Koulouba 2012 : Onze hommes pour jouer les avant-postes

La course vers le palais présidentiel de Koulouba a déjà  commencé car le Président Amadou Toumani Touré ne pourra pas…

La course vers le palais présidentiel de Koulouba a déjà  commencé car le Président Amadou Toumani Touré ne pourra pas se représenter, à  cause d’une règle du jeu qu’il a lui-même fait voter en 1992, limitant le nombre de mandats à  deux. Le match est donc ouvert, avec pour conséquences une multiplication du nombre de prétendants et un marquage à  la culotte très serré. Entre les poids lourds de la politique malienne, les représentants du mouvement démocratique qui aspirent à  passer au niveau supérieur, et les outsiders, voici une revue des 11 hommes qui pourraient se lancer à  la conquête du Trophée de Koulouba en 2012. 1-les poids lourds de la politique : Soumaà¯la Cissé, un retour gagnant ? Le président de la Commission de l’UEMOA, Soumaà¯la Cissé, est, sans doute, le mieux placé pour2012. Candidat malheureux dix ans plus tôt, il a dans la foulée créé l’URD, un parti o๠il détient un leadership quasi incontesté, seconde force politique du pays derrière l’Adema, et qui ne cesse de progresser à  chaque élection comme l’ont démontré les résultats des communales de 2009. Cette position de favori fera subir à  ce natif de Tombouctou de 61 ans le pressing de ses nombreux adversaires, qui ne manqueront pas de relever qu’il a été ministre pendant de longues années de 1992 à  2001, et donc en partie comptable de la situation du pays. Pourtant, ses partisans prétendent que son parcours est aussi un gage de crédibilitete 1104 acute; pour gérer les affaires de l’Etat. En retrait à  Ouagadougou depuis 2004, la position de Soumaà¯la Cissé, qui quittera la présidence de l’UEMOA en 2011, lui a permis d’étoffer son carnet d’adresse international, et sa stature présidentielle, indispensable pour un homme à  qui l’on reproche son manque de charisme et de lien populaire. Ibrahim Boubacar Keà¯ta, ou le match de la dernière chance Premier ministre pendant 6 ans, président de l’Assemblée Nationale de 2002 à  2007, Ibrahim Boubacar Keita, a déjà  un palmarès bien étoffé, mais auquel il manque le plus important : le Trophée de Koulouba. Après deux tentatives et deux échecs en 2002 et 2007, le prince du Mandé, qui sera âgé de 67 ans en 2012, jouera, sans doute, son va-tout. Réputé pour sa fermeté et son sens de l’Etat, il ne possède, toutefois, pas de machine électorale efficace, le RPM, parti créé en 2002 avec des transfuges de l’Adema s’étant délité au gré des échecs successifs. Pour gagner, Kankelintigui, ou celui qui dit la vérité, tel qu’on le surnomme, devra réunir autour de lui les déçus d’ATT, et prouver qu’il est une alternative crédible. Pour cela, il lui faut remobiliser son parti, descendre dans l’arène en quittant sa posture princière, pour parler au peuple avec l’éloquence qu’on luit connait. l’Adema, le groupe de la mort Le parti historique issu du mouvement démocratique possède un avantage incontestable : il est le mieux implanté au Mali, et connu de presque tous ses habitants. Cet atout créé pourtant un handicap : l’Adema regorge d’individualités qui ont du mal à  jouer collectif. Comme une ruche débordante d’abeilles reines, o๠aucune d’entre elle ne parvient à  s’imposer. Son président Dioncounda Traoré, actuel patron de l’Assemblée Nationale, pourrait légitimement représenter son parti à  l’élection de 2012. Mais le manque de leadership de cet homme de 68 ans, plusieurs fois ministres dans les années 1990, risque de le reléguer sur le banc de touche, au profit d’un autre cadre plus jeune et plus populaire. Le ministre de l’emploi, Ibrahim Ndiaye, également 1er vice président du parti, son collègue ministre du développement social, Sékou Diakité, ou encor 1104 e Soumeylou Boubèye Maiga, ancien patron de la sécurité d’Etat, déjà  candidat indépendant en 2007, sont de sérieux prétendants au titre Modibo Sidibé, le candidat de la continuité ? l’actuel Premier Ministre pourrait-il être recruté lors du prochain Mercato pour porter les couleurs de l’Adema en 2012 ? Certains y pensent au sein de la ruche, faute de candidat incontestable en son sein. Grand serviteur de l’Etat, directeur de cabinet d’ATT pendant la Transition, puis ministre et secrétaire général de la Présidence, Modibo Sidibé, 58 ans, est réputé travailleur et connaisseur de tous les dossiers. Ce qui lui a valu sa nomination au poste de Premier ministre en 2007, et fait de lui un prétendant sérieux dans la course vers Koulouba. Bien qu’il n’ait jamais fait part d’une telle intention, son maintien à  la Primature malgré les difficultés du pays, ainsi que l’absence d’un leader incontesté dans la majorité présidentielle (Mouvement Citoyen et alliés), ne font que renforcer cette hypothèse. Ses liens avec ATT, dont il poursuivrait l’oeuvre, et avec Alpha Oumar Konaré, respectivement arbitre et arbitre assistant de la compétition qui s’annonce, jouent aussi en sa faveur. Alors que son départ de la Primature est souvent évoqué, tout consiste pour lui à  s’y maintenir le plus longtemps possible, pour apparaà®tre comme le candidat naturel, en bénéficiant de la visibilité gouvernementale et de l’appui de l’appareil d’Etat. 2- Les outsiders de la compétition La troisième catégorie réunit deux personnages aux profils différents mais qui ont pour points communs une crédibilité et une popularité internationale qui ne se démentent pas. Malamine Koné, ou l’espoir d’une jeunesse Malamine Koné, natif de Niena dans la région de Sikasso, considère que « si l’argent n’a pas d’odeur, la réussite n’a pas de couleur ». La preuve, à  38 ans, cet ancien champion de boxe est aujourd’hui un chef d’entreprise reconnu et respecté au Mali et à  l’extérieur. Grâce à  son travail et à  son audace, il créé Airness en 1999, pour en faire, dès 2006, la 1ère marque française de sport reconnue à  l’international. Homme de valeurs, respectueux de ses engagements, eb0 il n’en oublie pas moins ses origines, et met sa réussite au service d’actions sociales en faveur des plus démunis. Malamine souhaite une Afrique plus unie et solidaire et prône l’entraide entre Africains, convaincu que seuls le travail et la solidarité pourront permettre au continent de se construire, en comptant sur ses propres forces. à€ ceux qui l’incitent à  rentrer dans le jeu politique, il répond inlassablement que faire de la politique pour faire de la politique ne l’intéresse pas, préférant avant tout trouver des solutions concrètes aux nombreux obstacles qui se dressent devant la jeunesse africaine. Pour lui, la définition du mot réussite, C’’est le travail et le don de soi. Cheick Modibo Diarra, une ambition interplanétaire l’enfant de Nioro du Sahel s’est fait connaà®tre dans les années 1990, alors qu’il était navigateur interplanétaire à  la prestigieuse Nasa, l’agence spatiale américaine. Cheick Modibo Diarra, scientifique formé aux USA était l’un des rares Noirs, et le premier Africain à  occuper un tel poste. Après avoir quitté la Nasa, il fut nommé en 2006 président de Microsoft Afrique à  Johannesburg, o๠il partage son temps avec le développement de sa Fondation Pathfinder pour l’éducation. Elle l’amène à  parcourir le continent et à  se rendre régulièrement au Mali o๠vit sa famille. Un moyen pour cet homme de 58 ans d’y augmenter sa notoriété, encore trop limitée aux cercles de l’élite bamakoise et à  la diaspora, alors même qu’il a indiqué dans plusieurs interviews son désir de servir son pays au plus haut niveau. Pour y parvenir, il pourrait s’appuyer sur le MPR, un parti qui se revendique du Général Moussa Traoré dont il est le gendre, au risque de se faire tacler par tous ceux qui ont œuvré à  la chute du dictateur. 3- Les stars de deuxième division en quête de remontée Il est paradoxal de constater que les principales figures de la contestation au régime de Moussa Traoré et animateurs du mouvement démocratique qui a éclot au Mali vers la fin des années 1980, sont aujourd’hui des figures de seconde division du championnat politique malien. Et pourtant, Tiébilé Dramé, Oumar Mariko et Mountaga Tall, respectivement présidents du Parena, du Sadi et du Cnid étaient les leaders de la révolte étudiante qui a débouché sur le coup d’Etat de 1991. Celui qui en a le plus profité : Tiébilé Dramé, ministre sous la transition, puis en 1996 à  la fin de la première mandature d’Alpha Oumar Konaré. Aujourd’hui, âgé de 55 ans, il est émissaire de l’ONU à  Madagascar depuis 2009, et garde la main sur un parti bien structuré, dont le relai médiatique est le Républicain, l’un des quotidiens les plus respectés de la place. Déjà  candidat à  la présidentielle en 2002 et 2007, le fait de compter parmi ses supporters l’ancien président Konaré, son beau-père, ne lui a pour le moment pas servi. Quant à  son compère, Oumar Mariko, son parti le Sadi, forme avec le Parena l’un des groupes parlementaires d’opposition les plus dynamiques. Médecin de profession, Mariko est aussi impliqué dans le secteur des médias, à  travers le réseau de radios privées Kayira, qui lui permet de diffuser ses idées socialistes. Elu député en 2007, cet éternel opposant de 51 ans ferraille régulièrement sur les dossiers sensibles des privatisations d’entreprises publiques. Ses chances en 2012 restent modestes, il n’a obtenu que 0,88% et 2,72% en 2002 et 2007, mais il pourrait effectuer une passe vers un autre candidat de rupture, plus puissant. Dans la même catégorie, l’avocat Mountaga Tall, est le seul à  faire partie de la majorité présidentielle. Candidat malheureux à  la présidence de l’Assemblée en 2007, il n’en est pas moins député depuis 1992. Réputé proche des milieux religieux, son parti, le CNID, possède un contingent de militants fidèles et mobilisables pour une 3ème candidature en 2012, mais son manque de visibilité, en dehors de son bastion de Ségou l’handicapera forcément. Au point que lui aussi pourrait jouer en soutien. Enfin, Zoumana Sacko, ministre des Finances à  l’époque du régime militaire, s’est avant tout révélé aux Maliens pendant la Transition, au poste de Premier Ministre. Tenu éloigné des terrains maliens pendant presque dix ans, cet économiste de formation a sérieusement besoin d’élever son niveau pour jouer en première division. A 60 ans, il fait face au double challenge de plaire à  la jeunesse, une catégorie de la population qui n’a pas connu ses coups d’éclats, et de mobiliser des soutiens sans pouvoir s’appuyer sur un parti politique digne de ce nom. Raison pour laquelle il est entré dans la course parmi les premiers et parcourt le pays depuis des mois, en espérant être sélectionné par ATT. Les probables prétendants au Trophée de Koulouba sont donc nombreux, malgré le fait que de nombreuses questions restent encore en suspens: ATT, le 11ème homme, effectuera-t-il son tour d’honneur en 2012, ou bien va-t-il à  nouveau solliciter le suffrage des maliens ? Dribbleur invétéré, renard des surfaces et amateur des feintes de frappe qui déroutent l’advers b58 aire, ce dernier pourrait profiter d’une modification constitutionnelle pour se maintenir au pouvoir, ou tout simplement faire voter par l’Assemblée Nationale la prolongation de son mandat et de celui des députés jusqu’en 2014… Au grand désespoir de la plupart des acteurs de la course vers Koulouba.