La case du voisin Un ancien chef d’état africain, habitué aux missions de bons offices, aimait à  dire « quand la case de ton voisin brûle, dépêche toi de l’aider à  éteindre le feu, avant qu’il n’atteigne la tienne ». Cette phrase qui appartient à  la sagesse populaire africaine veut bien dire ce qu’elle dit : quand le voisin a des problèmes il vaut mieux l’aider avant qu’il ne soit trop tard pour soi-même ! Mais alors que dire ou faire quand on a soi-même allumer le feu chez le voisin ? Car la situation est bien la même, il y a le feu à  côté. Verser des litres d’eau sur sa demeure pour éviter qu’elle soit elle aussi envahie par les flammes ? Creuser un trou pour l’entourer ? O๠encore mieux construire une muraille pour empêcher le voisin d’entrer ? C’’est bien ce qui se passe aujourd’hui avec le drame de la migration, car C’’est ainsi qu’il faut l’appeler, des citoyens syriens, essoufflés, meurtris par des années de guerre. Après avoir tout perdu, ils rassemblent le peu d’énergie qui leur reste pour partir vers cet autre endroit, ce paradis auquel on a voulu faire ressembler leur pays, l’entraà®nant dans une crise dont il ne voit pas la fin. Aylan Kurdi,syrien,3 ans. Son visage dans le sable d’une plage turque, son short rouge et ses petits souliers… l’image a fait le tour du monde. Les uns et les autres sont repartis dans leur indignation et les grands discours. Pas de décisions, les sommets vont encore se suivre et les migrants vont continuer à  tenter par tous les moyens de quitter leur enfer. On va s’attaquer aux passeurs, se répartir des quotas qui ne seront pas respectés, la conjoncture ne se prêtant plus à  l’accueil chez soi de la misère de l’autre. La case du voisin de Syrie, mais aussi de Lybie, du Yémen, du Soudan du Sud, d’Irak ou encore du Mali, brûle. Les barbelés, les murs, la Méditerranée n’y feront rien. Le voisin va chercher à  venir se réfugier chez vous. Vous qui y avez mis le feu !