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L’oeil de Mamadou « Voltaire » Samaké sur la crise

Journaldumali.com : Que pensez-vous du coup d'Etat perpétré le 22 mars dernier ? Pr. Samaké : sans parti aucun, vous savez, la situation…

Journaldumali.com : Que pensez-vous du coup d’Etat perpétré le 22 mars dernier ? Pr. Samaké : sans parti aucun, vous savez, la situation était bien prévisible. D’autant que le contexte sécuritaire, tant au nord qu’à  l’intérieur même du pays, était très critique. Cela n’était un secret pour personne. A cela, il fallait ajouter la crise alimentaire, l’impréparation des élections, et les débâcles successives de l’armée au nord du Mali. Bref, les conditions objectives étaient réunies pour une explosion sociale. Journaldumali.com : l’arrivée de la junte a accéléré la prise des régions nord du Mali. Quelles explications donner à  cela ? Pr. Samaké : Ecoutez ! La réalité est qu’à  présent l’Etat malien n’existe pas. Il n’ya pas de Gouvernement… Pour autant, les motifs de la prise de pouvoir sont justifiés. La junte n’était pas préparée à  affronter la question du nord. C’’est une mutinerie qui s’est rapidement transformée en coup d’Etat. Pour faire face à  la rébellion, encore faut-il se donner des moyens conséquents à  l’armée. J’avoue, à  l’heure o๠je vous parle, que le Mali n’a pas les moyens militaires qu’il faut. l’appui des forces extérieures sera indispensable pour que le Mali recouvre l’intégrité de son territoire. Journaldumali.com : En votre qualité de juriste, comment pourra s’opérer le rétablissement constitutionnel promis par la junte ? Pr. Samaké : il s’agira de dégager les contours de retour à  un véritable ordre constitutionnel. Vraisemblablement, quant on lit entre les lignes des déclarations du président déchu, ATT, il semblerait que lui-même n’est plus intéressé à  réoccuper son fauteuil présidentiel. Alors l’idéal serait qu’il fasse une déclaration de démission. C’’est seulement dans ce cas que l’on constatera la vacance du pouvoir. Il s’agira alors de trouver dans la constitution, les dispositions pour pallier à  cette vacance de pouvoir. Dans ce cas, l’article 36 de la Constitution est très clair. C’’est le président de l’Assemblée nationale qui assure l’intérim mais avec comme mandat d’organiser dans les 40 jours une élection anticipée. Or, dans le contexte d’impréparation qui est le notre, le président de l’Assemblée nationale ne saurait assurer l’intérim. Journaldumali.com : Que pensez-vous de l’ampleur des sanctions infligées par la CEDEAO et la communauté internationale ? Pr. Samaké : Quelque part les sanctions ont été dictées par le comportement des maliens eux-mêmes. Il faut le reconnaitre. En empêchant les chefs d’Etats d’atterrir, on a fait un affront non seulement à  la CEDEAO mais aussi à  l’Union Africaine. Voilà  ce qui a encouragé la communauté internationale à  procéder à  des sanctions. Et, faut-il le souligner, les sanctions ont porté leur fruit puisqu’elles ont amené au rétablissement théorique de l’ordre constitutionnel. Journaldumali.com : Le salut du Mali pourra-t-il venir de la convention nationale qu’avait souhaité organiser la junte mais reportée depuis ? Pr. Samaké : Une assise républicaine qu’on appelle «Â Convention » ou encore «Â Kouroukanfouga 2 » pourrait être une solution. J’approuve l’idée du chef de la junte. En fait, la situation est d’une ampleur telle que le concours de tous est absolument nécessaire pour une sortie de crise. Tant au plan national qu’au plan international, on ne veut pas que la junte reste longtemps au pouvoir. Elle a réussi à  faire chuter le régime. Quelle seront les garanties qui seront données à  ses responsables pour qu’ils quittent le pouvoir. C’’est à  travers une convention qui réunira à  la fois, la classe politique, la société civile, et les forces armées, que cela pourra se réaliser. J’ai la certitude que si ces assises se déroulent dans la plus grande sincérité, on sortira de l’ornière. La CEDEAO n’est pas totalement contre une solution de transition, mais il appartiendra aux populations de définir les cadres de cette transition. Elle ne peut pas s’opérer sans un large consensus.