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L’héritage d’Abdul Karim Cabral est-il tombé en déshérence ?

Le Mali a commémoré le dimanche dernier, 17 mars 2013, le 33ème anniversaire de l'assassinat du leader estudiantin Abdoul Karim…

Le Mali a commémoré le dimanche dernier, 17 mars 2013, le 33ème anniversaire de l’assassinat du leader estudiantin Abdoul Karim Camara dit Cabral par la soldatesque du général président Moussa Traoré. Comme les années précédentes, l’événement a été marqué par le recueillement sur la tombe de l’illustre disparu et le dépôt d’une gerbe de fleurs sur le monument qui l’immortalise à  Lafiabougou en commune IV du district de Bamako. Sombre tableau pour l’école malienne Cabral mérite amplement cet hommage pour son engagement et son idéal qui se résumait à  l’amélioration des conditions de vie des élèves et étudiants du Mali. Cependant il faut reconnaitre que le bel hommage qu’on puisse rendre à  l’homme consiste à  aller au-delà  de ce rituel démocratique pour évaluer l’impact du combat de l’ancien secrétaire général de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali(UNEEM). l’héritage de Cabral est-il tombé en déshérence ? Difficile de ne pas répondre par l’affirmative au regard du tableau peu reluisant qu’offre l’école malienne de loin devancée par celle de la sous-région. Les années blanches ou facultatives, les années tronquées, les sorties intempestives, la succession des réformes à  l’emporte- pièce et sans lendemain ont fini de porter un coup terrible à  l’école malienne. Pendant longtemps l’école est sortie de son cocon pour venir sur le terrain politique. La conséquence immédiate aura été l’adoption et l’application de nouvelles reformes ou méthodes. La pédagogie convergente et son corollaire d’abandon de la méthode syllabique au profit de la méthode dite globale, la nouvelle école fondamentale(NEF) avec des taux admissions record mais en réalité fantaisistes en classe supérieure, en sont quelques illustrations notoires. Et cela s’ajoute le Programme décennal de l’éducation(PRODEC), qui n’aura engrangé que des résultats mitigés. Loin de rehausser le niveau de l’apprenant, ces programmes ont été à  l’origine de la baisse vertigineuse de son niveau car, mettant pour la plupart l’accent plus sur la quantité au détriment de la qualité. De quoi donner des boutons à  ce maà®tre de Français au second cycle de l’enseignement fondamental qui avoue avoir toutes les peines du monde à  encadrer des enfants qui, après sept ans de scolarité, ne sont pas capables de lire ou d’écrire une phrase. Son collègue, professeur de philosophie de son état lycée d’embrayer : «Â nous avons des candidats au baccalauréat incapables de construire une bonne phrase à  plus forte raison cogiter sur un sujet de philosophie. Nous avons des copies très fades et truffées de fautes de grammaire et d’orthographe », maugrée-t-il. Tous deux pensent que cette situation lamentable de l’école est tout simplement la preuve que l’Idéal de Cabral a été trahi par les démocrates qui gèrent le pays depuis l’instauration de la démocratie au Mali. La belle illusion de l’AEEM l’Association des élèves et étudiants du Mali(AEEM), censée porter le combat de l’ancien étudiant en philosophie et grand admirateur de l’agronome et révolutionnaire bissau-guinéen, Amilcar Cabral dont il portait fièrement le nom, perd de plus en plus son crédit dans des compromissions suite à  son instrumentalisation par les hommes politiques et sa propension à  la violence et à  la perturbation. Sans occulter le fait que l’AEEM est devenue un moyen de promotion personnelle pour les leaders. La plateforme revendicative de l’association fait peu cas des doléances matérielles comme la question de l’équipement des bibliothèques et des laboratoires, l’acquisition de salles d’informatique et autres infrastructures scolaires. Voici quelques maux, certes non exhaustifs, qui expliquent la déliquescence de l’école malienne. Il est impératif d’y remédier pour donner à  notre école son lustre d’autan. Gagner ce pari reviendra à  coup sûr à  rendre le meilleur hommage qui soit à  Alboul Karim Camara dit Cabral, qui a accepté le sacrifice ultime pour le rayonnement de l’école malienne.