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Kung Fu : Maitre Issa Diallo, entre tigre et dragon

De haute stature, le crâne dégarni par un début de calvitie, son physique imposant fait plus penser à un haltérophile…

De haute stature, le crâne dégarni par un début de calvitie, son physique imposant fait plus penser à un haltérophile qu’à un maître kung-fu Wushu. Et pourtant il est l’un des plus grands et des plus respectés de la discipline.

Il n’a pas subi d’entrainement intensif dans un temple shaolin situé tout en haut d’une montagne chinoise, n’a pas marché pieds nus sur d’ardents brasiers, ni coupé de feuille d’arbre par la force de son esprit. Non, il n’a rien fait de toutes ces idées préconçues véhiculées par le cinéma asiatique. Mais à 48 ans, Issa Diallo est l’un des grands maîtres de kung-fu Wushu au Mali, un titre qu’il n’aime d’ailleurs pas particulièrement. « Au bout d’un moment on vous catégorise, mais je ne pense pas être arrivé à ce niveau ». « Et puis à cause de ça, je ne peux plus me confronter à qui que ce soit », s’amuse celui dont tous les potentiels adversaires sont ses disciples ou des disciples de ceux-ci. Il est tout de même ceinture noire 8ème dan et pratique cet art martial depuis près de quarante ans. Ces années d’entraînement ont développé chez lui une grande humilité et un culte du respect, à la limite de l’obséquiosité. « Un véritable adepte du kung-fu doit d’abord être discipliné et respectueux, ce sont les bases d’un bon apprentissage », précise-t-il.

C’est à la fin des années 70 qu’il commence la pratique du kung-fu à Bouaké, aux côtés des maîtres Touré, deux jumeaux ivoiriens respectés et intransigeants. « Ils étaient très forts mais pas faciles. Il y a eu des fois où j’ai eu envie de tout plaquer », se souvient-il. Mais l’amour de la discipline et surtout la pression de sa mère l’ont poussé à continuer. « Elle me chassait à coups de balai quand je rechignais à m’entraîner. Elle ne voulait pas que je me repose sur mes lauriers, et me disait toujours que je bénéficierai des fruits de mon engagement ».

Homme hybride L’art du kung-fu emprunte beaucoup à la gestuelle d’animaux spécifiques, dans la manière de porter les coups notamment. « Je les maîtrise tous, mais il y en a certains que j’utilise plus que d’autres », explique maître Diallo. Le tigre, le dragon et la grue sont ses favoris. Toutes ces techniques se caractérisent par une force dans le coup de poing. « Il y a d’autres espèces que je n’enseigne à mes élèves que lorsque j’ai une confiance totale en eux ». Parmi eux, l’aigle et le serpent dont les coups visent les points vitaux et peuvent engendrer d’importantes blessures chez l’adversaire.