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Kidal : quelle marge de manoeuvre pour IBK ?

Deux mois à  peine après son investiture, le 4 septembre, le président Ibrahim Boubacar Keita, élu pour sa fermeté ou…

Deux mois à  peine après son investiture, le 4 septembre, le président Ibrahim Boubacar Keita, élu pour sa fermeté ou pour l’autorité qu’il est censé incarner aux yeux des Maliens, fait déjà  l’objet de toutes les critiques. L’assassinat des deux reporters de RFI, ont provoqué des larmes chez « Kankelentigui », à  tort ou à  raison, un fait qui irrite certains et n’étonne pas d’autres. « Nous n’avons pas élu IBK pour qu’il pleure sur les antennes de RFI », clame ce journaliste local. Du côté de la présidence, on s’en défend. « Nous étions dans le registre de l’émotionnel, il faut comprendre et vous allez voir que très vite, après cet incident malheureux, les lignes vont bouger à  Kidal », commente ce membre du protocole. Kidal, o๠justement, les lignes semblent vouloir bouger, depuis l’incursion de l’armée malienne, ce vendredi dans la nuit. Une colonne parmi laquelle figure le Gal Gamou. Est-ce un début de réponse du Mali aux rebelles du MNLA, qui ont un contrôle évident sur Kidal ? Il faut dire que les dernières décisions des autorités n’étaient pas de nature à  rassurer les Maliens et montrent que les Accords de Ouagadougou du 18 juin ne trouvent toujours pas leur application. L’administration absente à  Kidal, le refus des groupes armés de se cantonner, et la récente levée des mandats d’arrêts contre d’anciens chefs rebelles, soupçonnés d’accointance avec Ancar Dine ou Aqmi, a crée l’incompréhension chez beaucoup. « C’est une décision de justice et la justice est à  la base de tout. Si le gouvernement malien lui même va à  l’encontre de cette justice et lève des mandats qu’il a lui même pris, cela relève de la compromission avec des groupes armés aux intentions multiples », souligne André Bourgeot, anthropologue et spécialiste du Sahel. Souveraineté en jeu Du coté des autorités, on assume ce qu’on appelle des mesures de confiance, pour dit-on, mener à  bien les négociations futures avec le MNLA, le HCUA ou encore le MAA, des mouvements plus ou moins radicaux, selon les évolutions de l’actualité. « N’oubliez pas que le Mali subit également la pression de la France et a été libéré grâce à  l’opération Serval. Se défaire de cette tutelle n’est pas chose aisée », commente un diplomate de la Minusma. « Il faut d’autant plus œuvrer dans le sens du dialogue et avec hauteur », poursuit notre interlocuteur. Du reste, Mohamed Aly Bathily, le ministre malien de la justice, a affirmé haut et fort que « si cela s’avérait nécessaire, d’autres prisonniers seraient libérés », en marge de la réunion de suivi sur la situation au Mali le 2 novembre. Une déclaration qui en rajoute à  l’inquiétude populaire. IBK serait-il acculé face aux derniers évènements au point d’en arriver aux larmes ? « Je m’étonne qu’IBK pleure pour deux journalistes de RFI et pas pour les naufragés de Konna, est-cela le patriotisme ? », témoigne Ousmane étudiant. « Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la réponse que les autorités doivent donner aux agissement du MNLA et de ses alliés sur le terrain. Tout reste à  prouver, même une éventuelle complicité du MNLA dans l’assassinat des deux journalistes », commente cet éditorialiste. » Or le président IBK n’accumule pas les bons points ces jours-ci. On rappelle volontiers que Zahabi Ould Sidi Mohamed, son ministre des affaires étrangères, est certes un ancien fonctionnaire international mais aussi un ancien rebelle. Tout comme trois ressortissants du Nord, ex chefs rebelles, sont désormais candidats aux législatives, sous les couleurs du RPM, et accusés de chercher une impunité. En outre, les assises du nord qui se sont tenues à  Bamako les 1er, 2 et 3 novembre, estiment beaucoup, auraient du avoir lieu au Nord d’abord entre communautés locales et non entre « bourgeois de Bamako » pour paraphraser un confrère. S’il existe un fossé évident entre les revendications des membres du MNLA et les principes de Bamako, il y a trop de compromissions de la part du pouvoir malien. On apprécie malgré tout la manière dont IBK a géré l’après mutinerie de Kati, même si les conditions actuelles de résidence du Gal Sanogo, font encore les choux gras de la presse. Sans tomber dans la surenchère ou céder à  la stigmatisation des communautés du nord, la situation reste très tendue à  Kidal o๠des affrontements ont opposé l’armée malienne et le MNLA depuis ce vendredi. Jusqu’o๠ira cette nouvelle montée de tension ? Et quelle réponse donnera le pouvoir malien pour rassurer le peuple ?