Justice populaire : le retour de l’article 320

Depuis bientôt un mois, on assiste à  un phénomène effroyable à  Bamako. Lorsqu'on arrête un voleur ou un bandit, qui…

Depuis bientôt un mois, on assiste à  un phénomène effroyable à  Bamako. Lorsqu’on arrête un voleur ou un bandit, qui a commis une injustice, certaines personnes n’hésitent pas à  le bruler vif ou lui versent de l’acide dans l‘anus pour lui donner une bonne leçon et faire justice. Pour mieux comprendre cet article 320, qui consiste à  brûler vif quelqu’un avec un litre d’essence à  300 francs et une boà®te d’allumettes à  20francs, nous avons recueilli des avis, il ressort que la quasi-totalité de nos interlocuteurs n’ont plus foi en la justice de notre pays qu’ils jugent corrompue. Il n’est pas rare de voir un voleur en liberté peu de temps après son incarcération. Alors, pour se rendre justice, des gens préfèrent procéder au lynchage de voleurs en les brûlant vifs ». Thèse défendue par un autre interlocuteur qui ajoute: «Â Les voleurs sachant qu’il seront très vite libérés, n’hésitent pas à  demander à  leurs victimes de les emmener au commissariat de police. Cela veut dire qu’il y’a des policiers et des juges qui ne font pas correctement leur travail», estime Amadou. Si ces derniers ne semblent pas y voir d’inconvénients, d’autres par contre ont clairement exprimé leur désapprobation face à  la méthode de l’article 320 . Selon eux, quelque soit la situation, il n’appartient pas à  la population de se faire justice. «Â Cela crée l’anarchie dans le pays ». Le prix des innocents La population en a assez de voir les bandits s’en prendre à  des innocents comme ce fut le cas du jeune Alassane Libo Diarra, professeur d’éducation physique au lycée sportif Ben Oumar Sy. Suite à  une dispute avec une jeune dame dont il a profité, il a été froidement tué par les badauds. La dame, une courtisane qui n’était autre que sa cliente, avait crié : « Au voleur ! » Alors qu’il ne s’agissait que d’un différend à  propos du prix de la passe. Cette forme de justice dite populaire ou punitive a fait son apparition après les événements de Mars 1991 au Mali. A l’époque, au lieu de conduire les voleurs à  la police ou à  la gendarmerie, la population avait pris l’habitude de les immoler avec un litre d’essence qui coutait 300 FCFA à  l’époque (plus une boite d’allumettes achetée à  20 FCFA). Le coupable était ainsi brulé vif sous le regard amusé de ses bourreaux après avoir été battu à  mort. Le moins que l’on puisse dire est que même si le contexte n’est pas le même, le fameux article 320 est de retour. Face à  la réapparition du phénomène, ce qui agace beaucoup de nos compatriotes, C’’est le silence coupable des autorités judicaires. A l’approche des élections, il devient urgent de mettre un coup de frein à  une telle dérive avant qu’elle ne trouve son application régulière et crée l’anarchie dans la cité.