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Kadhafi, un anniversaire sans bougies

Le 20 octobre 2011, il y a 5 ans, la Libye basculait dans l'ère post-Kadhafi. Un jour ‘‘point de rupture’’…

Le 20 octobre 2011, il y a 5 ans, la Libye basculait dans l’ère post-Kadhafi. Un jour ‘‘point de rupture’’ marqué par le lynchage médiatique d’un Chef d’État qui avait, à tort ou à raison, le monde contre lui, dans cette époque troublée qu’était le printemps arabe.

Les images sont restées imprimées dans nos têtes. Kadhafi, le Guide libyen, à Syrte sa région natale, échevelé, la tête ensanglantée, entouré de miliciens dont les clameurs vengeresses auguraient le pire. Le peuple face à son bourreau. 11 minutes de justice populaire ultra-violente en vidéo. Tortures, crimes de guerre, la CPI est restée muette, et le Guide est allé rejoindre le panthéon des dictateurs morts, victimes d’une élimination publique et médiatique, comme les Ceausescu en Roumanie ou les Hussein en Irak.

À partir de ce 20 octobre 2011, la Libye de Kadhafi n’est plus, la paix s’en est allé et n’est jamais revenue. Depuis la Libye s’effondre, ĺa sécurité et le pouvoir d’achat qui étaient assurés ont disparus. Le verrou Kadhafi a sauté, les tribus qu’il tenait habilement d’une main de fer sont en guerre, les islamistes affrontent le gouvernement et ont établi un califat. Le territoire libyen, passage obligé de l’immigration sub-saharienne, jugulée au temps du ‘‘Roi des rois’’, est devenu un ‘‘hub’’ pour les millions de migrants en quête d’une vie meilleure en Europe.

Le Mali, pour sa part, a vu refluer les armes, les combattants et vétérans des légions du dictateur, avec les effets et les conséquences que l’on sait.

La question n’est pas de regretter aujourd’hui l’ère Kadhafi, mais peut-être de se demander pourquoi 5 ans après la ‘‘libération’’ de la Libye, le pays est toujours plongé dans le chaos. La nouvelle Libye démocratique, née d’un lynchage sordide, n’a jamais émergé. Pour ce 5ème anniversaire de la mort du Général Kadhafi, il n’y a pas lieu de souffler de bougies, mais juste constater et regretter, qu’au fond, tout ça n’aura mené qu’au pire.