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Khaira Arby, la voix des dunes de sable de Tombouctou

Et, pourtant, n'eut été sa témérité, cette artiste dont le père n'appréciait pas de la voir tenir un micro, allait…

Et, pourtant, n’eut été sa témérité, cette artiste dont le père n’appréciait pas de la voir tenir un micro, allait comprimer son talent et passer inaperçue comme bon nombre de ses concitoyens. Le destin en a voulu autrement. Et Khaira Arby est aujourd’hui, le porte étendard de la musique du nord Mali. Mais quel fut son parcours ? Prédestinée à  chanter Si elle tarde à  récolter tous les fruits à  la hauteur de son talent à  l’international, Khaira Arby n’est plus à  présenter au niveau national. Si au Mali, un artiste dément le dicton selon lequel nul n’est prophète chez soi, c’est bien Khaira Arby. Le cercle de ses fans à  la façon d’ondes parties de Tombouctou à  l’allure du son de sa musique, a fini par atteindre tous le pays, s’étend de plus en plus dans les pays limitrophes du nôtre et scrutent même des horizons plus éloignés. Et, pourtant, cette merveille de la musique malienne du nord du Mali, dont le talent s’est révélé très tôt, a dû batailler dur pour faire ce qu’elle avait envie de faire. La première résistance fut paternelle et la seconde maritale, mais, rien n’y fit : Khaira Arby était prédestinée à  chanter et à  bien chanter pour faire danser des fans dans la cité mystérieuses de Tombouctou. Née dans le village d’Agouni à  quelques encablures de Tombouctou dans le Sahara, d’une mère songha௠et d’un père berbère, Khaira Arby, malgré son talent n’a pas eu la tâche facile. C’est écolière que cette artiste a annoncé les couleurs. Son premier prix dans le domaine de la chanson a été remporté lorsqu’elle était encore écolière. Et ce prix l’a propulsé sur la scène régionale. Elle aura le privilège de représenter Tombouctou, à  la phase régionale de la biennale à  Gao, à  l’époque o๠la cité des 333 saints faisait encore partie de la région de Gao. Résistance familiale Pour convaincre son père afin qu’il accepte que sa fille fasse le déplacement de Gao, il a fallu une débauche d’énergie des responsables de la troupe de Tombouctou. Mais, cela n’a pas été peine perdue, parce que la jeune Khaira Arby allait s’arroger la première place du solo de chant à  Gao. Et elle va confirmer son talent à  la phase nationale, en s’offrant le luxe de revenir à  Tombouctou avec le premier prix du solo de chant. A onze ans, ce prix devait lui donner la possibilité d’accompagner une délégation culturelle et artistique malienne en Tunisie. Mais, son père hostile de voir sa fille faire la musique, s’oppose à  l’idée de la voir partir si loin. Et trois ans après, elle se voit mariée à  l’âge de 14 ans. Déjà  piqué par le virus de la musique, elle va pendant huit ans subir l’interdiction formelle de son époux de la voir chanter. Mais, huit ans après, elle va recouvrer sa totale liberté suite à  un divorce. Et, quelques temps après, elle met à  contribution l’orchestre régional de Tombouctou pour son premier album. De Tombouctou, Khaira Arby va rallier Bamako o๠elle va rejoindre le «Badema», célèbre orchestre de la ville des trois caà¯mans. Ce fût une belle époque pour la chanteuse qui gagnera en confiance en se frottant à  des talents comme Feu Ali Farka Touré et Fissa Maà¯ga. Et depuis, plus de repos. Même si l’artiste se balade un peu partout au Mali, en Afrique et de plus en plus en occident, elle a volontairement choisi de faire de Tombouctou sa base, comme pour dire que celui qui a besoin de voir Khaira Arby confondre sa voix avec le bruissement des vents du désert, doit se rendre dans la ville des 333 saints. Cette voix qui fait danser toute la région de Tombouctou et une bonne partie de celle de Gao, a vu son mérite récompensé en 2006 par la médaille de chevalier de l’ordre national du Mali.