surtout la guerre en Afrique, singulièrement celle au Mali, qu’il évoque dans les morceaux « Maliba for ever » et «Combien d’fois on va les dénoncer », o๠il appelle les Maliens à  l’union, à  « libérer la paix et à  enterrer la hache de guerre ». «Quand les C’œurs ne s’unissent pas, C’’est Sheà¯tan (Satan) qui régale/ Ne me parles de charia quand tu pues la haine/ Tu me feras rire comme Ossama Ben Laden», crie-t-il contre les hordes barbares d’AQMI, du MUJAO et d’ANSAR Dine, qu’il appelle « des imposteurs » qui « ont remplacé la notion de Jihad par fusillade. » Iss Bill, de son vrai nom Issouf Koné, est venu au Mali de la Côte d’Ivoire en 2012 pour entrer à  l’université. Mais, le diplôme du bac en poche, la musique prenant trop d’ascendant,les difficultés financières s’en mêlant, il a fait son deuil des études pour se lancer dans le rap. Au lycée, à  Abidjan, l’album « Dans ma bulle » de la rappeuse française d’origine chypriote, Diam’s, qu’il considère comme un grand talent du rap français, l’a beaucoup marqué. Enfant, il était turbulent, passe le plus clair de son temps à  trainer devant les boites de nuit, les maquis, ce qui lui vaudra le surnom de Billy the kid, célèbre hors-la-loi du XIXe siècle. D’o๠« Bill » de son nom d’emprunt.Pour lui, le rap, C’’est une affaire de talent.» « Y a rappeur et rappeur » Au Mali, dans ces dernières années, le microcosme du rap a poussé comme un champignon. Le rap est devenu un art un peu prisé, plus qu’il y a une décennie, o๠celui qui choisissait de faire du rap était logé à  la même enseigne que quelqu’un qui a commis un crime de lèse-majesté. Aujourd’hui, admet Iss Bill, « le rap a beaucoup évolué, il y a beaucoup de jeunes qui font des choses impressionnantes, qui ont du talent.» Mais, relativise-t-il, « C’’est vrai qu’il y a des dérapages, comme les clashes insupportables qui n’en finissent pas. Et y a rappeur et rappeur : il y a ceux qui le font parce que les autres le font, et ceux qui le font avec du C’œur; ces derniers sont très peu.» Pour lui, le « clash salit l’image du rap » et il propose à  sa place de faire l’égotrip (Un texte est dit egotrip s’il a pour but de flatter son propre ego, de se vanter. Sa forme est souvent plus travaillée que son fond car un texte egotrip est rarement à  prendre au premier degré). C’’est un fait, au Mali, les adolescents sont les plus friands du rap, contrairement à  aux adultes qui sont pour la plupart d’avis qu’il est inutile et ne vaut pas une heure de peine. « Quand il n’y a que des enfants qui s’y intéressent, C’’est que ce n’est pas intéressant. Mais si ce sont des médecins, avocats, écrivains, directeurs, policiers, ça veut dire que ce qu’on fait est bien, comme Mylmo par exemple, que tout le monde aime… », dit Iss Bill. Que ceux qui pensent que « Les aventures d’IBK » parlent d’Ibrahim Boubacar Keà¯ta se détrompent : il s’agit de Iss Beat Killer (IBK), donc Iss Bill lui-même. Avec son groupe Bamada City Crew (Groupe d’artistes de rue réunissant rappeurs, graffeurs, DJs, breakdancers… tout ce qui touche à  la culture Hip Hop), il prépare un album mais continue ses aventures solo. Son album, dont « Les aventures d’IBK » est le prélude, sera bientôt mis sur le marché.