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Journée internationale du sport féminin : Le public camerounais s’y est mis 

Le 24 janvier de chaque année est célébrée la journée internationale du sport féminin.  Pour l’édition 2020, voyageons avec Gaëlle…

Le 24 janvier de chaque année est célébrée la journée internationale du sport féminin.  Pour l’édition 2020, voyageons avec Gaëlle Yomi, une journaliste sportive camerounaise pour voir les progrès réalisés par le sport féminin dans son pays ces dix dernières années. 

Le Cameroun est une terre de sport, une terre de football. Ce serait malhonnête de ne pas le reconnaître tant la réaction des gens après que tu aies donné ta nationalité se réfère généralement à une icône du football camerounais. Soit, Samuel Eto’o, Roger Milla ou Thomas Nkono . 

Le lien sera rarement fait avec une sportive camerounaise comme Françoise Mbango Etoné, par exemple, Double championne olympique en triple saut (2004, 2008). 

Cela démontre à suffisance le chemin qu’il reste à parcourir par le sport féminin aussi bien dans le monde qu’en Afrique. L’un des buts de la journée internationale du sport est justement la médiatisation du sport féminin.  En matière de sport et en particulier de sport féminin la bataille de la visibilité passe par l’enchaînement des résultats. 

Dans le présent billet, je fais le choix de me focaliser sur l’engouement grandissant du public pour le sport féminin au Cameroun. 

Depuis la coupe du monde 2015 au Canada, les Lionnes Indomptables du football ont conquis le cœur du public. Et pourtant, les prouesses des lionnes du foot avaient commencé dès 2011 avec une médaille d’or aux jeux Africains et une qualification historique pour les jeux olympiques 2012 à Londres. 

A cette époque le public et certains dirigeants du sport camerounais n’étaient guère sensibles aux prouesses des Lionnes menées par la capitaine Ngono Manie. Je me souviens encore de la remontrance du ministre des sports à l’endroit des lionnes en 2011. Ces dernières avaient commis le « crime de lèse-majesté » de réclamer leurs primes. Le discours du ministre de l’époque à l’endroit des lionnes était de mentionner que « certes elles jouent pour le Cameroun, mais, elles jouent d’abord pour elles-mêmes ».

Pareil discours n’a jamais été donné à l’endroit des lions du foot lors de leurs mouvements d’humeur, souvent moins justifiés. 

En ce moment-là, le public ne s’indignait pas tellement du devenir les lionnes, le difficile apprentissage aux JO 2012 n’avait pas arrangé grand-chose. Mais à force de travail et de constance, les Lionnes indomptables ont conquis le cœur de plusieurs notamment lors de la belle prestation pour leur première participation à la coupe du monde en 2015 au Canada. Ensuite lors de la coupe d’Afrique organisée au Cameroun en 2016. La demi-finale (Cameroun -Ghana) et la finale (Cameroun-Nigeria) avaient été disputées à guichet fermé à la cuvette de Mfandena à Yaoundé. Pour la finale qui devait se jouer à 16h, le stade était plein dès 11H. Record d’affluence pour une finale de CAN féminine. 

 Ce moment en images

C’est à ce moment que plusieurs ont eu envie de se procurer les maillots des lionnes. Gaëlle Enganamouit, Aboudi Onguéné, Njoya Ajara, Raissa Feudjio, sont des noms qu’on retrouvait désormais au cœur des conversations dans les bureaux, les rues, les quartiers. Ce mois de décembre 2016, j’ai réalisé le chemin parcouru par le foot féminin au Cameroun. On était loin de l’anonymat des matches des lionnes lors de la CAN 2015, ou des matches de qualification à domicile pour la coupe d’Afrique en 2006. 

Cet éclairci ne concerne pas exclusivement les dames du ballon rond mais aussi celles des autres disciplines au Cameroun. 

En effet, les dames de la balle orange ont également gagné le cœur du public lors de l’Afrobasket 2015 à Yaoundé. Le Palais des Sports était à nouveau plein lors de la finale face au Sénégal. Les partenaires d’Amina Njonkou étaient loin de l’anonymat et l’indifférence du grand public connu durant l’expédition Bamako 2011. 

Les volleyeuses, régulièrement bien classées sur le plan continental sont également parvenues à conquérir le cœur du grand public. Dès 2015 avec une place de finaliste et 2017 en remportant le trophée à domicile. Les partenaires de la capitaine Christelle Nana récidivent en 2019. 

A l’instar des lionnes du football, volleyeuses et basketteuses sont désormais mieux considérées par les autorités. 

L’organisation des compétitions à domicile a contribué à créer une proximité entre les équipes et les citoyens. 

En cette journée internationale du sport féminin, s’il est vrai que la bataille de la visibilité et de l’égalité avec le sport masculin est loin d’être atteinte, force est de reconnaître qu’un cap a été franchi.

 Le soutien du public est indispensable pour parvenir à plus de considération. Avec eux, le combat ne sera plus porté exclusivement par les sportives. 

Sportivement vôtre..

Gaëlle YOMI