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Kolondiéba, contrée oubliée?

Histoire et géographie « Kolondiéba » tire son nom d'un grand puits sacré situé à  l'entrée, au milieu d'un paysage…

Histoire et géographie « Kolondiéba » tire son nom d’un grand puits sacré situé à  l’entrée, au milieu d’un paysage appelé « siritu » (la broussaille mystique). Les anciens nous expliquent que ce lieu est depuis des centaines d’années le lieu de sacrifices afin d’avoir la tolérance des esprits du village. « Ils protègent le village », nous disent-ils. En ce qui concerne l’accès à  ce lieu hautement mystique, la consigne est claire : interdiction formelle à  un étranger d’y mettre pied. Les noms majoritaires dans cette commune sont les Koné (qui détiennent la chefferie du village), les Fané et les Bamba. La « Case sacrée », appelée aussi vestibule du village, est aussi vieille que la localité. Bâtie en architecture de terre, elle est située au C’œur du village. Construite par le fondateur dudit village, cette case constitue la tribune symbolique qui abrite les discussions sur les grandes questions de la communauté. La chefferie dans ce village est coutumière (de père en fils) nous apprennent les anciens. Un quotidien difficile Localité très enclavée, difficile accès à  l’eau et à  l’électricité…, le quotidien des populations de la commune de Kolondiéba est un cauchemar. Cette localité est située à  moins de 235 km de Bamako, donc moins loin de la capitale que Ségou. s’y rendre relève du véritable parcours du combattant. Si la réhabilitation du tronçon Bamako-Bougouni a réduit le trajet pour les usagers, le virage à  partir de Koualé marque le début d’une étape très difficile. Sur un tronçon de seulement 62 km, certains véhicules mettent 3 heures ! En cette période hivernale, l’état de la route se dégrade encore plus et les usagers ont purement et simplement abandonné la route à  partir de Zantiébougou à  cause de son état de dégradation avancée. Les populations nous apprennent qu’avant 2005, la commune était coupée en deux à  cause des eaux hivernales. Ce n’est qu’avec la construction du pont de Kanguéla (en juin 2005) que le trafic est redevenu possible en saison pluvieuse. Malgré ce ouf de soulagement, le trafic demeure difficile en dépit des opportunités que représente l’axe. Or, le cercle de Kolondiéba pourrait constituer un axe stratégique dans le trafic routier international, notamment vers la Côte d’Ivoire. Il est situé à  moins de 100 km de ce pays frontalier. La vie des populations de Kolondiéba n’est du tout aisée. Si la pluviométrie est encore acceptable (malgré la déforestation sauvage), la chute du coton depuis quelques années a rendu la vie dure à  de nombreux cultivateurs. Les cultures vivrières, qui avaient laissé place au coton, ont fait leur réapparition, sans toutefois permettre de générer des revenus suffisants. La pauvreté des producteurs leur a rendu l’acquisition de matériels et intrants agricoles impossible. Pauvreté et vie précaire ont poussé des centaines de jeunes de la localité à  l’exode voire l’immigration. Sur le plan de l’accès à  l’électricité et à  l’eau potable, C’’est une autre croix que les habitants portent au quotidien. l’électricité, qui est produite par l’AMADER (Agence malienne pour le développement de l’énergie renouvelable) est véritablement loin de pouvoir couvrir les besoins énergétiques. Les foyers n’y ont accès que de 19 heures à  00 h, soit 5 heures seulement de disponibilité. Quant à  l’approvisionnement en eau, il n’est assuré que le matin avant 11 heures. Passée cette heure, il faut attendre jusqu’au lendemain. Les ménages se sont organisés pour faire face à  la situation en prenant des dispositions de réserve d’eau. Autant dire que la localité est encore loin d’offrir à  ses habitants les conditions pour une vie décente…Populations qui se disent laissées pour compte et qui attendent beaucoup de leurs élus locaux qui jusqu’ici semblent vouloir assurer le service minimum.