Société




Jeunesse malienne : un volcan qui dort ?

Au Burkina Faso ou au Sénégal, les jeunes se font entendre et prennent position dans la vie politique de leur…

Au Burkina Faso ou au Sénégal, les jeunes se font entendre et prennent position dans la vie politique de leur pays. Au Mali, la jeunesse n’est pas silencieuse, même si son discours n’a pas encore la puissance des « Y’en a marre » et autre « Balai Citoyen ».

Depuis quelques mois, les mouvements se suivent et ont un point commun : la jeunesse malienne revendique son droit à la parole. « Mali100Mega », « Boycott Orange », mais aussi d’autres moins connus ont fleuri sur les réseaux sociaux et dénoncent les problèmes actuels de la société malienne. « Nous sommes jeunes et nous représentons une génération qui a rarement son mot à dire ». C’est globalement ce qui ressort quand on tend le micro aux jeunes Bamakois. Cette génération qui ne s’estime pas assez écoutée, est consciente de ce qui se passe dans la société malienne de tous les jours et ne se gêne pas pour le dire. À l’instar de Zeina, 18 ans, étudiante en multimédia, qui considère que ce qui gangrène la société, « c’est la corruption des gouvernants, que l’on connaît depuis tout petits, et l’habitude qui veut que pour un travail, on place ses proches plutôt que des gens compétents ».

Bintou, 22 ans, estime que le poids de la tradition ancre le Mali dans le passé : « il faut changer et évoluer avec son temps, car tout évolue, même la religion. Donc pourquoi pas la tradition ? » Pour plusieurs d’entre-eux, l’éducation nationale et une « mauvaise gestion publique » sont au cœur des différents problèmes. « Il faut décentraliser les institutions, il faut qu’il y ait une égalité entre le nord et le sud du Mali, déclare Abdoulbaky, étudiant en théâtre, originaire de Ménaka. « Tout est centré à Bamako, alors qu’en Côte d’Ivoire, il y a deux capitales, l’une politique, l’autre économique », complète Zeina.

Sur la réconciliation nationale, Gagny estime que c’est possible, mais ajoute-t-il, « négocier avec les terroristes est inadmissible ! » Enchaînant sur l’Islam, ce dernier considère que ce n’est pas seulement une religion au sens occidental du terme, mais aussi un mode de vie complet, un code de conduite socio-politique. Pour Lamine, la laïcité est en danger depuis que les politiciens, par manque de leadership, ont demandé main forte à certains leaders religieux pour battre campagne. « Cite moi le nom d’un seul président qui était chrétien ? », interroge Zeina. « La laïcité au Mali c’est juste sur le papier », lâche-t-elle. Ces jeunes partagent un point en commun : la volonté de voir la jeunesse prendre son destin en main. Ils souhaitent un renouvellement générationnel, comme Alpha : « ce pays n’appartient pas aux vieux, il appartient à nous tous et nous le bâtirons ensemble car, tôt ou tard, les vieux partiront et c’est nous, les jeunes, qui le dirigerons ». La plupart espèrent qu’avec la nouvelle génération et la prise de conscience, les choses pourront enfin changer. « Nous devons nous mettre au travail, dès maintenant, pour surprendre les anciens et prendre le relais le plus vite possible », conclut Lamine.